Louise Fréchette, présidente du conseil d'administration de CARE International, est intervenue lors de la conférence de synthèse et de prospective du World Forum for a Responsible Economy, le 14 octobre 2016 à Paris.
Découvrez un extrait de son discours, dans lequel elle partage sa vision sur le rôle de l’entreprise dans la société :
"Malgré le recul remarquable de la pauvreté absolue au cours des deux dernières décennies, plus de 1 milliards de personnes continuent de vivre avec moins de $1.25 par jour et 2 milliards et demi sont en dessous du seuil de $2.00 par jour.
Dans ces marchés moins réglementés, où les infrastructures sociales - en santé, en éducation - sont souvent très déficientes, la responsabilité sociale des entreprises ne peut s’arrêter au simple respect de la législation locale.
De nombreuses entreprises soucieuses de leur responsabilité sociale ont adopté des normes éthiques dont ils exigent le respect par tous leurs représentants, agents et fournisseurs.
De plus en plus d’entreprises souhaitent également contribuer de façon plus directe à l’amélioration des conditions de vie dans les régions défavorisées, que ce soit par des actions philanthropiques ou par des initiatives plus ambitieuses d’entreprises sociales. Les raisons qui poussent une société à s’investir dans de telles initiatives sont multiples et combinent très souvent préoccupations humanitaires et commerciales. Il faut s’en réjouir car les objectifs de RSE ont d’autant plus de chance de se réaliser qu’ils s’inscrivent au cœur même de la vision globale des entreprises.
Par exemple, Essilor s’est donné comme mission de faire en sorte que tous les habitants de cette planète qui ont besoin de verres correcteurs puissent en bénéficier. L’impact social positif recherché est indéniable car les personnes handicapées par une mauvaise vision peuvent, grâce à une simple paire de lunettes, mieux réussir à l’école ou mieux gagner leur vie. L’investissement que représente le don ou la vente à prix minime de ces lunettes contribue également à la stratégie globale de croissance d'Essilor car la société acquiert ainsi une compréhension de marchés autrefois inexplorés ainsi que de nouveaux consommateurs en puissance.
L’engagement des entreprises en matière de responsabilité sociale est de plus en plus valorisé par les actionnaires des grandes sociétés. Loin d’être perçues comme marginales, les activités philanthropiques et d’investissement social ainsi que les bonnes performances en matière d’environnement, d’équité au travail, de respect des droits humains, de comportement éthique ont un impact de plus en plus important sur les décisions des investisseurs et sur la réputation des entreprises.
CARE Francea participé à plusieurs “panels de parties prenantes” tenus par des entreprises. Ces panels permettent aux entreprises de mieux comprendre les attentes des représentants de la société civile et à ceux-ci de formuler des recommandations fondées sur leur expérience des meilleures pratiques et des réalités des communautés où ils sont engagés.
Un dialogue plus structuré et à plus long terme peut aussi prendre forme entre une ONG et une entreprise. Ainsi, CARE France a depuis 2011 un partenariat avec AXA visant à protéger les populations vulnérables contre les effets des dérèglements climatiques.
Les actions philanthropiques menées sur le terrain par les entreprises se font souvent en collaboration avec des ONGs dont la connaissance des conditions locales est essentielle pour assurer un impact maximum.
Autre bel exemple, qui s’inscrit dans le cadre de la coopération RSE entre le Groupe Galeries Lafayette et CARE France, est le projet “Living Blue” au Bangladesh. Ce projet concerne l'extraction de l'indigo et son utilisation dans des produits textiles fait-main par des artisans du nord du Bangladesh. Il a conduit à la création d'une première collection vendue aux Galeries Lafayette avec grand succès. Les équipes de CARE au Bangladesh ont encadré ce projet porteur qui a le potentiel de devenir une entreprise sociale durable et profitable.
Quand les partenaires et les ONG partagent une même vision et qu’ils ont également à cœur le bien-être de ceux qu’ils veulent aider, ils peuvent obtenir ensemble des résultats qui sont hors de leur portée quand ils agissent séparément. C’est l’ambition des partenariats que je viens de décrire et que je souhaite voir se multiplier, dans l’intérêt des millions de personnes défavorisées à travers le monde."
A propos de Louise Fréchette
Louise Fréchette a occupé le poste de vice-secrétaire générale des Nations-Unies de 1998 à 2006. Avant de prendre ses fonctions à l’ONU, elle avait œuvré à la fonction publique du Canada notamment comme ambassadeur en Argentine et en Uruguay, ambassadeur et représentante permanente auprès des Nations Unies à New York, sous-ministre associée aux Finances et sous-ministre à la Défense nationale. Elle est présidente du conseil d'administration de CARE International. Elle est également membre du conseil d’administration d’Essilor International dont elle préside le comité sur la responsabilité sociale de l’entreprise et membre du conseil d'administration de la Global Leadership Foundation
Lors de cette conférence, Louise Fréchette est intervenue aux côtés de :
- Jean-Paul VERMES, président de la CCI Paris île-de-France
- Charles Edouard BOUEE, PDG de Roland Berger (Allemagne)
- Marie-Claire CAPOBIANCO, membre du comité exécutif de BNP Paribas,
- Jean Bernard LEVY, président de EDF
- Fernando BOLANOS VALLE, PDG de AgroAmeric (Guatemala),
- Philippe VASSEUR, président du World Forum for a Responsible Economy
- Francois VILLEROY DE GALHAU, gouverneur de la Banque de France
- Simon ZADEK, président de l’UNEP (U.K).