Depuis quelques semaines, la région des Balkans connait un afflux de réfugiés en route vers l'Europe. Alors que certains pays, comme la Hongrie, ont pris la décision de fermer leurs frontières, les réfugiés attendent dans des conditions difficiles.
Les réfugiés syriens repoussés à la frontière hongroise
Je m'appelle Ahmad, je suis Kurde, originaire d'Alep en Syrie. J'ai quitté mon pays le 27 août 2015 avec ma femme et ma fille Naya, âgée d'un mois.
Nous sommes actuellement à la frontière hongroise. Nous sommes épuisés. Nous avons marché dix jours pour arriver ici.
La semaine dernière, le bruit a couru que la frontière était ouverte alors nous nous sommes précipités. Mais c'était faux, le passage était fermé. On nous a repoussés avec des canons à eau et du gaz lacrymogène. Le lendemain, mon bébé avait du mal à respirer. Je ne sais pas quoi faire pour l'aider.
Dans la bousculade, un homme a fait tomber son bébé de six mois, il n'a pas réussi à le sauver.
La situation était intenable en Syrie
Avant la guerre, je travaillais dans une usine en Syrie. J'avais un bon poste, mais lorsque la guerre a commencé, des groupes armés ont pris possession des lieux. Cela fait deux ans que je n'ai pas travaillé. Nous vivions quasiment sans eau courante ni électricité. Parfois, des organisations nous apportaient de l'aide. Le reste du temps, elles ne pouvaient pas accéder à notre quartier.
Nous ne voulions pas quitter la Syrie mais nous n'avions plus le choix. Nous sommes restés jusqu'à ce que la situation ne soit plus tenable.
« Certains passeurs nous ont traités comme des animaux »
Nous sommes donc partis. Nous sommes allés au Liban puis avons fait la traversée en bateau de la Turquie jusqu'en Grèce. Nous étions 60 dans une embarcation gonflable de huit mètres de long.
Nous avons vu des corps dans la mer. Il y en avait beaucoup. Chaque fois que je voyais le corps d'un enfant, je serrai ma fille contre moi. Je pleurais quand je pensais à ce qui pouvait lui arriver.
Certains de mes amis étaient sur un bateau qui a chaviré. Personne ne les a aidés. De nombreux enfants ont eu des problèmes après avoir avalé de l'eau mas heureusement aucun n'est mort.
La traversée a duré neuf heures : le bateau avançait lentement afin de ne pas chavirer. Nous avions attendu le bateau pendant trois jours, cachés dans une forêt, dormant à même le sol. Certains passeurs nous ont traités comme des animaux. Ils ne suivent aucune règle, aucune loi, ils font ce qu'ils veulent. Des amis ont reçu des coups violents dans les jambes. Ils ne pouvaient pas se défendre. Les passeurs étaient armés.
Nous avons payé 1 200 dollars pour la traversée. C'est tout que nous avions. Nous n'avons plus rien. Aujourd'hui, nous faisons le reste du chemin à pied. Nous marchons jour après jour.
« Nous ne pouvons pas revenir en arrière »
Qu'allons-nous faire maintenant ? Notre seul objectif est d'atteindre la Hongrie. Nous ne pouvons pas revenir en arrière. Nous avons peur de nous faire tuer si nous retournons en Syrie. Nous avons entendu dire que ceux qui fuyaient ne pouvaient pas revenir, qu'ils n'étaient plus les bienvenus.
Il n'y a plus rien pour nous en Syrie, ni aucun avenir pour notre fille.
L'action de CARE :
L'afflux de réfugiés syriens dans la région des Balkans depuis quelques semaines requiert une réponse humanitaire d'urgence. L'association internationale CARE et ses partenaires en Serbie et en Croatie ont déjà aidé plus de 3 500 personnes par la distribution de colis contenant nourriture, eau, produits d'hygiène et protection contre la pluie.
CARE est également présente au Moyen-Orient et a aidé plus d'un million de personnes en Syrie et dans les pays qui accueillent les réfugiés syriens. CARE apporte une aide d'urgence médicale et alimentaire. Les équipes de CARE renforcent également les systèmes d'eau et d'assainissement et soutiennent financièrement les populations les plus vulnérables.
Pour aller plus loin
- Les actions de CARE auprès des réfugiés dans les Balkans
- La crise syrienne