2020 est classée parmi les trois années les plus chaudes jamais enregistrées et a été marquée par une multiplication de phénomènes climatiques extrêmes. Malgré ces signaux d’alerte, l’action des États n’est toujours pas à la hauteur. Répondront-ils enfin présents lors du Conseil européen des 10 et 11 décembre et du Sommet international du 12 décembre ? Décryptage par notre experte, Fanny Petitbon.
Le compte à rebours de l’accord de Paris sur le climat est enclenché.
Les États signataires de l’accord de Paris ont jusqu’au 31 décembre 2020 pour soumettre une version plus ambitieuse de leurs plans d’action sur le climat. Car à l’heure actuelle, leurs engagements sont bien trop faibles pour répondre à la crise climatique. Alors que 154 pays se sont engagés à respecter ce calendrier, seulement 19 - pour la plupart des pays du Sud représentant à peine 3% des émissions globales de gaz à effet de serre- ont déjà rendu leurs copies.
Les pays, les plus pollueurs doivent s'engager !
Tous les yeux sont maintenant tournés vers les plus gros émetteurs: Chine, États-Unis, Inde, Union européenne. Le récent ralliement de la Chine et du Japon à l’objectif de neutralité carbone, respectivement d’ici 2060 et 2050, est prometteur, de même que l’élection de Joe Biden qui s’est engagé à réintégrer les États-Unis dans l’accord de Paris dès sa prise de fonction.
Mais les gouvernements ne doivent pas oublier la réalité martelée par les experts scientifiques : tout se joue entre maintenant et 2030 ! Pour ne pas dépasser la limite de 1,5°C de réchauffement climatique, il faut réduire les émissions globales de gaz à effet de serre d’au moins 7% par an d’ici 2030. Pour contribuer leur juste part à l’effort, les chefs d’État et de gouvernement européens doivent s’engager collectivement lors du sommet des 10 et 11 décembre à réduire les émissions de l’Union européenne de 65% d’ici 2030.
Justice climatique : la survie des États vulnérables est en jeu.
Le 12 décembre, lors du Sommet international du 12 décembre co-organisé par la France avec le Royaume-Uni, l’Italie, le Chili et le Secrétaire général des Nations Unies, les pays riches devront aussi donner des preuves tangibles aux pays les plus vulnérables aux impacts climatiques. Ils ne doivent pas les laisser seuls face à leur destin. N’ayant pas respecté leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour financer l’action climatique, les pays riches doivent saisir l’opportunité de ce sommet pour annoncer des objectifs financiers ambitieux d’ici à 2025.
Les Nations Unies estiment que d’ici 2030, 300 milliards de dollars par an seront nécessaires pour couvrir les besoins des pays du Sud en matière d’adaptation. Sur certaines pertes et dommages sont d'ores et déjà irréversibles, les pays riches pourraient innover en annonçant la mise en place d’un moratoire automatique sur la dette des pays touchés par une catastrophe climatique, en s'appuyant sur le moratoire de la dette obtenu au G20 face à la crise du Covid-19. Ce mécanisme permettrait de débloquer rapidement de l’argent pour répondre aux besoins immédiats des populations.
Soutenir les premières affectées : les femmes.
Il est aussi primordial que tous les États, dans la version révisée de leurs contributions nationales, s’engagent à pleinement inclure les femmes et les filles dans l’élaboration des politiques et initiatives sur le climat. Aujourd’hui, comme le montre le nouveau rapport de CARE, moins de la moitié des nouveaux plans climat qui ont été soumis, mentionne les femmes ou l’égalité des genres. C’est inacceptable car les femmes et les filles jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique au quotidien mais sont exclues des processus de décision.
Contact médias
Fanny Petitbon, experte climat pour CARE, est disponible pour des interviews. Contactez Camille Nozières : nozieres@carefrance.org, 07 86 00 42 75
L'action de CARE contre le changement climatique
La lutte contre les impacts climatiques est l’une de nos priorités sur le terrain et rejoint la lutte contre l'extrême pauvreté et les injustices.
- CARE soutient les populations affectées par des chocs climatiques ponctuels (tempête, inondations) ou de long terme (variabilité des saisons et des précipitations).
- CARE met en place des programmes de préservation de l'environnement et d'adaptation au changement climatique : soutien agricole aux communautés qui souffrent de la disparition des glaciers ; mise en place de réseaux d'accès à l'eau ; projets de plantation de mangroves et de restauration de systèmes de défense côtiers.
- CARE participe également aux négociations internationales sur le climat et mène des actions de plaidoyer pour inciter les gouvernements à mettre en oeuvre des politiques climatiques ambitieuses.