L’urgence climatique et ses conséquences
C’est officiel. Nous avons déjà atteint un réchauffement climatique de +1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle (1). « Aujourd’hui, tout le monde subit déjà les conséquences du changement climatique. Aucun pays n’est épargné : canicules, inondations, baisse des rendements agricoles… Mais ce sont les populations les plus pauvres, les moins responsables, en particulier dans les pays du Sud, qui les subissent de manière disproportionnée », explique Fanny Petitbon, experte climat de CARE.
Chaque dixième de degré compte. Il est donc urgent d’agir et de tout faire pour que la limite de 1,5°C de réchauffement climatique ne soit pas dépassée. Car pour les scientifiques, au-delà de +1,5 °C, le climat s’emballera et laissera peu de marges à l’humanité pour s’adapter. Alors que faire ?
Source : (1) GIEC, 2023
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La justice climatique passe par une mobilisation des États et des entreprises
Le premier objectif pour plus de justice climatique est de limiter une hausse des températures mondiale. Pour cela, il faut réduire massivement et drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES), responsables du réchauffement climatique. C’est l’engagement pris par 193 pays et l’Union européenne en 2015 avec l’accord de Paris.
La France doit assumer ses responsabilités
CARE agit au quotidien pour que ces engagements soient suivis d’actions concrètes ! Car aujourd’hui, les États sont loin de respecter leurs promesses climatiques. Pour ne citer qu’un exemple : la France a été condamnée deux fois par la justice pour inaction climatique et non-respect de ses engagements de lutte contre le dérèglement climatique, en novembre 2020 et octobre 2021. Et début mai 2023, le Conseil d’État a lancé un nouvel ultimatum au gouvernement lui demandant de prendre des « mesures supplémentaires » pour respecter son objectif de réduction des émissions de CO₂ (2).
La France a été condamnée deux fois par la justice pour inaction climatique.
En effet, la France n’a baissé ses émissions de gaz à effet de serre que de 23,1% en 2021 par rapport à 1990. On est donc loin d’arriver au 40% promis pour 2030 (3). CARE et plusieurs ONG environnementales françaises considèrent d’ailleurs que pour faire sa juste part, la France devrait réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 65% d’ici 2030 (4).
En tant qu’ONG, nous menons un combat permanent pour réclamer une mobilisation des États. La France, comme tant d’autres autres pays, doit prendre sa part de responsabilité. Elle est dans le top 20 des plus gros pollueurs au monde, au côté de la Chine, des États-Unis ou encore de l’Inde (5). La France a même augmenté ses émissions de CO₂ de 6,4% entre 2020 et 2021 (6). La France et les pays les plus responsables du changement climatique doivent mener des politiques environnementales réellement ambitieuses : sortie progressive de toutes les énergies fossiles, développement soutenu des énergies renouvelables, amélioration de l’efficacité énergétique des logements, investissements massifs dans les modes de transport moins polluants, réorientation du modèle agricole vers un modèle respectueux de l’environnement et des ressources... Il y a tant à faire et le temps est compté, mais c’est un enjeu crucial pour nous toutes et tous.
Sources : (2) Le Monde, 2023 (3) Haut Conseil pour le climat, 2022 (4) Réseau action climat, 2022 (5) Global Climate Project, 2019 (6) Haut Conseil pour le Climat, 2022
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Une taxation des entreprises les plus polluantes est indispensable
Si la justice climatique doit passer par une mobilisation forte de la part des États, elle implique également une action de la part des entreprises les plus polluantes. Par exemple, les entreprises du charbon, du pétrole et du gaz sont à l’origine de 75% des émissions globales de gaz à effet de serre (7). Les entreprises doivent changer radicalement leur mode de production pour protéger les ressources naturelles et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
De nombreuses ONG, le Secrétaire général des Nations unies et certains pays réclament aussi que les entreprises les plus polluantes, et en particulier leurs superprofits, soient taxées pour payer leur dette climatique.
Source : (7) Nations Unies
"“À quoi servirait cet argent ? À financer des programmes venant en aide aux populations des pays du Sud, touchées par les pires impacts climatiques dont certains sont irréversibles, que l’on appelle les pertes et dommages. Les revenus obtenus grâce à une telle taxation pourraient notamment abonder le fonds dédié aux pertes et dommages dont la création a été décidée à la COP27 en 2022"
Fanny Petitbon.
Des financements publics pour une justice climatique
Les pays riches sont historiquement les plus pollueurs et donc responsables du réchauffement climatique. Eux aussi, ont une dette climatique envers les populations du Sud qui sont les plus affectées par le changement climatique alors qu’elles en sont les moins responsables. C’est envers eux que la justice climatique doit s’adresser en priorité.
Pertes et dommages : à quoi fait-on référence ?
Des familles se retrouvent sans maison, des îles menacées d’existence face à la montée du niveau des mers, des terres entières bientôt impropres aux cultures agricoles. On appelle pertes et dommages, les pires conséquences, parfois irréversibles, du changement climatique. Ces impacts peuvent être provoqués par :
- des phénomènes météorologiques extrêmes, sachant que les catastrophes naturelles ont été multipliées par cinq depuis 1970 (8),
- des phénomènes à occurrence lente, qui passent le plus souvent inaperçus aux yeux du reste du monde, comme l’érosion côtière ou les sécheresses.
Et ces pertes et dommages coûtent cher : 580 milliards de dollars par an d’ici 2030 uniquement dans les pays du Sud (9).
Après des décennies de blocage, les pays riches ont enfin admis la nécessité de débloquer des financements spécifiquement pour répondre à ces impacts. Depuis fin 2021, plus de 12 pays et l’Union européenne se sont engagés à apporter un appui financier aux pays du Sud les plus durement touchés. Maintenant ils doivent encore tenir leurs promesses. Ce qui n’est pas gagné si on prend l’exemple de ce qu’il s’est passé en matière de financement de l’adaptation.
Sources : (8) Organisation Météorologique Mondiale, 2021 (9) RAC, 2022
Aider les pays en développement à s'adapter face au changement climatique
En plus de soutenir les pays du Sud face aux pertes et dommages, les pays riches doivent les aider à s’adapter face au changement climatique et en limiter les impacts dramatiques. Par exemple, en Afrique de l’Est, près de 40 millions de personnes souffrent actuellement de la faim aggravée par le réchauffement climatique (10).
Or, les pays riches n’ont toujours pas tenu leur promesse vieille de 14 ans : mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an, au plus tard d’ici 2020 pour aider les pays du Sud à se développer, tout en limitant leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter au changement climatique. Cette promesse ne devrait être atteinte qu’en 2023 et les pays riches n’ont pas indiqué comment ils comptaient compenser leur retard car avec chaque année qui passe, la facture des impacts climatiques augmente ! Les besoins d’adaptation au changement climatique dans les pays en développement s’aggravent au fur et à mesure de l’emballement climatique et sont estimés entre 160 et 340 milliards de dollars par an d’ici à 2030 et entre 315 et 565 milliards de dollars d’ici à 2050 (11).
Une aide financière à la hauteur des enjeux climatiques doit être accordée pour soutenir financièrement les populations du Sud. Les pays en développement n’ont pas les moyens d’y faire face. Les États riches doivent prendre leurs responsabilités et les aider financièrement.
Sources : (10) OMS, 2022 (11) UNEP, 2022
Des solutions concrètes
À ce titre, CARE soutient la mise en place d’actions concrètes : développer l’agroécologie afin de préserver les ressources naturelles, investir dans des infrastructures adaptées aux événements climatiques extrêmes, créer des réseaux d’accès à l’eau, aider à la plantation de mangroves et restaurer les systèmes de défense côtiers… « Les solutions sont nombreuses et doivent être mises en place sans plus attendre. Il en va d’une vraie justice climatique, à destination des populations les plus vulnérables, les plus durement touchées par le changement climatique », conclut Fanny Petitbon.
La justice climatique est un combat auquel l’association CARE prend part au quotidien. Les États les plus riches et les entreprises les plus polluantes doivent prendre leurs responsabilités et agir maintenant.
L'action de CARE contre le changement climatique
Les équipes de CARE agissent partout où le changement climatique bouleverse des millions de vies et aggrave les inégalités et l’extrême pauvreté dans le monde :
- nous apportons une aide vitale d’urgence aux plus vulnérables touchées par des catastrophes naturelles (nourriture, eau, abris, kits d’hygiène…)
- et renforçons leurs capacités à s’adapter aux impacts climatiques sur le long terme, grâce à des techniques agricoles résilientes par exemple.
- Nous portons la voix des populations que nous soutenons au sein des conférences internationales sur le climat afin que les gouvernements agissent contre le changement climatique.
Nous portons une attention particulière aux femmes et aux filles, qui en subissent les répercussions les plus importantes.
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