50 000 réfugiés sont actuellement bloqués en Grèce dans des conditions très précaires. Ils peuvent compter sur la générosité des populations grecques. Une solidarité à saluer puisqu'un cinquième des Grecs vivent sous le seuil de pauvreté.
« Nous avons fui les combats en Syrie pour arriver dans un camp où tout était boueux »
Sadiqa est née sourde et muette. Il y a deux ans, une bombe a frappé sa maison à Alep, au milieu de la nuit. Elle et sa famille ont dû fuir le plus vite possible. Dans la précipitation, elle n’a pas pu emporter sa prothèse auditive.
« Nous nous sommes cachés dans plusieurs zones de la ville pendant deux ans. Je ne savais pas quand les combats s’approchaient. Je n’entendais rien », raconte Sadiqa.
Sadiqa et sa famille sont arrivés en Grèce il y a quelques semaines, peu après l’accord entre l’Europe et la Turquie. Ils se sont réfugiés à Cherso, un des camps gérés par le gouvernement grec.
« C’était très difficile. Mes enfants n’ont que cinq et six ans. Ils étaient constamment apeurés. Tout était boueux et trempé. »
« Les Grecs sont accueillants malgré le peu de moyens qu’ils ont »
Puis ils ont rencontré M. Aris, un habitant grec, qui accueillait des réfugiés dans son petit appartement. Initialement, Sadiqa et sa famille devaient rester un ou deux jours afin de pouvoir prendre un vrai bain et se reposer. Mais les deux familles s’entendent tellement bien que cela fait plusieurs semaines que Sadiqa, son mari et ses enfants dorment dans le salon de M. Aris.
« Nous ne parlons pas la même langue mais ma famille a l’habitude de communiquer en langue des signes. Il y a quelques jours, M. Aris et ses amis m’ont fait une surprise en m’offrant une nouvelle prothèse auditive. Comme je n’ai pas saisi les premiers mots entendus depuis deux ans, j’ai cru que j’avais oublié ma langue maternelle. Et puis j’ai compris que c’était du grec ! », dit-elle en souriant.
« Nous avons demandé à être accueillis en Allemagne. Nous aimons beaucoup la Grèce. Tout le monde est très gentil. Mais les personnes comme M. Aris ont peu de moyens. Je m’inquiète pour l’avenir à chaque instant. Je veux travailler et que mes enfants aillent à l’école. »
Un cinquième de la population grecque vit sous le seuil de pauvreté
Alexandra Zavvos, 26 ans, travaille depuis deux ans et demi pour Solidarity Now, l’association partenaire de CARE.
« Notre travail a beaucoup changé ces derniers mois. À un moment, nous voyions 10 000 personnes traverser la frontière chaque jour. Nous avions l’habitude de les aider lors de leur passage et de les voir poursuivre leur périple. Désormais, nous devons aider les personnes qui sont bloquées ici.
Quasiment aucun des réfugiés ne sait où et comment s’inscrire pour une demande d’asile ou de réunification familiale. Leur avenir est incertain. Le principal défi de cette crise est le manque d’informations.
La population grecque est incroyablement accueillante et généreuse. Mais beaucoup de Grecs ont très peu de moyens à cause de la crise économique. Environ un cinquième de la population grecque vit elle-même sous le seuil de pauvreté. ».
Les centres mis en place par Solidarity Now offrent une assistance juridique, sociale et médicale aux réfugiés et aux migrants.
CARE a déjà aidé 2 200 réfugiés. CARE aide financièrement les réfugiés à Athènes et dans le nord du pays, afin qu’ils puissent couvrir certains de leurs besoins fondamentaux (nourriture, vêtements, soins de santé). CARE fournit également un accès gratuit à internet et des services de rechargement de téléphones portables dans certains des sites.
Dans les semaines à venir, CARE et son partenaire local, l’association Solidarity Now, prévoient de distribuer des kits d’hygiène aux réfugiés et de leur procurer un accès à l’eau ainsi que des installations sanitaires. Nos équipes mèneront des séances de sensibilisation aux pratiques et règles d’hygiène.