Un risque imminent de famine généralisée à Gaza

« Des enfants qui s’amaigrissent au fil des jours, des enfants qui peuvent à peine parler et marcher à cause de la faim. La faim est une mort lente et douloureuse. Dans le nord de la bande de Gaza, le personnel de santé que nous soutenons est témoin d’une situation catastrophique », alerte Hiba Tibi, directrice de CARE en Cisjordanie et à Gaza. 

C’est aussi la conclusion de ce nouveau rapport international qui tire la sonnette d’alarme. Si elle n’a pas déjà commencé dans les gouvernorats du nord de Gaza, la famine est imminente et pourrait survenir à n’importe quel moment entre aujourd’hui et mai. Et dans le reste de Gaza ? L’IPC (initiative internationale sur la faim) alerte sur le risque de famine (soit « l’inaccessibilité absolue de la nourriture à une population entière ou à un sous-groupe d’une population, pouvant causer la mort à court terme ») entre maintenant et juillet.

« Les dirigeants mondiaux ont raison de mettre en garde contre l’utilisation de la famine comme arme de guerre à Gaza », explique Sofia Sprechmann Sineiro, secrétaire générale de l’ONG CARE. CARE fait partie des organisations qui distribuent une aide à Gaza et apportent leur expertise à l’IPC.

Gaza, une crise humanitaire inégalée en termes de rapidité et de gravité

« Normalement, les famines mettent du temps à se développer, mais la crise actuelle à Gaza est d’une rapidité, d’une ampleur et d’une gravité inégalées, » explique Dalmar Ainashe qui a plus de 20 ans d’expérience en matière d’insécurité alimentaire aiguë, de malnutrition et de famines. « La crise alimentaire à Gaza se situe au sommet de l’échelle de l’IPC et est sans précédent depuis la création de l’IPC en 2004. Ce plongeon rapide dans la famine et l’ampleur des souffrances humaines à Gaza soulignent la nécessité d’une réponse humanitaire urgente, étendue et durable », continue Dalmar Ainashe, expert en sécurité alimentaire pour CARE et responsable du partenariat entre CARE et l’IPC.

« Les dirigeants mondiaux ont raison de mettre en garde contre l’utilisation de la famine comme arme de guerre à Gaza. » 

– Sofia Sprechmann Sineiro, secrétaire générale de l’ONG CARE

L'ONG CARE soutient les populations à Gaza et appelle à un cessez-le-feu.
© CARE
Les destructions à Gaza suite aux bombardements
© CARE

Des décès dus à la malnutrition sont signalés par nos partenaires à Gaza

Outre le risque de famine, une personne sur deux à Gaza, soit 1,11 million de personnes, souffre déjà de faim « catastrophique », selon ce nouveau rapport de l’IPC. Il s’agit du stade le plus élevé et le plus aigu du système de classification de l’insécurité alimentaire de l’IPC (phase 5) lorsque les populations sont confrontées à un manque extrême de nourriture et ne sont pas en mesure de satisfaire leurs autres besoins fondamentaux qui met leur vie en danger.

Quant au reste de la population de Gaza ? Elle est aussi confronté à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë : presque toutes les familles sautent des repas chaque jour et les adultes réduisent leurs repas pour que les enfants puissent manger.

« Nos craintes que les victimes de la faim, de la déshydratation et de maladies seraient plus nombreuses à Gaza que celles des bombes étaient et sont malheureusement fondées », alerte Hiba Tibi. Alors que les bombardements et les attaques terrestres sur Gaza ont déjà tué plus de 31 000 personnes, dont 13 000 enfants, des décès dus à la famine et à la malnutrition sont désormais signalés. C’est un nouveau tournant critique dans cette guerre.

 Et la rapidité avec laquelle la situation humanitaire s’est détériorée signifie que ces morts liées à la faim continueront à augmenter de façon exponentielle.

« Nos partenaires qui gèrent des centres de santé dans le nord Gaza ont signalé que le nombre d’enfants souffrant de malnutrition modérée ou sévère avait presque doublé entre janvier et février. Nous entendons aussi parler de bébés qui naissent et meurent dans les abris sans même avoir été enregistrés dans les hôpitaux. Comme s’ils n’existaient pas. »

« Leur personnel médical voit des enfants s’amaigrir au fil des jours, des enfants qui peuvent à peine parler et marcher à cause de la faim. »

– Hiba Tibi, directrice de l’ONG CARE en Cisjordanie et à Gaza.

L'ONG CARE demande un cessez-le-feu pour Gaza.
© CARE
L'ONG CARE soutient les populations à Gaza.
© CARE

Les raisons de la crise humanitaire à Gaza

« La situation à Gaza est insensée et d’autant plus déchirante qu’elle pourrait être évitée. Cette crise humanitaire est entièrement due à l’Homme », dénonce Sofia Sprechmann Sineiro, secrétaire générale de l’ONG CARE. Cette crise est le résultat direct des bombardements et des attaques incessantes et aveugles contre les populations et les convois d’aide humanitaire, du blocus de l’eau et de l’électricité ainsi que du siège actuel par Israël qui restreint l’entrée et la distribution de marchandises commerciales essentielles et de l’aide humanitaire . « Entre janvier et février, les niveaux d’aide autorisés à entrer dans Gaza par Israël ont diminué de 50 %. Ces restrictions entravent gravement la capacité des acteurs humanitaires à fournir l’aide dont les populations ont cruellement besoin pour survivre », alerte Hiba Tibi.

Quant aux récents efforts récents et projets d’acheminement de l’aide par voie aérienne et maritime ? « Ils ne doivent pas être considérés comme un substitut à l’acheminement par voie terrestre », explique Hiba Tibi. « Le moyen le plus simple, le plus immédiat et le plus rentable d’acheminer l’aide humanitaire dont Gaza a besoin de manière urgente reste les points de passage terrestres existants. »

C’est pourquoi, CARE réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et durable, au libre accès de l’aide humanitaire dans l’ensemble de la bande de Gaza, à l’évacuation des malades et des blessés et à la libération de tous les otages.

Quelle aide apporter à Gaza pour éviter la famine ?

« La situation à Gaza est tout simplement insupportable, injustifiable et doit cesser immédiatement. Seul un cessez-le-feu immédiat et une action urgente pour garantir l’accès aux soins de santé, à la nourriture, à l’eau et aux autres produits de première nécessité pour les populations palestiniennes de Gaza, en particulier les femmes et les enfants, changeront la trajectoire de cette crise qui se déroule sous nos yeux à un rythme sans précédent », ajoute Hiba Tibi.

CARE rappelle d’urgence aux États membres de l’ONU la résolution 2417 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée à l’unanimité en 2018, qui vise à déclencher une action du Conseil en cas de risque de famine induite par un conflit affectant les populations civiles.

Des personnes meurent de faim à Gaza. Il faut agir maintenant !

L'action de l'ONG CARE à Gaza :  

  • Depuis l’escalade du conflit en octobre, l’équipe de CARE à Gaza et ses partenaires locaux ont aidé 317 000 personnes. Nous agissons dans le sud et sommes l’une des 3 dernières ONG internationales présentes dans le nord de Gaza. CARE a distribué des kits d’hygiène, des articles d’abris tels que des couvertures et des matelas, et de l’eau potable. CARE fournit également un soutien médical, notamment des médicaments, du matériel médical et des services de santé primaires. 
  • L’ONG CARE opère à Gaza et en Cisjordanie depuis 1948. Nous continuons d’aider environ 300 000 personnes en Cisjordanie. 

© CARE

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Note aux rédactions

  • La classification intégrée des phases de sécurité alimentaire (IPC) est une initiative multipartenaire visant à améliorer l’analyse et la prise de décision en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. En utilisant la classification et l’approche analytique de l’IPC, les gouvernements, les agences des Nations unies, les ONG, la société civile travaillent ensemble pour déterminer la gravité et l’ampleur de l’insécurité alimentaire aiguë et chronique et des situations de malnutrition aiguë dans un pays, selon des normes scientifiques internationalement reconnues. Pour en savoir plus : https://www.ipcinfo.org/

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