En ces derniers jours de la COP 22, on assiste au lancement de nombreuses initiatives parallèles aux négociations. Nos équipes sur place alertent sur les risques liés au manque de critères pour cadrer ces actions. Elles pourraient contre-productives et néfastes pour l'environnement et les populations.
La COP 22 devait être celle de l’action. Peut-on le confirmer à 48h de la fin de cette conférence internationale ?
On ne peut pas vraiment parler d’action. La plupart des sujets négociés ont très peu progressé ou ont été carrément reportés à l’année prochaine : c’est le cas des discussions sur l’agriculture. Et malheureusement, nous n'espérons plus beaucoup d’avancées d’ici demain soir.
Un autre point nous inquiète : la multiplication d’initiatives parallèles lancées par les États. Ces actions semblent se multiplier face à la lenteur et au manque de concret des négociations.
En quoi consistent ces initiatives ?
Ces initiatives regroupent des acteurs très divers: États, entreprises privées, collectivités locales ou encore associations.
Quant à leurs objectifs, ils varient selon les initiatives. L’une d’elles, dénommée « Triple A », vise à transformer l’agriculture africaine afin de faire face aux défis du changement climatique. Présentée hier par le Maroc, cette initiative a pour objectif de réunir des financements en faveur de solutions innovantes pour l’adaptation.
Quant à l’initiative « 4 pour 1000 », elle a été lancée par la France autour des enjeux liés à la séquestration du carbone dans les sols et la sécurité alimentaire.
Mais n’est-ce pas une bonne nouvelle que les États décident de trouver des solutions alternatives pour faire avancer les choses ?
Si bien sûr. Cependant, ces actions sont pour l’instant trop peu encadrées. Elles laissent le champ libre à des pratiques qui sont néfastes pour l’environnement et les populations. Si on prend l’exemple du secteur agricole, elles pourraient soutenir le recours aux OGM.
On craint qu’elles soient mal utilisées par de grandes entreprises. L'événement d’hier sur le Triple A était, par exemple, sponsorisé par l’Office chérifien des phosphates, un grand producteur d’engrais. On sait pourtant que les engrais ne sont pas une solution pour lutter contre le changement climatique. En effet, leur production nécessite beaucoup d’énergie, ils affectent la qualité des aliments et ils polluent l’eau et les sols.
Quel est donc le message des ONG pour limiter les possibles conséquences négatives de ces initiatives ?
L’urgence climatique exige plus d’efficacité et de cohérence de la part des États. Nous leur demandons de ne pas rejeter le cadre des négociations malgré sa complexité. Seul ce multilatéralisme peut garantir une cohérence des actions pour atteindre un but commun : la lutte contre le changement climatique.
Les États sont-ils toujours mobilisés au sein des négociations en faveur de cet objectif commun ? Ou leur attention complète est-elle désormais tournée vers ces alternatives ?
Malheureusement, très peu de sujets semblent encore en cours de négociation. On le regrette car on aurait pu profiter de ces derniers jours pour accélérer le mouvement.
Seules quelques discussions se poursuivent comme celles sur les financements. L’Allemagne a annoncé hier une contribution de 50 millions pour le fonds d’adaptation. C’est une bonne nouvelle mais il faut la tempérer : les pays développés s’étaient engagés à équilibrer les financements dédiés à l’atténuation avec ceux pour l’adaptation sur une base de 100 milliards par an. Il ne faudrait définitivement pas que les États confondent millions et milliards…
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- Aurélie Ceinos, responsable climat de CARE France, sera à Marrakech du 12 au 19 novembre.
- Fanny Petitbon, responable plaidoyer de CARE France, sera disponible à Paris.
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