Le changement climatique est sexiste : les femmes subissent une double injustice

C’est un fait peu connu. Partout dans le monde, que ce soit sur les îles menacées par les catastrophes ou dans les plaines agricoles ravagées par la sécheresse, les femmes et les filles portent doublement le fardeau de la crise climatique. Pourquoi ? Parce que le changement climatique exacerbe les inégalités entre les hommes et les femmes, les garçons et les filles.

« Dans de nombreuses régions du monde, le changement climatique expose les femmes et les filles à un risque accru de violences sexistes, les rendant d’autant plus vulnérables. Le changement climatique est non seulement une crise environnementale, mais c’est aussi une crise sociale, d’égalité entre les femmes et les hommes. C’est pourquoi, notre campagne de sensibilisation met en avant le symbole de Vénus en flammes ou émergeant d’un champ inondé pour illustrer de manière forte cette double injustice. L’action contre le changement climatique doit passer par la défense des droits des femmes », alerte Fanny Petitbon, responsable plaidoyer pour CARE France.

  • Dans certaines régions du monde, l’augmentation des mariages forcés est directement corrélée aux catastrophes climatiques. Au Bangladesh par exemple, le nombre de mariages de filles âgées de 11 à 14 ans a augmenté de 50% lors d’une vague de chaleur de plus de trente jours (1).
  • Alors que les ressources en eau sont de plus en plus rares, deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Au Botswana, 56 % des filles ont dû parcourir de plus longues distances et passer plus de temps que d’habitude pour aller chercher de l’eau (2).

Dans les pays du Sud, les femmes assument la plus grande partie du travail domestique : préparer la nourriture, collecter de l’eau, du bois ou toute autre ressource énergétique. Elles sont donc en premières lignes face aux impacts climatiques. C’est toute une génération de femmes et de filles – nommée « Gen Adapt » par CARE – qui est désormais forcée de trouver des façons de s’adapter à une nouvelle réalité climatique plus difficile.

« Les changements climatiques irréguliers affectent grandement les femmes ici. Il n’y a pas d’eau au moment de semer le riz et au moment de la récolte, c’est le déluge », explique Phong, agricultrice soutenue par CARE au Vietnam. La baisse de la production de riz menace la sécurité alimentaire et réduit la principale source de revenus de la population vietnamienne, dans un pays où la moitié des femmes assument les tâches agricoles (3).

L’action climatique doit être féministe, mais nous en sommes encore loin

Du fait de leur position en première ligne des impacts climatiques, de leurs connaissances de la gestion des ressources naturelles et des besoins locaux, les femmes et les filles sont particulièrement bien placées pour être vectrices de changement. Elles ont le pouvoir et le potentiel de mettre en œuvre des initiatives fortes, audacieuses et durables pour renforcer leurs capacités, celles de leurs familles et de leurs communautés à mieux absorber les futurs chocs climatiques. Mais il reste encore un long chemin à parcourir.

  • L’Accord de Paris de 2015 mentionnait la nécessité de renforcer l’implication des femmes dans les prises de décisions climatiques. Pourtant, les femmes ne représentaient que 35% des participants lors de la COP27, l’année passée (4).
  • Alors que les femmes représentent 43 % de la main-d’œuvre agricole dans les pays en développement, elles ne reçoivent qu’environ 7 % des investissements du secteur. Or investir dans les agricultrices pourrait améliorer les rendements agricoles de 30 % selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, ce qui pourrait presque suffire à enrayer la baisse de la production agricole attendue d’ici 2030 du fait du changement climatique (5).

Aujourd’hui CARE appelle tous les acteurs impliqués dans l’action climatique à promouvoir l’égalité de genre et à soutenir la participation significative des femmes dans les processus de prise de décision climatique au niveau local, national et international. Il est crucial d’augmenter considérablement les financements qui visent à soutenir le rôle essentiel des femmes dans la mise en œuvre de solutions et de rendre ces financements plus accessibles pour les organisations communautaires dirigées par des femmes, qui prônent notamment l’adaptation des pratiques agricoles.

« Les femmes sont les piliers de nos familles et de nos communautés. Nous sommes des leaders, des productrices. Nous devons donc continuer d’avancer face aux défis climatiques. Et depuis que nous, les femmes, sommes formées à l’agroécologie, les gens nous écoutent », explique Virginia, agricultrice en Équateur soutenue par CARE.

Pendant 3 semaines – du 6 au 30 novembre, premier jour de la COP28 – 4 femmes et 3 filles du Vietnam, d’Équateur, du Bangladesh et des Philippines apporteront leurs témoignages sur les comptes des réseaux sociaux de CARE (plus d’informations ici).

 
Sources : (1) Le Monde, 2023 ; (2) UN Women, 2022 ; (3) CARE Vietnam, 2023 ; (4) UNFCCC, 2019 ; (5) FAO, 2010 

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L'action de CARE face au climat

Fondée en 1945, CARE est l’une des principales organisations humanitaires au monde, travaillant dans 111 pays. En 2022, nous avons aidé 174 millions de personnes dans le monde. CARE cherche à s’attaquer aux causes sous-jacentes de la pauvreté et à lutter contre les effets du réchauffement climatique. Nous accordons une attention particulière aux femmes et aux filles, qui sont les plus touchées par les impacts climatiques. Pour cela :

  • CARE soutient des projets de réduction des risques des catastrophes naturelles et climatiques et fournit une aide d’urgence aux populations touchées par ces catastrophes.
  • Nous renforçons la capacité d’adaptation des communautés aux impacts climatiques sur le long terme, notamment en promouvant des techniques agricoles résilientes.
  • Lors des conférences internationales sur le climat, nous soutenons la voix des populations les plus affectées afin que les gouvernements prennent des mesures concrètes et ambitieuses contre le changement climatique.

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