Une impuissance face à la guerre
« Je ne sais pas si les gens réalisent à quel point c’est dur d’être vu par son propre enfant dans un état d’impuissance. Vos enfants vous regardent, et pour eux, vous êtes responsable de tout. J’ai déplacé mes enfants neuf fois au cours des six derniers mois », témoigne Oana*, réfugiée ukrainienne, soutenue par nos équipes en Roumanie. Elle fait partie de 7,89 millions de réfugiés qui ont quitté le pays (1). Et désormais le froid qui sévit en Ukraine s’ajoute aux violences poussant de nombreuses familles à fuir.
Tatiana, 36 ans, et sa famille, eux, sont toujours en Ukraine. Mais ils ont parcouru 140 km pour fuir les combats dans le nord-est du pays. « Il y avait beaucoup de combats et de tirs autour de nous. Je ne voulais pas partir, quitter notre maison, mais à la fin nous avions trop peur. Sur la route, il y avait beaucoup de personnes armées. Maintenant, quand mon fils de 4 ans entend des sons qu’il ne reconnaît pas, il crie “les tanks, les tanks arrivent”. »
* Le prénom a été changé
“Mes enfants se cachent sous leur lit à cause des bombes.”
Les vies d’Oana et Tatiana et leurs enfants ont été bouleversées par les violences dont ils ont été témoins. Les bombardements et attaques frappent régulièrement les infrastructures civiles, comme les hôpitaux ou les habitations.
« Au moment de fuir, j’ai rassemblé quelques affaires en urgence. Ma fille voulait prendre les licornes qui décoraient sa chambre. Cétait impossible. Nous ne pouvions prendre que l’essentiel. Pour la consoler, à la gare, j’ai dessiné une licorne avec une craie sur le sol. J’ai pleuré en pensant qu’une bombe pourrait détruire l’endroit préféré de mes enfants. Là où ils avaient l’habitude de dormir en sécurité. Cette guerre a volé leur enfance. Autrefois, ils avaient peur du monstre sous le lit. Depuis le début de la guerre, c’est là qu’ils se cachaient à chaque explosion », raconte Oana.
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Tatiana aussi a été traumatisée par le flot de violences. « Je me souviens d’une pièce sombre, des alarmes aériennes et des explosions qui retentissent au-dehors. J’ai accouché de ma plus jeune fille en pleine guerre dans un hôpital vide. Tous les patients étaient déjà partis, une petite équipe de médecins et infirmières était encore là. Chaque fois qu’une porte se fermait, je pensais que quelqu’un tirait. Nous sommes repartis le lendemain de mon accouchement pour fuir plus loin. »
« Chaque fois qu’une porte se fermait, je pensais que quelqu’un tirait. » Tatiana, 36 ans, traumatisée par les combats en Ukraine.
9 mois après l’escalade de la guerre, quelle vie maintenant ?
« Il y a un an, je pensais que le plus dangereux pour mes enfants était de manger trop de sucre chez leurs grands-parents. Mais pendant notre fuite, j’ai dû écrire sur leur peau mon numéro de téléphone, leurs noms et leurs dates de naissance de peur qu’on soit séparés, de les perdre. Les soucis quotidiens d’avant me manquent : “Ne mange pas ce gâteau”, “ne sois pas en retard à l’école”… Avant tout cela, nous n’arrivions pas à nous lever à l’heure le matin, maintenant nous ne dormons plus« , raconte Oana.
17,7 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire de toute urgence en Ukraine (2).
« C’est difficile », affirme Tatiana. « Chez nous, nous avions des projets. Maintenant, nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Mes enfants, les plus grands, ont cessé de jouer de la musique et ne chantent plus. Je ne sais pas comment les aider. »
Sources : (1) et (2) OCHA, Novembre 2022
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L’ONG CARE et ses partenaires (des associations locales) ont déjà aidé plus de 940 500 personnes affectées par cette crise. Nous agissons en Ukraine et dans les pays qui accueillent des réfugiés : Pologne, Slovaquie, Roumanie, Moldavie, Géorgie et Allemagne.
Notre priorité est d’apporter une aide d’urgence pour répondre aux besoins immédiats des familles affectées par les combats : nourriture et eau, kits d’hygiène, aide financière, soins de santé, médicaments et un soutien psychosocial pour faire face aux traumatismes.
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© M. Levin / OCHA
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