Comment aider les filles privées d’éducation en Afghanistan ?
« Quand l’interdiction d’aller à l’école a été annoncée, j’ai perdu espoir », se souvient Fatima, 18 ans. Depuis plus d’un an, les filles ne sont plus autorisées à aller à l’école au-delà du primaire. Les interdictions d’emploi et d’éducation imposées aux femmes et aux filles au cours des deux dernières années ont effacé les progrès antérieurs en termes d’égalité femmes-hommes.
« Quand je regarde l'avenir, il est sombre. Je voulais devenir docteure, mais maintenant nous nous sommes perdues »
déclare Fatima.
Cette interdiction d’accès à l’éducation a détruit les rêves de millions de filles afghanes et met en péril leur avenir et leurs moyens de subsistance. En Afghanistan, le taux de pauvreté augmente et le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé. Quelles en sont les conséquences ? Aujourd’hui, 95 % de la population afghane est confrontée à l’insécurité alimentaire, même s’il n’y a pas de pénurie de nourriture. Les marchés regorgent de fruits et de légumes, mais de nombreuses personnes n’ont pas les moyens de les acheter. L’augmentation des prix mondiaux de l’énergie et des denrées alimentaires, combinée à la crise politique actuelle et l’impact de la sécheresse sur l’agriculture, continue d’alimenter l’inflation en Afghanistan.
Des formations professionnelles pour gagner en indépendance
Au-delà de nos programmes d’éducation primaire qui se poursuivent pour les plus jeunes filles, CARE anime donc des formations professionnelles destinées aux femmes. L’objectif est de permettre aux femmes de gagner leur vie et se nourrir malgré ce manque d’accès à une éducation. Fatima a ainsi suivi l’une de nos formations à l’artisanat et à la création d’une activité commerciale.
Fatima et sa sœur Zahra, 22 ans, vendent désormais leurs broderies au marché local de Kaboul. « J’ai toujours peur lorsque nous sortons pour le marché », raconte Zahra. Selon un décret du gouvernement, les femmes doivent rester chez elles et ne peuvent quitter leur domicile qu’en cas de nécessité, et accompagnées d’un chaperon masculin pour les longs trajets. Cette insécurité croissante pour les femmes inquiète Fatima et Zahra qui se dépêchent de rentrer chez elles après avoir vendu leurs broderies.
« Notre activité rapporte qu’un petit profit, mais ça aide notre famille. » C’est même vital pour leur famille depuis que leur père a perdu son emploi il y a quelques mois. Il était chauffeur mais le propriétaire de sa voiture de location avait besoin de la récupérer pour la vendre et faire face à la dégradation de la situation économique.
Soutenir les femmes entrepreneures en Afghanistan
Mais même en ayant un métier, les difficultés économiques du pays sont telles que la situation est très difficile pour les femmes afghanes.
Dans les ateliers de couture de la capitale afghane, il ne se passe pas un jour où les lumières ne s’éteignent soudainement, le bourdonnement des machines à coudre ne s’arrête. Les coupures d’électricité sont quotidiennes, la seule option est alors de continuer à la main.
« On ne sait jamais quand l’électricité est coupée, ni quand elle sera rétablie », explique Surya, 39 ans, couturière et mère de huit enfants. Pour l’aider à faire face à ces coupures de courant, CARE lui a fournis deux machines à coudre solaires qu’elle peut utiliser même si sa maison n’est pas alimentée en électricité. Grâce aux machines, elle a augmenté sa production. Auparavant, elle ne pouvait produire qu’une robe par jour, maintenant elle peut en fabriquer quatre par jour. Mais certaines de ses clientes n’ont plus les moyens d’acheter des robes du fait du taux de pauvreté qui augmente. « Avant, j’avais 25 employés, mais il y a un mois, j’ai dû les licencier presque tous parce que je ne pouvais pas payer leurs salaires. Aujourd’hui, je n’ai plus que six employés.»
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Surya transmet son savoir pour aider d'autres jeunes femmes
Surya est une femme forte. En plus de son activité de couturière, elle a donc décidé de diversifier ses revenus et d’enseigner la couture aux jeunes filles. « Les filles n’ont plus le droit d’aller à l’école, alors elles viennent ici pour apprendre. Je suis très fière de mes apprenties, mais aussi triste pour elles. Nous pensions que la fermeture des écoles serait temporaire, mais elles sont toujours fermées », explique-t-elle.
Surya veut rester confiante en l’avenir. « Aujourd’hui, mes revenus sont supérieurs de 40 % à ce qu’ils étaient auparavant et je peux subvenir aux besoins de ma famille », déclare-t-elle. C’est d’autant plus important que son mari a perdu son emploi au gouvernement et est maintenant à la retraite. Surya espère pouvoir vendre ses robes dans d’autres districts afghans à l’avenir et peut-être même à l’international. « Malgré la situation de mon pays, en tant que femme et mère, je suis heureuse de pouvoir subvenir aux besoins de ma famille, d’avoir ma propre entreprise. »
L’action de l’ONG CARE en Afghanistan
Depuis juillet 2022, en un an, CARE a soutenu plus de 1,15 million d’Afghans dans le besoin, dont 758 000 de femmes et filles. Présents en Afghanistan depuis 1961, nous apportons une aide d’urgence, nous soutenons le développement économique des familles (formations professionnelles sur l’artisanat, l’agriculture), et nous menons des programmes d’éducation et de santé, notamment à destination des filles et des femmes.
En plus de nos programmes, CARE Afghanistan plaide avec et au nom des Afghans et Afghanes vulnérables et marginalisés pour le respect de leurs droits et en faveur d’un soutien national et international afin d’aider les populations à sortir du cycle de la pauvreté.
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