Une délégation de 20 experts du climat, membres du réseau CARE, participe aux négociations de la COP21. Aurélie Ceinos, responsable climat et Fanny Petibon, responsable plaidoyer de CARE France analysent les deux premiers jours des négociations climatiques.
Le début des négociations techniques (ADP)
L’objectif de l’accord menacé
L’article 2 qui définit l’objectif
de l’accord est aujourd’hui clairement menacé. Certains Etats développés ont
remis en cause la mention d’une limite à 1,5°C/2°C du réchauffement
climatique, ainsi que l’inclusion des droits humains et de l’égalité de genre.
CARE
rappelle que ces éléments ne sont pas négociables si les Etats veulent aboutir
à un accord concret et efficace. Les ignorer équivaudrait à vider de sens le
texte de l’accord, et ce alors même que le président Hollande rappelait hier la
nécessité d’agir au nom de la justice climatique.
Un manque d'ambition sur les pertes et dommages
Les pays en développement insistent depuis des mois sur la nécessité d’accorder une place importante à la question des pertes et dommages dans l’accord de Paris. CARE soutient la proposition du G77 pour que le texte mentionne notamment la nécessité de minimiser et couvrir les pertes et dommages inévitables. Un compromis est apparemment sur la table. Nos experts craignent qu’il ne soit pas assez ambitieux. Les prochains jours seront donc décisifs.
RDV le 2 décembre
Conférence de presse à l’occasion de la sortie d’un rapport sur les pertes et dommages par CARE, WWF et ActionAid : de 14h à 14h30, salle 3 du centre de presse/ hall 5.
A l’occasion du lancement ce matin des initiatives agricoles du Plan d’Action Lima Paris (LPAA), CARE rappelle que toutes les initiatives ne sont pas forcément des bonnes solutions.
Par exemple, le programme 4 pour 1000, promu par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, veut réconcilier agriculture, lutte contre la faim et le changement climatique par le biais du stockage de carbone dans les sols. Nos experts rappellent que ce dernier élément, de même que l’augmentation des rendements, ne garantiront pas nécessairement la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables.
La COP ne doit pas légitimer des pratiques néfastes pour l’environnement et les populations
Dans le cadre du programme 4 pour 1000, et plus globalement dans le LPAA, il est essentiel d’établir des critères d’exclusion pour garantir que toutes les initiatives contribuent à un monde sobre en carbone et résilient.
Si un Agenda des Solutions est intégré à l’accord, il doit exclure les initiatives ne respectant pas l’environnement et les droits humains. Le LPAA ne doit pas être un prétexte pour légitimer et promouvoir l’utilisation d’intrants chimiques et d’OGM. L' « Alliance pour la climate-smart agriculture », qui rassemble des multinationales de l’agro-industrie, témoigne déjà de ces risques. CARE craint également l’instrumentalisation des concepts tels que l’agro écologie ainsi que l’agriculture de conservation. C’est le message porté cet après-midi par Aurélie Ceinos, experte climat de l’ONG CARE France, lors d’une table-ronde au Bourget.
Quelle transparence lors des négociations ?
Les ONG ont été exclues lundi soir des premières séances des groupes de travail techniques (spin-off), contrairement à l’annonce faite précédemment par les co-présidents de la COP. Le Secrétariat de la CCNUCC prétexte des salles trop petites qui ne permettent pas d’accueillir les ONG. CARE s’étonne de ce manque d’anticipation de la part des organisateurs. Nous demandons une retransmission des débats afin d’assurer la transparence des négociations.
L’ouverture de l’espace Génération Climat
Les Marches de ce week-end, qui ont rassemblé plus de 800 000 personnes à travers le monde, sont la preuve que les citoyens veulent être entendus. Ils exigent que les gouvernements prennent leurs responsabilités.
L’espace Génération climat doit permettre à tous de s’approprier les enjeux climatiques et les solutions. Stands et conférences offriront des opportunités d’échanges et des débats entre les citoyens, ONG et délégations étatiques. La lutte contre les dérèglements climatiques n’appartient pas qu’aux dirigeants. Nous avons tous une responsabilité.
Quelle a été la portée des discours des chefs d’Etat ?
Les points positifs
Hier, près de 150 chefs d’Etats se sont réunis pour l’ouverture de la COP21. Les discours ont été l’occasion pour les Etats de renouveler leur volonté de lutter contre le changement climatique et d’aboutir à un accord à l’issue de cette COP.
On salue l’appel lancé par la France d’agir au nom de la justice climatique afin de protéger les populations les moins responsables et pourtant les plus affectées par le changement climatique.
Les points de déception
Nous regrettons qu’aucune nouvelle annonce n’ait été formulée. Les engagements pris par l’Allemagne et le Danemark en termes de financements climat ne sont pas nouveaux. Ils avaient déjà été formulés lors de précédents événements.
Très cérémoniale, cette journée d’ouverture n’a pas donné le ton de l’ambition. Nous attendions des Etats qu’ils envoient un signal fort aux négociateurs. Des orientations claires sur l’intégration des droits humains ou les pertes et dommages auraient été plus que bienvenus. Si les Etats-Unis ont souligné les impacts dévastateurs du changement climatique, ils n’ont pas fait de lien direct avec une nécessaire reconnaissance des pertes et dommages.
Beaucoup de rencontres bilatérales ont débuté. Il faut espérer que cela soit l’occasion d’avancer vers un compromis.
On salue la reconnaissance par l’Allemagne qu’un réchauffement climatique de 2°C serait trop élevé. La France a souligné le besoin de rester sous les 1,5°C. Cela répond aux demandes de plus de 106 pays en développement. CARE a d’ailleurs participé à une action hier après-midi en partenariat avec le Forum climatique sur les vulnérabilités, rappelant la nécessité de limiter le réchauffement à 1,5°C.
Un réchauffement de 2°C au lieu de 1.5°C aurait des conséquences dramatiques sur les pays les plus vulnérables. Les rendements de riz, nourriture de base dans de nombreux pays, vont diminuer de 8% dans le cadre d’un réchauffement d’1.5°C. Ces pertes doubleraient (16%) en cas d’un réchauffement de 2°C. De même, les ressources en eau disponibles vont diminuer de 15-20% en cas d’un réchauffement de 1,5°C et de 25-30% si nous atteignons un réchauffement de 2°C. Rappelons qu’aujourd’hui les engagements des Etats nous mènent vers un réchauffement de 3°C.
L’action de CARE aux négociations climatiques
Qui sont nos experts ? Retrouvez la liste de nos experts et porte-paroles, ainsi que l’agenda de nos évènements sur notre site.
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Contact médias
Nos équipes (francophones et anglophones) suivent les négociations au Bourget et sont disponibles pour toute demande d’interview. Contactez Laury-Anne Bellessa (sur le site du Bourget), Chargée des relations medias, +33 (0)6 24 61 85 37, bellessa@carefrance.org
Nos actions autour de la COP 21
Le Forum sur la Vulnérabilité Climatique et CARE International ont lancé le 23 octobre 2015 une campagne en ligne #1o5C /http://www.1o5c.org/ afin d'élargir la base de soutien en faveur de la limitation de la hausse de la température globale à +1,5°C.
Découvrez notre parcours street-art « le climat au pied du mur » visible à Paris jusqu’au 19 décembre 2015.
Consultez le site internet « COP ou pas COP ? » afin de tester vos connaissances sur la COP et de découvrir les impacts du changement climatique sur les droits humains.