Deux ans après le coup d'Etat en Centrafrique, la situation reste très volatile. Comme 450 000 Centrafricains, Sukina et sa famille ont fui les combats et les massacres perpétrés dans leur pays. A son arrivée au Cameroun, Sukina a reçu une aide psychosociale de la part de CARE. Un récit de Pauline Hédé, du pôle urgences de CARE France.
Une famille chassée par les milices armées
Sukina, ses 6 enfants et la famille de sa sœur se sont cachés durant 60 jours pour éviter les milices armées qui se dirigeaient vers leur village.
« Nous passions nos journées dans le silence, à la recherche d'un peu d'eau et de nourriture. On vivait dans l'angoisse d'être trouvés et tués. Après deux mois, nous espérions pouvoir rentrer chez nous mais des hommes armés occupent notre maison. Ce jour-là, nous avons compris que nous ne retrouverions jamais la vie que nous avions construite. »
Durant leur fuite vers le Cameroun, la famille est obligée de se cacher dans le silence, sans faire de feu au risque d'être repérés.
« Nous nous nourrissions de feuilles et on marchait des nuits entières à l'abri des regards. »
Sukina et sa famille assistent à des assassinats effroyables et à l'enterrement de personnes encore vivantes.
CARE aide les réfugiés à surmonter leur traumatisme
En avril 2014, Sukina et sa famille trouve refuge dans le site de Lolo au Cameroun. Traumatisée par sa fuite, Sukina ne parvient pas à trouver le sommeil, souffre de troubles de la mémoire et ne cesse de revivre les scènes auxquelles elle a assisté.
« Ma fille de 4 ans est terrifiée. Elle pleure sans arrêt depuis qu'on lui a posé un fusil sur la tête, souffre d'incontinence et sursaute à chaque mouvement. »
Peu de temps après leur arrivée, Urera, qui travaille pour CARE, rencontre Sukina lors d'une sensibilisation aux troubles psychosociaux. Durant un mois, Sukina est aidée par des infirmiers psychosociaux et des psychologues de CARE. Les symptômes de son traumatisme finissent peu à peu par s'estomper.
Aujourd'hui, Sukina est présidente des femmes réfugiées du site de Lolo. Elle porte la voix des femmes, qui, comme elle, ont besoin de davantage de nourriture, de vêtements et d'eau, ainsi que d'un appui psychosocial.
L'action de CARE
138 500 Centrafricains ont trouvé refuge au Cameroun depuis décembre 2013. CARE soutient les réfugiés centrafricains dans l'Est du Cameroun. CARE mène des actions d'accès à l'eau et à l'assainissement ainsi que des programmes de soutien psychosocial. CARE soutient également les populations camerounaises dont les ressources limitées sont confrontées à une pression supplémentaire.