Haïti vient de subir le passage de l'ouragan Matthew. Nos équipes présentes dans les régions sud du pays, très difficilement accessibles, rapportent l’ampleur des dommages. Jean-Michel Vigreux, le directeur de notre bureau local, s’inquiète des impacts sur les populations.
Quelle est l’ampleur des dommages causés par l’ouragan Matthew ?
Plus d’un million de personnes sont affectées par cet ouragan. Les vents violents, les pluies torrentielles, les inondations et glissements de terrain ont fait de nombreux dégâts : près de 2 700 maisons ont été endommagées ou détruites.
Ce premier bilan devrait empirer avec l’évaluation finale des dommages causés dans la partie sud du pays, aujourd’hui difficilement accessible. Ces régions (Grand’Anse, Sud) ont été les plus durement touchées.
Nous avons une équipe de 16 personnes dans la commune de Jérémie, chef-lieu du département de Grand'Anse. Selon nos collègues, plus de 80% des bâtiments de cette ville de 30 000 habitants ont été détruits. Les lignes électriques ont été arrachées. L’hôpital ne fonctionne plus, faute d’électricité. Avant l’ouragan, cinq centres d’hébergement avaient été mis en place pour accueillir la population. Aujourd’hui, ils ne sont pas en capacité d’accueillir tout le monde. En 48h, 25 centres de fortune ont été créés pour protéger les populations du vent et de la pluie. La population est très secouée par cette catastrophe.
Quelle est l’action des humanitaires ?
350 000 personnes ont besoin d’une aide d’urgence, selon les premières estimations des Nations unies.
La destruction d’un pont reliant Port-au-Prince aux villes des Cayes et de Jérémie complique les opérations de secours dans les régions du sud-est, les plus durement touchées. CARE avait anticipé ce risque : des équipes et des stocks d’urgences ont été pré-positionnés dans ces régions. Ainsi, nous pouvons poursuivre nos distributions d’eau et de nourriture. C’est notamment le cas dans les abris de Jacmel - la capitale du département Sud-Est - où le nombre de personnes hébergées a doublé ces dernières 24h, passant de 2 700 à 4 000 personnes.
Nous prévoyons d’aider 50 000 personnes dans les prochains jours grâce à ces actions et des distributions de kits d’hygiène et d’abris. Mais nos stocks ne dureront pas éternellement. Dans les villes coupées du monde, les populations n’ont déjà pratiquement plus de nourriture et d’argent.
Les humanitaires vont devoir relever un véritable défi logistique pour fournir une aide aux populations dans ces zones très difficiles d’accès.
Quelles seront les conséquences de cette catastrophe ?
Nous craignons également que les inondations entraînent des risques sanitaires. Dans la ville de Jérémie, on dénombre déjà trois nouveaux cas de choléra. Pour éviter que la propagation d’une épidémie, CARE va distribuer des tablettes de purification d’eau et des kits d’hygiène.
Outre la première urgence, nous sommes aussi très inquiets des conséquences sur le long terme. De nombreuses personnes ont perdu leur maison, leurs plantations, leur bétail, leurs moyens de subsistance. Les conséquences de cet ouragan pourraient être terribles pour les populations qui ne se sont pas encore complètement relevées de plusieurs chocs successifs depuis 2010 : séismes, tempêtes, sécheresses.
L’ouragan a poursuivi sa route jusqu’à Cuba. Quelle est la situation là-bas ?
L’ouragan Matthew a frappé la pointe est de Cuba. Plus de 300 000 personnes ont été évacuées dans des abris provisoires. L’ouragan a provoqué des glissements de terrain et des inondations dans les zones côtières. L’ensemble des dommages n’a pas encore été évalué. Mais là aussi les conséquences sur le long terme seront difficiles pour les populations les plus pauvres.
Contacts médias
CARE est présente en Haïti depuis 1954 à Cuba depuis 1995. Nos équipes locales sont disponibles pour tout commentaire.
Contactez Laury-Anne Bellessa, responsable des relations médias chez CARE France, bellessa@carefrance.org, 07 86 00 42 75