Le personnel médical et humanitaire toujours visé par les attaques israéliennes

Treize jours après que l’armée israélienne a émis des ordres de déplacement forcé massif dans le nord de Gaza, l’ONG palestinienne Juzoor pour la santé et le développement social, partenaire de CARE, a perdu deux de ses membres du personnel : Laila Jneid sage-femme, a été tuée avec ses parents le 12 octobre dernier. Le Dr Ahmad Al-Najar est décédé alors qu’il exerçait ses fonctions dans un centre médical à Al-Falouja, en bordure du camp de réfugiés de Jabalia, il y a deux jours. Dimanche dernier, le Dr Alaa Al-Sayyad a également été grièvement blessé dans l’exercice de ses fonctions et est actuellement dans le coma. Des efforts sont toujours en cours pour tenter de le transférer dans un hôpital qui pourra lui offrir les soins de santé adaptés.

« Nous adressons nos sincères condoléances aux familles du personnel médical de Juzoor qui endure depuis plus d'un an l’injustice et l’horreur, tout en essayant de soutenir les populations sous la menace constante des bombes. »

Jolien Veldwijk, directrice de CARE Palestine (Cisjordanie et Gaza)

« Ces pertes montrent les immenses sacrifices personnels des agents de santé et des humanitaires qui mettent leur vie en danger chaque jour. Leur mémoire continuera de nous inspirer et nous encourage à poursuivre notre mission de sauver des vies et d’appeler à la fin de cette violence effrénée. »

CARE soutient le travail extraordinaire de l’équipe médicale de Juzoor depuis l’escalade du conflit il y a un an. Juzoor est l’une des rares organisations à avoir pu rester opérationnelle dans le nord de Gaza pendant les bombardements et le siège. Malgré les ordres de déplacement forcé reçus dimanche 6 octobre, l’équipe de Juzoor a choisi de rester sur place et de poursuivre son travail de sauvetage dans les abris et les centres de santé.

Nos équipes témoignent d'une situation catastrophique à Gaza

« C'est indescriptible. Des morts, des morceaux de corps coupés et des blessés partout. Nous recevons des appels d'urgence de toutes les régions du nord de Gaza. Les ambulances ne sont pas en mesure d'atteindre les blessés. »

Dr Taghreed Al-Imawi, membre du personnel de Juzoor et gynécologue obstétricien dans le nord de Gaza.

« Nous avons vu 23 femmes enceintes parmi les blessés arrivés à l‘hôpital depuis la semaine dernière. Blessées par des éclats d’obus, des tirs, ou souffrant de fractures. L’hôpital Kamal Adwan et d’autres hôpitaux ont reçu l‘ordre d’évacuer, mais il n’y a aucun moyen de partir de toute façon. »

Les forces israéliennes ont émis des ordres de déplacement forcé qui s’appliquent aux 400 000 Palestiniens qui restent dans le nord de Gaza, tout en empêchant la nourriture d’entrer dans la ville et dans d’autres zones du nord. Selon l’ONU, 9 000 femmes enceintes ont été déplacées. Au moins 350 Palestiniens ont été tués dans le nord de Gaza depuis le renforcement du siège et l’intensification des frappes aériennes. Mais il est impossible de déterminer le nombre exact de pertes civiles, car trop souvent les blessés ne parviennent pas à rejoindre les hôpitaux.

Les hôpitaux et le personnel médical sont attaqués chaque jour

En raison des attaques contre les hôpitaux et de la mort d’environ 1 000 membres du personnel de santé depuis octobre 2023, les hôpitaux manquent de médecins, de sages-femmes et d’infirmières.

« La section de pédiatrie est fermée car elle est remplie de blessés. La situation est la même dans la section de chirurgie et la réception. L'hôpital a été bombardé à plusieurs reprises et pris pour cible par des tireurs embusqués. Les gens sont terrifiés à l'idée de venir ici maintenant. »

Dr Al-Imawi, personnel soignant à Gaza

« Notre capacité à continuer à travailler diminue de minute en minute. De nombreux membres du personnel de l’hôpital sont partis. Nous n’avons plus qu’une seule salle d’opération fonctionnelle et un seul chirurgien. La plupart des pharmacies sont fermées et nous sommes à court de la plupart des médicaments dont nous avons besoin.

Seuls trois hôpitaux dans le nord de Gaza fonctionnent à leur capacité minimale, sans approvisionnement suffisant en carburant ou en sang. Dans les circonstances actuelles, il est impossible d’effectuer des interventions chirurgicales avancées pour les patients des unités de soins intensifs. »

Les populations civiles manquent de tout

« Nous n'avons pas reçu de nourriture ni d'eau depuis 11 jours. Les souffrances s'aggravent de jour en jour. »

Ismail, un père de deux enfants qui survit dans les environs de Jabalia

« Nous devons faut faire la queue pour remplir deux jerrycans d’eau de mer et attendre à nouveau 4 à 5 jours. Pour boire, nous avons environs 14 à 15 litres tous les trois jours pour toute la famille », a déclaré Alaa, une femme déplacée réfugiée dans une école de la ville de Gaza.

Les niveaux élevés de faim, les pluies abondantes, le manque d’eau potable et la propagation de la poliomyélite et des maladies infectieuses font peser des risques supplémentaires sur la vie des femmes et des enfants. Dans le nord de Gaza, un enfant sur trois souffre de malnutrition aiguë, tandis que 40 % des grossesses sont considérées comme à haut risque.

« Outre les morts, les destructions et les souffrances physiques, le traumatisme psychologique extrême causé par cette campagne de déplacements forcés et de siège est palpable et dévastateur. Ne pas permettre à quelques dizaines de camions de carburant, d’eau et de nourriture d’entrer pour aider une population assiégéebombardée et affamée qui endure une année de violence incessante porte cette situation déjà inhumaine à de nouveaux niveaux choquants », affirme Jolien Veldwijk, directrice de CARE Palestine (Cisjordanie et Gaza). 

Le personnel humanitaire doit être protégé

L’escalade dramatique de la violence et le siège du nord de Gaza empêchent l’aide humanitaire d’atteindre les centaines de milliers de civils pris au piège.

Face au drame que vivent nos équipes et l’ensemble du personnel humanitaire présent sur place, CARE réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et durable, à la protection des civils, des travailleurs humanitaires et des infrastructures civiles contre les attaques. 

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  • Adéa Guillot ou Laury-Anne Bellessa : 07 86 00 42 75.

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