La troisième Conférence internationale sur le financement du développement vient de s'achever par un accord décevant. Ce manque d'ambition pourrait avoir de fortes répercussions négatives sur les processus internationaux en cours, à savoir l'adoption des futurs Objectifs de développement durable (ODD) et les négociations climat (COP21), alerte l'ONG CARE.

« Addis-Abeba est une occasion ratée d'aller au-delà des paroles de bonne volonté sur la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. Il est pourtant crucial que les Etats s'accordent sur une façon de financer ces agendas mondiaux. La communauté internationale n'a pas été à la hauteur de l'enjeu politique », déclare Philippe Lévêque, directeur de CARE France.

CARE dénonce le manque d'engagements financiers fermes ainsi que de mécanismes de redevabilité. Le document final d' Addis-Abeba a bien d'autres lacunes, notamment liées au manque d'engagement sur les questions d'égalité des genres et d'inclusion financière des plus vulnérables.

« Sans financement pour les concrétiser, les prochains objectifs de développement et de lutte contre le changement climatique resteront des coquilles vides. Les Etats devront combler les manques d'Addis-Abeba lors des prochaines réunions internationales », alerte Philippe Lévêque.

Le document final d'Addis-Abeba met en évidence le danger de voir se substituer les fonds climat aux financements de l'aide au développement. Ils doivent au contraire s'additionner.

Très peu d'Etats de l'OCDE tiennent aujourd'hui leur engagement de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l'aide publique au développement. Et il n'existe aucun calendrier contraignant pour arriver à cet objectif. L'urgence est pourtant là. Les effets du changement climatique menacent les progrès réalisés depuis de nombreuses années en termes de développement et de lutte contre la pauvreté.

« En tant que présidente de la prochaine COP, la France se doit d'assumer ses responsabilités et montrer l'exemple. Non seulement, la France ne respecte pas son engagement de consacrer 0,7 % de son RNB à l'aide publique au développement, mais les financements français diminuent et s'orientent de plus en plus vers des systèmes de prêts aux pays à revenus intermédiaires, au détriment d'un soutien aux pays les moins avancés », alerte Philippe Lévêque.

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Philippe Lévêque, directeur de CARE France, est disponible pour toute interview.
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