Le dialogue de Petersberg sur le climat, qui a réuni virtuellement les ministres de l’environnement d’une trentaine de pays du monde entier, s’est clôturé aujourd’hui. Alors que le monde vit une crise sanitaire inédite, cette rencontre était un moment-clé pour les Etats représentés de démontrer que leur engagement à lutter contre le changement climatique ne faiblit pas et que les plans de relance économique doivent contribuer à accélérer la transition écologique. Si les déclarations sont encourageantes, la route reste encore longue selon Fanny Petitbon, experte climat de l’ONG CARE France :

« Le changement climatique n’est pas une crise mais une transformation irréversible que qui ne connaît pas de répit, comme l’a prouvé le cyclone Harold tout récemment dans le Pacifique Sud. Nous sommes donc soulagés de voir que, malgré l’urgence de la crise sanitaire mondiale, les 35 Etats qui ont participé au dialogue de Petersberg ont réaffirmé leur engagement à poursuivre la lutte contre le changement climatique.

Mais les déclarations d’intention ne sont pas suffisantes et les plus gros émetteurs doivent retrousser leurs manches sans attendre. Les pays du G20 responsables de 80% des émissions globales de gaz à effet de serre, doivent tous s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Or, pour l’instant, ce n’est ni le cas des Etats-Unis ni de la Chine qui, en plus, ont annoncé des plans de relance en soutien aux industries des énergies fossiles et, polluantes tel que le secteur aérien et le charbon. Cette vision court-termiste fait craindre un terrible retour de bâton.

Fort heureusement, de nombreux pays- de l’Allemagne au Gabon, en passant par le Chili et la Corée, ont rappelé la nécessité de ne pas être obnubilés par une reprise de la croissance à tout prix mais de développer des modèles économiques plus durables.Les solutions sont à portée de main: des énergies renouvelables de plus en plus abordables, des dispositifs efficaces pour améliorer l’efficacité énergétique, des modèles de transports en commun facilement déployables. Les Etats doivent aussi sans attendre mettre fin aux subventions qu’ils allouent aux énergies fossiles et conditionner les aides aux entreprises en fonction du sérieux de leur contribution à la transition écologique.

L’appel relayé par plusieurs Etats à maintenir le calendrier de relève de l’ambition malgré le report de la COP26 à l’an prochain, en demandant aux gouvernements de soumettre des objectifs de réduction des émissions revus à la hausse d’ici fin 2020, est bienvenu. L’Allemagne qui présidera le Conseil de l’Union européenne à partir de juillet, s’est d’ailleurs prononcée à cette occasion en faveur de la proposition de la Commission européenne d’augmenter l’objectif européen de -40% à -50% voire -55% d’ici 2030. C’est un signal important mais la juste contribution de l’Union européenne aux efforts pour rester sous 1,5°C de réchauffement climatique serait de réduire ses émissions d’au moins 65% d’ici 2030. 

Dans les semaines et mois à venir, les gouvernements doivent garder en tête et appliquer deux enseignements critiques de la pandémie du Covid-19 aux efforts contre le changement climatique. D’abord, il est possible et essentiel de prendre en compte les alertes et conseils de la communauté scientifique pour développer une réponse adéquate, et ensuite la coopération internationale est nécessaire pour vaincre une menace qui pèse sur l’humanité toute entière.» 

Contact médias

Fanny Petitbon, notre experte climat, est disponible pour toute interview. Contactez Camille Nozieres au 0786004275, nozieres@carefrance.org
 

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  •  CARE participe également aux négociations internationales sur le climat et mène des actions de plaidoyer pour inciter les gouvernements à mettre en oeuvre des politiques climatiques ambitieuses.