Travailleuse domestique en Équateur, Fernanda a été victime de multiples agressions sexuelles. Courageuse, elle a décidé de se battre pour mettre fin aux abus, courants dans le monde du travail domestique. Découvrez son histoire.
À 12 ans : la première agression sexuelle
Dès l’âge de 12 ans, Fernanda et une de ses sœurs sont devenues travailleuses domestiques pour aider leur mère à subvenir aux besoins de la famille. C’est à cette époque que débuta l’enfer des agressions sexuelles.
« Notre employeur avait l'habitude de se faufiler dans notre chambre pour faire subir des attouchements à ma sœur. Je restais éveillée pour veiller sur elle, jusqu'à ce qu'un jour il s'en prenne aussi à moi », raconte Fernanda, la gorge nouée par l'émotion.
Terrorisée et par crainte des représailles, Fernanda n’a jamais osé dénoncer ces agressions. Elle avait aussi peur que personne ne la croit.
Les attouchements ont continué. Déménagements, changements d’employeur… rien n’y faisait : les agressions se répétaient indéfiniment. Certains employeurs essayaient d’avoir des relations sexuelles, d’autres faisaient des allusions lubriques ou des gestes obscènes.
En plus, Fernanda était victime du regard des gens : « Tout le monde pensait que j'étais irresponsable et paresseuse ».
Après des années de violences, elle a donc pensé au suicide. Mais elle a finalement choisi de se battre !
Une femme courageuse et combative !
C’est la rencontre avec une association de défense des travailleurs domestiques qui a changé sa vie. Cela a encouragé Fernanda et une centaine de femmes à monter leur propre association en 1997.
« C'était dur au début, parce que tout le monde avait si peu d'estime de soi. Mais nous avons accompli beaucoup de choses. »
Parmi leurs luttes : l’obtention d’un salaire minimum, de congés maternité, d’une journée de 8 heures de travail et de protections contre le harcèlement et les abus sexuels. Le soutien de CARE a permis d’aider ces femmes à faire entendre leur voix collectivement. L’association est devenue un syndicat national, présent dans six provinces. Cela permet de rappeler aux politiciens que le pays compte 300 000 travailleuses et travailleurs domestiques.
Et ces travailleurs sont désormais entendus. En 2013, l’Équateur est devenu l’un des premiers pays à ratifier la Convention 189 de l’Organisation international du travail, établissant des normes concernant le travail domestique. Mais des progrès restent encore à faire. Par exemple, certains employeurs préfèrent encore congédier leurs employées plutôt que de cotiser à la sécurité sociale.
Poursuivre le combat
Fernanda et le syndicat continuent donc de se battre. Il s’agit surtout de valoriser le travail domestique :
« Nous devrions considérer notre travail comme important et réaliser que nous aidons les gens à prendre soin de leur vie, de leurs enfants et de leur foyer. Ça ne me dérangerait pas que mes enfants deviennent travailleurs domestiques. C'est une profession digne dont les gens devraient être fiers. Mais je m'inquiète de la façon dont les employeurs pourraient les traiter. Beaucoup d'entre eux considèrent que les travailleurs domestiques sont des objets qui leur appartiennent. »
Alors, poursuivons le combat aux côtés de Fernanda !
« Les femmes ont besoin d’unir leurs forces pour changer les choses. Chacune seule de son côté, nous n'y arriverons pas. Mais ensemble, nous avons du pouvoir ! ».
Rejoignez notre mobilisation mondiale : Au boulot #ViolenceZero !
Près d'une femme sur deux a été victime de violence ou de harcèlement sexuel sur son lieu de travail, dans le monde. CARE lance une pétition mondiale pour demander aux gouvernements, qui se réuniront le 28 mai, d’adopter la toute première convention internationale contre les violences et le harcèlement au travail. Votre voix a le pouvoir de changer les choses. Utilisez-la !