Le bilan de la conférence climat est très mitigé après une semaine de négociations. Les discussions bloquent sur certains thèmes cruciaux pour les populations les plus affectées par le changement climatique. Voici l'analyse d'Aurélie Ceinos, notre experte climat, actuellement à Marrakech.
La deuxième semaine des négociations climatiques débute. Quel bilan tirez-vous des discussions qui ont eu lieu jusqu’à présent ?
Certains sujets, comme la prise en compte des pertes et dommages irréversibles, ont avancé. Mais le bilan à mi-parcours reste très mitigé : les discussions sur certains thèmes sont bloquées.
En tant qu’ONG, notre rôle sera d’inciter les États à dépasser leurs divergences et à accélérer durant cette seconde semaine.
Quels sont les points de blocage sur lesquels les équipes de CARE vont se concentrer ?
Les financements Nord-Sud notamment : les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour la lutte contre le changement climatique d’ici à 2020.
Or, la feuille de route qu’ils ont proposée ne convient pas. Déjà, parce qu’elle n'atteint que 93 milliards en 2020 : ce chiffre peut paraître important mais il est encore en-deçà des besoins estimés. Et, surtout, nous ne sommes pas certains de la fiabilité de la méthode de comptabilisation : certaines sommes pourraient avoir été comptabilisées plusieurs fois. Le troisième point qui nous inquiète est que seuls 20% des financements seraient dédiés à l’adaptation.
Pourtant, l’Accord de Paris prévoit un équilibre des financements entre adaptation et réduction des émissions de gaz à effet de serre donc 50-50. Les pays développés ne tiennent pas vraiment la promesse faite l’an dernier.
Effectivement. Et les pays en développement n’en sont pas satisfaits : ils demandent d’augmenter les financements pour l’adaptation à 40% d’ici à 2020 puis à 50% à moyen terme.
Ces demandes reposent sur le principe de justice climatique : le réchauffement climatique a été provoqué en grande partie par les pays du Nord, dont le développement économique a été assuré par les énergies fossiles. Par contre, ce sont les pays du Sud qui sont les premiers affectés par les dérèglements climatiques et ils n’ont pas les moyens de s’adapter.
On constate donc un blocage important sur la question des financements : est-ce le seul ?
Sur l’agriculture, les négociateurs techniques n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur les actions à mettre en place. Leur seul point d’entente a été de reporter les négociations au printemps prochain.
Les ministres, qui arrivent cette semaine, sont donc les seuls qui pourraient encore débloquer la situation… à condition qu’ils décident de s’emparer de la question.
Tout n’est pas donc perdu. Quel sera le rôle des ministres qui vont participer aux négociations toute cette semaine ?
Les ministres sont là pour prendre le relai des négociateurs techniques. Ils ont plus de pouvoir et peuvent négocier des compromis politiques.
Si on prend l’exemple du groupe des pays africains, ils se sont mis d’accord sur une grande partie de leurs positions en septembre dernier. Les négociateurs techniques n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre. Ils ne peuvent pas vraiment s’éloigner des directives reçues, ce qui les empêche de trouver des compromis avec d’autres pays qui auraient des demandes très éloignées des leurs.
Les ministres ont donc plus de liberté d’action. Vont-ils pouvoir débloquer la situation sur l’adaptation ou l’agriculture ?
Rien de moins sûr, en particulier sur l’agriculture. Mais les ONG vont tout faire pour qu’ils trouvent un terrain d’entente.
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Contact médias
Nos équipes (francophones et anglophones) sont disponibles pour toute demande d’interview.
- Aurélie Ceinos, responsable climat de CARE France, sera à Marrakech du 12 au 19 novembre.
- Fanny Petitbon, responable plaidoyer de CARE France, sera disponible à Paris.
Contactez Laury-Anne Bellessa (à Marrakech du 12 au 19/11), responsable des relations medias, +33 (0)7 86 00 42 75, bellessa@carefrance.org