Sept parlementaires de tous horizons politiques se sont rendus en Côte d’Ivoire avec CARE France pour appréhender les défis et solutions en termes de développement et d’inégalités femmes-hommes. Ils ont pu mesurer l’impact de l’aide publique au développement mais aussi son insuffisance pour répondre aux enjeux du terrain.
La Côte d’Ivoire, un pays marqué par des inégalités persistantes entre femmes et hommes
Si la Côte d’Ivoire connaît une forte croissance depuis plusieurs années, les conditions de vie des populations ne se sont pas améliorées. Les femmes sont particulièrement affectées par ces difficultés sociales : la Côte d’Ivoire est 172ème sur 188 pays en termes de disparités femmes-hommes dans l’accès à la santé, l’éducation ou le niveau de vie.
Ainsi, plus de 75% des femmes ivoiriennes font face à des difficultés en termes d’accès aux soins de santé,à cause de ressources financières limitées ou de l’indisponibilité de tels services. Bien que très présentes sur le marché du travail, elles peinent également bien plus que les hommes à devenir propriétaires ou à obtenir un crédit.
« Ce qui m’a le plus marqué c’est l’engagement des femmes et des filles qui se prennent en main pour réagir face à la situation d’inégalité. Elles feront changer les mentalités grâce à leur courage et l’accompagnement des ONG qui œuvrent au quotidien avec elles », témoigne Edith Gueugneau, députée de Saône-et-Loire.
Des acteurs et actrices mobilisés sur le terrain
Face à ce constat, les pouvoirs publics, agences onusiennes et associations locales ou internationales soutiennent le renforcement des droits des femmes et des filles.
Les parlementaires français ont ainsi pu visiter des projets favorisant l’autonomisation des femmes et des filles :
- À Yamoussoukro, la délégation a rencontré des hommes impliqués dans « l’école des maris » créée par l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population). Ces hommes engagés sont des alliés essentiels dans la lutte pour l’égalité femmes/hommes.
- À San Pedro, ils ont pris la mesure du travail réalisé par Médecins du Monde dans un centre de santé communautaire proposant des services de planning familial et de santé maternelle et infantile.
- Dans la région d’Abidjan, les parlementaires ont échangé avec des femmes membres d'une association villageoise d'épargne et de crédit créée par CARE. Leur permettant d'épargner de l'argent en commun et d'emprunter pour développer des activités génératrices de revenus, ce système contribue à renforcer la confiance des femmes en elles-mêmes et à rééquilibrer les rapports de pouvoir entre hommes et femmes.
Au cours de cette visite d’étude, les parlementaires ont pris pleinement conscience de l’importance d’une aide publique au développement ambitieuse et de ses impacts positifs pour les pays en développement. Il leur est clairement apparu qu’un développement durable, prenant en compte les besoins de toutes et tous, passe nécessairement par l’autonomisation des femmes et des filles.
« Vivre les choses en direct permet une conscientisation beaucoup plus efficace. Chaque député-e ou sénateur-trice devrait se confronter à cette réalité », déclare Véronique Massonneau, députée de Vienne.
Une APD plus ambitieuse est indispensable
CARE demande à la France de passer des paroles aux actes, et ce dès le projet de loi finances 2017.
En 2015, l’APD française stagne à 0,37% du revenu national brut, soit une baisse de 0,13% par rapport à 2010. Ceci, alors même que la France a pris l’engagement d’y consacrer 0,7% dès les années 1970, une promesse réitérée par François Hollande en mai 2016.
« Nous allons tout faire pour que la France refasse de sa politique de développement une vraie priorité », s'engage Michel Terrot, député du Rhône.
En cohérence avec sa stratégie genre et développement 2013-2017, la France doit également agir concrètement en faveur de l’égalité femmes-hommes. Actuellement, plus des ¾ des projets de l’APD française ne sont pas sensibles au genre. Intégrer pleinement l’égalité des sexes dans l’APD française est une question de droits mais aussi un gage d’efficacité.
Liste des parlementaires participants à la visite d’étude :
- Edith Gueugneau, Députée de Saône-et-Loire, Divers gauche
- Jean-François Mancel, Député de l’Oise, Parti Les Républicains
- Véronique Massonneau, Députée de Vienne, Parti Écologiste
- Philippe Mouiller, Sénateur des Deux-Sèvres, Parti Les Républicains
- Monique Orphé, Députée de la Réunion, Parti socialiste
- Michel Terrot, Député du Rhône, Parti Les Républicains
- Jean-Marie Tétart, Député des Yvelines, Parti Les Républicains