Notre experte climat, Aurélie Ceinos, analyse la première journée de la COP22 (Conférence des Nations unies sur le changement climatique) qui s’est déroulée hier à Marrakech. La dynamique positive de Paris est toujours là et les États semblent mobilisés. Les pays africains, notamment, sont prêts à faire entendre leurs voix.
Comment s’est déroulée la journée d'hier, la première des négociations ?
Les négociations semblent bien parties. L’énergie, qui a permis à l’Accord de Paris de voir le jour et d’être ratifié aussi rapidement, est toujours là ! Et c’est une bonne nouvelle. En effet, après une COP aussi importante que celle de l’année dernière, on a souvent une COP « de moindre portée » pendant laquelle les efforts se relâchent, les négociateurs sont moins actifs !
Dès hier, un agenda de travail a été adopté alors qu’il avait fallu plusieurs jours en juin, lors de la session préparatoire, pour y arriver. On a aussi pu assister aux premières réunions entre négociateurs sur des sujets aussi importants que les pertes et dommages irréversibles, c’est-à-dire l’ensemble des pertes liées au changement climatique : perte de revenus causée par la destruction des récoltes, perte de sa maison lors d’une inondation...
On espère que cette dynamique va durer les deux prochaines semaines. L’objectif que se sont donné les négociateurs techniques est d’avoir des propositions concrètes sur les modalités d’application de l’Accord de Paris dès la fin de la première semaine. Ces textes seront alors remis aux ministres lors de leur arrivée mardi prochain. Les discussions seront alors plus politiques.
Un début positif donc. Mais est-ce le cas pour tout le monde ? On parle d’une COP africaine car elle a lieu à Marrakech. Quels sont les enjeux pour les pays africains ?
34 des pays les moins avancés (les pays les plus pauvres et les plus faibles du monde) sur 48 sont africains. Ils sont parmi les plus vulnérables de la planète alors qu’ils ont peu, voire très peu, contribué aux dérèglements climatiques : le Mali, par exemple, ne produit que 0,02% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Malgré leur responsabilité très réduite, 65% de la population africaine est déjà affectée par le changement climatique. Et la perturbation des saisons, la désertification, la perte des rendements agricoles menacent les politiques de développement du continent africain.
Malgré ces impacts majeurs sur leurs populations, les pays africains sont souvent sous-représentés dans les négociations climat car ils manquent de moyens et de poids politiques.
Mais cette fois, ils sont sur leur continent.
Oui et ils sont venus préparés. Ils sont prêts à faire entendre leurs voix.
Une des demandes clés des pays africains est de rééquilibrer l’utilisation des financements climats. En 2009, à Copenhague, les États s’étaient mis d’accord pour réunir 100 milliards de dollars qui doivent aider les pays affectés par le changement climatique. Aujourd’hui, près de 20% des financements promis sont alloués à l’adaptation aux impacts du changement climatique - le reste étant dédié à la réduction des émissions de gaz à effet de serre - alors que l’Accord de Paris prévoit d’atteindre 50%. On espère que les États vont rétablir l’équilibre promis à Paris.
Donc une première journée prometteuse mais encore beaucoup de sujets à négocier. Et aujourd’hui débutent les discussions sur une autre thématique cruciale pour les pays les plus affectés par le changement climatique : l’agriculture.
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