Cinq grandes organisations humanitaires ont appelé aujourd'hui l'Union européenne et ses Etats membres à prendre des décisions au plus vite concernant la crise des réfugiés en Europe et au Moyen-Orient. « A l'approche de l'hiver, des vies sont en jeu », alertent les organisations humanitaires.

A l'heure du sommet européen sur les migrations, cinq organisations - CARE International, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Welthungerhilfe, la Commission catholique internationale pour les migrations (ICMC) et Vision Mondiale -appellent les parties prenantes à fournir une réponse commune et inclusive aux causes sous-jacentes de ces déplacements de population, dans le respect des droits humains.

« Trop peu, trop tard : voilà les réponses apportées par l'Europe à la crise des réfugiés jusqu'à aujourd'hui », dénonce Jan Egeland, secrétaire général du NRC. « L'hiver approche. Pour éviter des morts et souffrances inutiles, nous exhortons les leaders européens à prendre leurs responsabilités, à protéger les droits des réfugiés et à s'attaquer aux causes profondes de ces déplacements de masse. »

Lors de cette réunion consacrée à la zone Méditerranée-Balkans, les ministres européens de l'Intérieur et des Affaires étrangères rencontrent leurs homologues libyens, jordaniens, turcs, suisses, norvégiens, islandais et liechtensteinois. L'enjeu est d'assurer « une gestion ordonnée des flux de migrants et de réfugiés».

Cet enjeu est certes primordial mais il faut également garantir la possibilité pour les personnes fuyant la guerre et les persécutions d'avoir accès à une protection internationale, rappellent les ONG.

Les cinq organisations ont partagé une liste de recommandations pour atténuer l'impact de la crise tout en protégeant les droits des migrants et des réfugiés. En premier lieu, il est demandé aux Etats membres de l'Union européenne d'intensifier leurs efforts diplomatiques pour mettre un terme au conflit syrien. Les organisations demandent également à ce que les résolutions du Comité de sécurité de l'ONU soient appliquées.

« Il est temps de mettre un terme à l'inaction des leaders politiques si l'on veut on finir avec les souffrances du peuple syrien », insiste Wolfgang Jamann, directeur exécutif de CARE International. « L'Union européenne doit faire pression pour une action politique en faveur d'une paix durable. »

En attendant, les organisations humanitaires demandent à l'Union européenne et ses pays membres d'accroitre le financement humanitaire dédié à la réponse à la crise syrienne. En dépit d'une augmentation récente des aides européennes, les appels de l'ONU pour appuyer les populations en Syrie et dans les pays voisins n'ont été abondés qu'à hauteur de 41%. De nombreux réfugiés syriens cherchent à rejoindre l'Europe car des restrictions légales et des coupes budgétaires dans l'aide internationale rendent intenables leurs conditions de vie dans les pays voisins de la Syrie.

Les réfugiés originaires de Syrie constituent 25% de la population au Liban et 10% de la population jordanienne. La Turquie accueille 1,9 million de réfugiés, plus qu'aucun autre pays dans le monde.

Plus de 550 000 personnes ont rejoint l'Europe par la mer depuis le début de l'année 2015, selon le HCR. La plupart d'entre elles venaient de Syrie, d'Afghanistan et d'Erythrée. Ce chiffre représente 0,1% de la population de l'Union européenne.

Pour participer à l'effort global, les ONG demandent aux pays européens d'accueillir - par le biais de réinstallation ou par d'autres moyens - au moins 5% des réfugiés les plus vulnérables de Syrie d'ici la fin de l'année, soit 200 000 personnes. Cela doit inclure la délivrance de davantage de visas humanitaires, la mise en place de programmes de soutien et de bourses scolaires, et la facilitation de regroupements familiaux. Ces routes légales et sécurisées sont nécessaires pour assister ceux qui sont dans le besoin et pour minimiser le recours aux passeurs.

Dans le même temps, ceux qui entreprennent ce voyage périlleux vers l'Europe depuis la Syrie, l'Afghanistan, l'Erythrée ou un autre pays, doivent être protégés par la loi internationale. Au lieu de renforcer les restrictions et les procédures onéreuses, l'ensemble des Etats doivent assurer un accès et un traitement humain de ces personnes qui fuient les conflits et les persécutions. Un demandeur d'asile ne peut pas être envoyé dans un « pays tiers sûr » s'il n'a aucun lien avec ce pays.

Les Etats européens qui accueillent le plus de réfugiés comme la Grèce, l'Italie, la Macédoine, la Serbie, la Croatie ou la Hongrie doivent recevoir une aide immédiate afin de pouvoir accueillir, assister et enregistrer ces nouveaux arrivants. L'installation de ces personnes réfugiées dans d'autres Etats de l'UE est nécessaire.

Sur le plus long terme, les Etats de l'UE doivent développer une approche globale à cette crise qui ne pas reporter la responsabilité sur d'autres régions du monde.

« L'Europe a les moyens et les capacités de gérer cette crise », explique Deirdre de Burca, directeur du plaidoyer européen de Vision Mondiale. « Mais cela demande une action décisive, une unité et une volonté politique. »

Contact médias :

Les équipes francophones et anglophones de CARE sont disponibles pour toute demande d'interview.

Contactez Laury-Anne Bellessa, chargée des relations medias chez CARE France : 01 53 19 89 92 / 06 24 61 85 37, bellessa@carefrance.org