Sommet du G7 à Biarritz : les associations de solidarité internationale appellent le président de la République à respecter quatre conditions essentielles pour que ce G7 contribue vraiment à la lutte contre toutes les inégalités et participe à répondre aux facteurs de la triple crise sociale, climatique et des solidarités que nous vivons.
Jean-Yves Le Drian, remplaçant Emmanuel Macron suite à l’annulation de son déplacement à Biarritz, a annoncé le lancement de la présidence française du G7. Coordination SUD se félicite que le 45e sommet du G7 ait comme thème la lutte contre les toutes les inégalités. Ceci d’autant plus qu’une grande partie des inégalités dans le monde résultent des politiques décidées et mises en place par les pays du G7.
Après un Sommet du G7 en 2018 particulièrement difficile, il appartient à la présidence française du G7 de mettre en place les conditions nécessaires pour que sa présidence soit une réelle réussite pour la promotion de l’égalité des genres, la défense de l’environnement et de la biodiversité, la lutte contre les dérèglements climatiques et la lutte contre les inégalités.
70 ans après l’adoption à Paris de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, l’année 2019 marquera aussi les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant. A l’occasion du G7, Coordination SUD enjoint la France à garantir tous les droits humains, levier majeur de lutte effective et durable contre les inégalités.
Pour s’assurer que les décisions prises dans le cadre du G7 aient le plus de légitimité possible, les associations de solidarité internationale demandent à la présidence française du G7 de garantir quatre conditions essentielles pour permettre de lutter concrètement contre toutes les inégalités et d’agir pour un développement plus juste et durable.
1) Le G7 doit être un accélérateur et un incubateur d’initiatives au bénéfice du renforcement du cadre légitime du multilatéralisme, celui des Nations unies
Ce 45ème sommet doit mettre un terme aux effets d’annonces superficiels. Coordination SUD est attaché au cadre onusien, espace de discussion légitime pour un dialogue multilatéral, indispensable pour faire face aux défis tels que la lutte contre les inégalités, la pauvreté, les crises humanitaires et le réchauffement climatique. Les annonces du G7 non mises en œuvre ont des effets délétères sur le cadre multilatéral onusien.
La France et l’ensemble des pays du G7 doivent mettre en place des propositions concrètes, donnant lieu à des suivis transparents. Pour cela les annonces doivent être associées à des engagements financiers correspondants, décaissés et mis en œuvre. Ces propositions doivent respecter et promouvoir les droits humains et participer à l’atteinte des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris.
2) Le G7 doit se porter garant de la cohérence des politiques et des initiatives qu’il promeut
Les États membres du G7 doivent appliquer dans leurs politiques nationales les principes et initiatives qu’ils promeuvent à l’international. Chaque État doit revoir à la hausse ses engagements pour lutter contre les changements climatiques, renforcer sa politique contre l’évasion fiscale et prendre des mesures fortes en faveur du respect des droits des femmes et de l’égalité de genre. Ils doivent également garantir que leurs politiques soient cohérentes entre elles, et avec les objectifs de développement et de lutte contre les inégalités qu’ils se fixent à l’international.
3) Le G7 doit agir pour et avec toutes les populations, celles des pays membres du G7 et celles des pays partenaires
Les problématiques des inégalités, des dégradations environnementales et du changement climatique touchent tous les pays. Les chefs et cheffes d’État membres du G7 doivent s’assurer que les personnes concernées par les politiques puissent contribuer aux discussions afin d’informer les décisions.
Pour y parvenir, l’inclusion doit être totale, en ne se limitant pas à une simple consultation mais à travers une concertation à égalité des parties prenantes à toutes les étapes de préparation du G7 puis de leurs mises en œuvre : les organisations et communautés de la société civile des pays du G7 et des pays partenaires, les États concernés par les politiques discutées ainsi que les organisations internationales pertinentes.
4) Le G7 doit être redevable face à tous les citoyens et citoyennes
Chaque déclaration et décision prise lors des réunions ministérielles et du Sommet doivent être suivies d’action et mises en œuvre dans un temps imparti. Les gouvernements du G7 sont redevables des engagements pris et doivent rendre compte des mesures prises devant leurs citoyens et citoyennes. La France sera en charge du rapport de redevabilité et doit mettre un accent particulier sur cet enjeu tout au long de sa président.
Nos organisations françaises souhaitent que ce G7 2019 initie des engagements concrets et réponde aux attentes des citoyens et citoyennes en matière de lutte contre les inégalités dans les pays du G7 et au-delà. Nous nous mobiliseront tout au long du processus pour cela.
A propos de Coordination Sud
CARE France est membre de Coordination SUD – Solidarité Urgence Développement - coordination nationale des ONG françaises de solidarité internationale. Elle rassemble aujourd’hui 164 ONG, adhérents directs ou au travers de six collectifs (Clong-Volontariat, Cnajep, Coordination humanitaire et développement, Crid, Forim, Groupe Initiatives), qui mènent des actions humanitaires d’urgence, d’aide au développement, de protection de l’environnement, de défense des droits humains auprès des populations défavorisées mais aussi des actions d’éducation à la solidarité internationale et de plaidoyer.