L’ouragan Matthew a atteint Haïti hier après-midi. Nos équipes locales, jointes ce matin sur skype, font un état des lieux des dommages et des urgences. CARE a déjà commencé les distributions pour les populations affectées.
Quelle est la situation actuelle ?
L'ouragan est toujours dans la pointe nord-ouest de l'île. Il ne quittera le territoire haïtien que dans une heure ou deux. Si la situation s’est stabilisée à Port-au-Prince - malgré les inondations, des arbres et des lignes téléphoniques arrachés -, de fortes pluies continuent dans certaines régions au sud.
Le sud d’Haïti et l'île de Gonâve ont été particulièrement touchés. Ces régions sont aujourd’hui totalement coupées du monde. Nous avons beaucoup de mal à joindre nos équipes présentes dans la région de la Grand’Anse, dans le sud-ouest de l’île.
Quels sont les impacts de cet ouragan ?
Heureusement, le bilan humain reste faible pour l’instant : 5 morts selon les premières estimations. Mais le nombre de personnes affectées se compte en dizaines de milliers.
Il est encore difficile d'évaluer les dégâts mais on sait qu’il y a eu de forts vents, des inondations et des glissements de terrain dans le sud. Des maisons ont été détruites : 1 855 maisons ont été inondées, selon les premières estimations. Les infrastructures, routes et ponts, ont subi d’importants dommages. Du bétail a été emporté par les inondations et certaines productions agricoles ont été détruites.
Entre 10 et 15 000 personnes ont été déplacées dans des abris collectifs : les familles qui vivaient dans les endroits les plus à risque. La majorité des Haïtiens n’ont pas voulu quitter leur maison car ils voulaient protéger leurs biens.
Quelle est l’ampleur de cette urgence ?
Pour l'instant, nous savons que des dizaines de milliers de personnes sont affectées par cette catastrophe. Ce chiffre pourrait rapidement augmenter car les pluies se poursuivent. Et nous sommes encore dans les premières heures de l’urgence, nos équipes présentes dans les zones les plus touchées vont pouvoir évaluer plus précisément l’ampleur des dégâts.
Pour l’instant, nous avons l’impression que les dommages sont à peu près similaires au passage des ouragans Isaac ou Sandy : les dégâts avaient été chiffrés à environ un milliard de dollars selon le gouvernement haïtien.
Quelles sont les priorités ?
Il faut répondre au plus urgent : eau, nourriture, abris, hygiène. Nos équipes assurent actuellement des distributions d'eau et de repas chauds aux personnes évacuées dans la région de la Grand’Anse et dans le département du Sud-Est. Le même type d'actions va être mené dans 3 autres départements : Ouest, Artibonite et Plateau central.
Dans le Sud, nous avons pré-positionné des stocks d’urgence, tels que des réserves d’eau, des kits d’hygiène, des bâches et des couvertures. Nous allons commencer à les distribuer. Nous prévoyons de soutenir près de 50 000 personnes.
Nous avons déjà commencé les distributions de couvertures et de jerricans à Port-au-Prince ce matin (hier en fin d’après-midi, heure de Paris). Nous distribuons également de l'eau et des repas chauds dans les centres d'hébergements de Port-au-Prince (3 700 personnes soutenues durant la journée).
Et ensuite ?
La reconstruction prendra plusieurs mois. Les populations affectées sont très pauvres et font face à des crises récurrentes : depuis 2010, un séisme, deux ouragans, une tempête tropicale, deux sécheresses dont une provoquée par El Nino. Nous sommes très inquiets sur la capacité des personnes les plus pauvres à pouvoir rebondir après cette nouvelle catastrophe.
Il faut absolument réfléchir sur le plus long terme et aider les populations à être plus résilientes face aux chocs. Il existe des solutions. Ainsi, CARE soutient depuis plusieurs années des associations villageoises d’épargne et de crédit. Après l’ouragan Sandy, les membres de ces associations avaient pu se partager une épargne de plus de 43 000 dollars : cette somme les avait aidés à redémarrer leurs cultures et petits business.
Contacts médias
L'ONG CARE est présente en Haïti depuis 1954. Nos équipes locales (francophones et anglophones) sont disponibles pour tout commentaire.
Contactez Laury-Anne Bellessa, responsable des relations médias chez CARE France, bellessa@carefrance.org, 07 86 00 42 75