2014 a été catastrophique pour les populations syriennes. Le bilan est alarmant : 12,3 millions de Syriens ont encore aujourd'hui besoin d'une aide humanitaire d'urgence.
CARE revient sur les principaux évènements de 2014.
Janvier : 2,2 millions de réfugiés syriens subissent des tempêtes de neige. Echec des pourparlers de paix.
L'hiver touche violemment le Moyen-Orient. Des tempêtes provoquent des pluies torrentielles et des chutes de neige. Beaucoup de réfugiés n'ont avec eux que leurs seuls vêtements d'été. La majorité vivent dans des abris de fortune ou des logements délabrés et ne sont pas préparés au froid. Nos équipes libanaises ont rencontré la famille de Basilah, qui vit sous une tente dans la région du Mont Liban. Basilah, 60 ans, nous raconte qu'elle se réveille plusieurs fois par nuit pour vérifier que ses petits-enfants ne sont pas morts de froid.
Au même moment, le second cycle des pourparlers de Genève échoue. Et le soutien des bailleurs internationaux lors de la conférence des donateurs pour la Syrie organisée au Koweït n'est pas suffisant pour aider les populations syriennes.
Février : Résolution de l'ONU sur un accès humanitaire transfrontalier. Désespoir au camp de Yarmouk.
Une photographie du camp palestinien de Yarmouk, assiégé par l'armée syrienne dans la région de Damas, choque l'opinion publique. On y voit une foule de milliers de personnes attendre une aide alimentaire des Nations unies. C'est un rappel brutal du désespoir des populations en Syrie.
Ali Sandeed, réfugié syrien au Liban et bénévole pour un partenaire de CARE, témoigne : « Ma famille est toujours là-bas. Des bombes tombent à chaque instant. Personne ne peut quitter le camp, ni acheter de la nourriture. Ils n'ont pas d'eau potable ou de médicaments ».
Une lueur d'espoir toutefois : les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU approuvent à l'unanimité une résolution exigeant un accès humanitaire rapide et sûr en Syrie.
Mars : Troisième anniversaire de la crise syrienne. Course-relais de 242 km à travers le désert.
Des réfugiés syriens bénévoles et des équipes jordaniennes, libanaises et kenyanes de CARE participent à un marathon de 242 kilomètres de la mer Morte à la mer Rouge. Leur objectif : attirer l'attention sur l'une des pires crises humanitaires au monde. L'équipe a récolté plus de 25 000 dollars pour soutenir les actions de CARE.
Avril : 1 million de réfugiés syriens au Liban.
Le nombre de Syriens qui ont trouvé refuge au Liban franchit la barre du million. Le Liban devient le pays avec la plus forte concentration de réfugiés dans le monde. La pression sur les ressources déjà limitées et les infrastructures du pays est énorme. Le Liban a besoin du soutien de la communauté internationale pour faire face à la situation.
Mai : Un nouveau camp pour les réfugiés syriens en Jordanie.
Des centaines de réfugiés arrivent dans le nouveau camp d'Azraq en Jordanie. Ce nouveau camp peut accueillir plus de 130 000 réfugiés. Il doit permettre de réduire la pression sur le camp jordanien de Za'atari.
Nos équipes rencontrent Nada et ses quatre enfants. Nada a perdu son bébé et son mari lorsque sa maison en Syrie a été bombardée. Pour la première fois en trois ans, elle se sent à nouveau en sécurité. Ses enfants participent à des activités de soutien psychosocial organisées par CARE. Quelques semaines plus tard, Nada a pu leur acheter de nouveaux vêtements ; ils ne sont plus obligés d'attendre nus que leur seule tenue soit lavée.
Juin : Conférence de presse en ligne avec des réfugiés de Syrie et de Somalie
A l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, CARE organise une webconférence de presse avec des réfugiés syriens au Liban et en Jordanie, et des réfugiés somaliens vivant dans le camp de Dadaab au Kenya.
Si leur culture et leur langue sont différentes, ils partagent une même réalité : le fait d'avoir tout perdu. Ils parlent de ce que signifie être réfugié ou grandir dans un camp. Ils confient leurs rêves et leurs espoirs.
Un instituteur qui vit depuis 23 ans à Dadaab explique : « J'espère que nous pourrons un jour mettre fin à cette Journée mondiale ».
Juillet : La Coupe du monde de football au camp d'Azraq.
CARE diffuse la plupart des matchs de football de la Coupe du monde dans des centres communautaires du camp d'Azraq. Les réfugiés peuvent oublier pendant quelques moments la difficulté de leur quotidien.
Août : 3 millions de réfugiés syriens enregistrés par le HCR*. Le conflit en Irak pèse sur les capacités humanitaires.
Alors que trois millions de Syriens ont fui leur pays, le manque de financements de l'aide internationale est alarmant. L'appel des Nations unies pour la crise syrienne, d'un montant de 3,5 milliards d'euros, n'est financé qu'à 27%. Des dizaines de milliers d'enfants syriens sont obligés de travailler pour aider leur famille à survivre.
Fin août, suite au début du conflit en Irak, CARE organise une mission d'évaluation dans la région irakienne du Kurdistan. Plus de 700 000 Irakiens ont été déplacés pour échapper à la violence. Ils ont trouvé refuge dans des écoles, des églises, des bâtiments délabrés, des parcs ou des bâtiments municipaux. La plupart d'entre eux ont dû se cacher plusieurs jours dans les montagnes. Certains enfants sont morts de soif. Des filles et des femmes ont été violées ou kidnappées. La communauté locale, les organisations humanitaires et les Nations unies intensifient leur action mais cette nouvelle crise met à rude épreuve les moyens d'actions existants.
* Le Haut Commissariat pour les réfugiés
Septembre : Premier jour d'école dans le camp d'Azraq. Début de la crise de Kobané.
Des dizaines de milliers de Syriens traversent la frontière turque pour fuir la ville de Kobané. Les équipes de CARE en Turquie réagissent immédiatement et distribuent des matelas, des couvertures et du matériel de chauffage.
En Jordanie, c'est la rentrée scolaire dans le camp de réfugiés d'Azraq. Des enfants retournent à l'école pour la première fois depuis des années.
Ahmad, 10 ans, raconte : « À cause de la guerre, je ne suis pas allé à l'école pendant 3 ans. Des bombes tombaient tous les jours et mon école a été détruite. Je veux apprendre à écrire et me faire de nouveaux amis. Quand je serai grand, je veux être médecin pour soigner les blessés. »
Octobre : Une adolescente défend l'accès à l'éducation pour les enfants syriens.
Nos équipes rencontrent Mezon, 16 ans, qui vit dans le camp de réfugiés d'Azraq en Jordanie. Elle se bat pour que les enfants syriens aient accès à l'éducation.
« Quand ma famille a fui la Syrie, je ne pouvais prendre qu'un petit sac à dos avec moi. J'avais du mal à décider ce que j'allais emporter. Mon père m'a prise dans ses bras et m'a dit en désignant mon front : Tout ce dont tu as besoin est ici. Qu'importe ce qui nous arrive, la seule chose qu'on ne pourra jamais te prendre », se souvient Mezon.
Novembre : Un rêve pour la Syrie.
À l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance, le 20 novembre, CARE propose aux enfants réfugiés du camp d'Azraq de participer à un concours d'histoires et de dessins autour du thème : « mon rêve pour la Syrie ». Plus de 90 enfants racontent leurs espoirs mais aussi leurs souvenirs de la Syrie et les traumatismes de leur fuite. Seadra, 12 ans, s'est dessinée devant une cascade. Elle a utilisé des couleurs vives pour montrer la beauté de la Syrie.
Décembre : Un bilan désastreux.
Faute d'argent, le Programme alimentaire mondial est forcé de suspendre temporairement son aide à plus de 1,6 millions de réfugiés syriens. La situation est extrêmement critique. Beaucoup de mères syriennes confient à nos équipes qu'elles n'ont aucune source de revenus et que leurs enfants ne mangent qu'une fois par jour. Seuls 34% des programmes d'urgence de CARE pour les deux prochaines années ont pu être financés.
La situation des réfugiés syriens est aujourd'hui catastrophique : leurs conditions de vie se sont détériorées et des millions de Syriens ont cruellement besoin d'aide. CARE va poursuivre ses programmes en Syrie ainsi que dans les pays qui accueillent des réfugiés syriens : au Liban, en Jordanie, Turquie, Egypte et Yémen.