"La première version du texte des ministres hésite entre des options ambitieuses et d'autres qui ne permettront pas de lutter efficacement contre le changement climatique. Les prochaines 24h seront cruciales. Depuis le début, l’incertitude entoure l’issue de ces négociations. Le rythme des discussions est très lent et certains Etats semblent faire du surplace. Plusieurs éléments clefs restent encore à confirmer", alertent les experts climat de l’ONG CARE France.
Les prochaines heures s’annoncent difficiles car les Etats vont devoir trancher plusieurs points épineux, parmi lesquels la limitation du réchauffement climatique. Alors que de nouveaux pays se rallient chaque jour à une limitation à 1,5°C, cela n’est toujours pas acté dans le texte. Qu’attendons-nous ?
Les Etats doivent être réalistes, 1,5°C est le seul objectif qui permettrait de limiter au maximum les impacts du changement climatique. Pour ne citer qu'un exemple : les pluies seront intensifiées de 8% en Asie du Sud lorsque nous atteindrons 1,5°C et de 14% si nous n’arrivons pas à limiter le réchauffement à moins de 2°C. Une différence qui jouera sur le nombre d'inondations et l'ampleur des impacts notamment agricoles (du fait entre autres de l'érosion des terres).
"Il faut aussi rappeler que cette limitation à 1,5°C ne doit pas être qu'un objectif symbolique. Les Etats doivent absolument définir les moyens d’y arriver : acter un mécanisme de révision de réduction des émissions de gaz à effet de serre tous les 5 ans, s’engager vers l’abandon total des énergies fossiles d’ici 2050. Nous savons que c’est possible. Plusieurs études l’ont déjà démontré mais il faut agir maintenant !", déclare Aurélie Ceinos, responsable Climat de CARE France
L’accord doit également être équitable. Ce qui est loin d’être garanti. L’inscription des droits humains et de l’égalité de genre fait ainsi partie des enjeux problématiques, sur lesquels les Etats n’ont pas encore fait preuve de suffisamment de volonté politique. Ils ont même tendance à souffler le chaud et le froid. Après des signaux positifs la semaine dernière, les droits humains et l’égalité de genre font désormais partie des éléments qui sont sur la sellette.
"La COP21 offre une opportunité sans précédent de dépasser une approche purement environnementaliste de la lutte contre le changement climatique. Nous avons besoin d’un accord qui soit bénéfique aussi bien pour sa planète que pour ses habitants", explique Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de CARE.
Un autre exemple est le manque d'avancée sur l’article relatif à la reconnaissance des pertes et dommages. Les pays développés et les pays en développement campent sur leurs positions antagonistes. Cela laisse craindre que l'option actuelle, plutôt satisfaisante, soit supprimée à la dernière minute. Aujourd'hui, le seul signal positif est le retrait des parenthèses sur le financement des pertes et dommages. Il ne doit pas y avoir de marche arrière.
"Si les Etats ne réagissent pas dans les heures qui restent, nous ne pourrons pas empêcher l’escalade des dérèglements climatiques. Cela fait quatre ans que les Etats repoussent cet accord. Or, les scientifiques ont annoncé à de nombreuses reprises la non viabilité de nos économies et modes de vie actuels. Il reste encore une fenêtre de tir pour que les Etats puissent relever le défi du changement climatique. Dépasser leurs intérêts nationaux à court terme est une nécessité !", déclare Philippe Lévêque, directeur de CARE France.
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