Une mauvaise nouvelle pour la sécurité alimentaire mondiale
L‘Ukraine et la Russie sont deux des principaux greniers du monde, en particulier pour les produits essentiels tels que le blé, le maïs, l’orge et l’huile de tournesol, ainsi que pour les engrais, qui sont essentiels à la production agricole. Plus de 30 millions de tonnes de denrées alimentaires ont été expédiées d’Ukraine malgré la guerre, grâce à l’initiative céréalière de la mer Noire.
Pour mieux comprendre
Qu’est-ce que l’initiative céréalière de la mer Noire ?
- Dans le contexte de la guerre entre la Russie et l’Ukraine (démarrée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022), cette initiative céréalière permettait de poursuivre l’acheminement des céréales ukrainiennes depuis la Russie et vers le monde entier. En 2021, les volumes de céréales exportées représentaient 12 % du marché mondial du blé, 16 % de celui du maïs, 18 % de l’orge, 20 % du colza et 50 % du tournesol (1).
- Cet accord, signé pour la première fois en juillet 2022, a permis de transporter près de 33 millions de tonnes de céréales (2). Mais la Russie a décidé de suspendre cet accord, mettant davantage encore en péril l’insécurité alimentaire dans le monde.
L’ONG CARE est extrêmement alarmée par le retrait de la Russie à l’Initiative céréalière de la mer Noire. Cette initiative, qui visait à assurer le passage sûr des céréales et des produits de base, a été une bouée de sauvetage pour des millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire, de l’Ukraine à la Corne de l’Afrique.
« Nous sommes profondément préoccupés par la suspension de l’accord sur la mer Noire. Cette suspension aura un impact négatif massif sur les pauvres du monde entier, en particulier les femmes et les familles, augmentant leur insécurité alimentaire. L’accord permettait l’exportation de céréales depuis les ports de la mer Noire, atténuant ainsi la grave crise alimentaire mondiale. L’interruption des livraisons de céréales provoquera des chocs sur les pays économiquement fragiles du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord qui dépendent de ces importations et déstabilisera les prix des denrées alimentaires à l’échelle mondiale, avec d’énormes conséquences pour des millions de personnes » déclare Emanuela Croce, directrice générale de CARE France.
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L’impact sur les pays qui souffrent de la faim
Des millions de personnes dans les pays fragiles, et en particulier les populations les plus vulnérables – les réfugiés et les ultra-pauvres – dépendent des céréales en provenance d’Ukraine. Sans cet accord, il y a un risque de flambée massive des prix des denrées alimentaires, de sorte que la pauvreté et la faim continueront de croître dans des endroits comme la Somalie, le Yémen ou le Liban. Le manque d’accès aux engrais touchera également des millions de petits producteurs, en particulier les agricultrices, en Afrique et ailleurs, affectant les rendements et mettant en danger leurs familles et leurs communautés.
Ummy Dubow, de CARE en Somalie, confirme que « l’annonce par la Russie de se retirer de l’accord sur les céréales de la mer Noire négocié par l’ONU avec l’Ukraine est alarmante. La nouvelle est dévastatrice pour les communautés somaliennes car la majorité des céréales importées de Somalie proviennent d’Ukraine et de Russie. Après des années de sécheresse en Somalie, l’augmentation des prix mondiaux des céréales a eu un impact significatif sur les familles les plus pauvres de Somalie. Le conflit persistant et la sécheresse, conjugués aux crises prolongées en Somalie, ont laissé des millions de personnes dans le besoin d’une aide humanitaire. En raison de l’échec de cet accord, nous anticipons une hausse des prix mondiaux qui entraînera des prix alimentaires locaux hors de portée de nombreuses familles déjà confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, mettant des milliers de vies en danger et aggravant la crise à laquelle elles sont confrontées. »
L’ONG CARE espère le rétablissement de l’initiative céréalière et reste mobilisée pour soutenir les populations dans leur lutte contre la pauvreté et la faim.
Source : (1) Le Monde, 2022 ; (2) Conseil de l’Union européenne, 2023
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