Les pertes et dommages climatiques, kezako ?

Inondations meurtrières au Pakistan, sécheresses interrompues de 4 ans en Somalie et Éthiopie… On appelle pertes et dommages, les pires conséquences, parfois irréversibles, du changement climatique.

Ces impacts peuvent être provoqués par :

  • des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que des ouragans, cyclones, inondations, qui se multiplient. Les catastrophes naturelles ont été multipliées par cinq depuis 1970 (1).
  • des phénomènes à occurrence lente, qui passent plus souvent inaperçus aux yeux du reste du monde, comme l’érosion côtière ou les sécheresses.
(1) Source : Organisation Météorologique Mondial, 2021

Concrètement, quels en sont les impacts de ces chocs climatiques ?

Des impacts économiques faramineux

Quand on voit les images des cyclones, on pense bien sûr aux impacts économiques : destructions d’hôpitaux, d’écoles et de routes, perte de revenus quand les récoltes sont anéanties.. Les coûts de ces catastrophes sont estimés à entre 290 et 580 milliards de dollars dans les pays en développement d’ici à 2030 (2). Un chiffre qui donne le tournis et est absolument intenable pour les pays les plus pauvres. 

Et un chiffre qui va malheureusement encore augmenter face à l’inaction et à l’accélération du changement climatique.

(2) Source : Loss and Damage from Climate Change, Integrated Assessment 
for Identifying Climate Finance Needs for Loss and Damage: A Critical Review
,
2018, Anil Markandya & Mikel González-Eguino 
Les conséquences du changement climatique aux Philippines
Destructions causées par un typhon aux Philippines
Les conséquences du changement climatique en somalie
La sécheresse a tué le bétail et provoque une grave crise alimentaire en Somalie

Des conséquences humaines incalculables

Mais on oublie souvent les conséquences qui sont moins visibles et impossibles à chiffrer : terres agricoles rendues inutilisables, disparition de territoires mais aussi de traditions et de langues, en raison de déplacements migratoires forcés. 

Mais aussi pertes de vies humaines. Aujourd’hui, au 21e siècle, le spectre de la famine revient dans le monde. 345 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et 50 millions de personnes sont au bord de la famine à cause de l’effet conjugué du changement climatique et de crises comme la guerre en Ukraine.

Pourquoi ça fâche les États ?

Parce que l’inaction des pays les plus riches et les plus pollueurs coûte aux plus pauvres. C’est la question de qui est responsable du changement climatique versus ceux qui en subissent les impacts.

Car les pays riches et pollueurs et les grandes entreprises pétrolières sont responsables des dérèglements climatiques, historiquement mais encore aujourd’hui. Ainsi, les 10% les plus riches polluent quatre fois plus que les 50% les plus pauvres (3). Ce n’est pas une question de solidarité mais bien de dette climatique.

(3) Source : Rapport sur les inégalités mondiales, 2022 du World Inequality Lab, collectif de chercheurs en sciences sociales au sein duquel figure notamment Thomas Piketty.

Et les États riches et pollueurs, ils en pensent quoi ?

Ils font l’autruche. Cela fait plus de 30 ans que les pays les plus vulnérables réclament à corps et à cris qu’on les aide face aux pertes et dommages. Mais, sommets internationaux après sommets, les pays riches enterrent le sujet.   

L’année dernière, alors que 135 pays – représentant six habitants sur sept de la planète – réclamaient un mécanisme financier pour répondre aux pertes et dommages, les pays riches ont proposé… la mise en place d’un nouveau dialogue de 2 ans. 

 

Alors vous, proposeriez-vous à une personne qui est en danger de mort de venir l’aider, peut-être ou peut-être pas, et dans tous les cas seulement d’ici deux ans ?

Seuls trois États riches (l’Écosse, la Wallonie et le Danemark) ont promis plus de 16 millions d’euros. Mais c’est peu pour faire face aux 290 et 580 milliards de dollars de dégâts estimés dans les 10 ans. Résultat, on n’avance pas. D’ailleurs, la question de la compensation financière des pertes et dommages n’est pas encore inscrite à l’ordre du jour de la prochaine COP, faute d’accord entre les États. 

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Du coup on fait quoi ?

1- On réduit nos émissions pour limiter les impacts du changement climatique

Face à l’emballement climatique, il faut avant tout mettre fin à sa cause : nos émission de gaz à effet de serre. Mais malgré les alertes répétées des scientifiques et les promesses des gouvernements, nous ne sommes pas dans la bonne voie : après une baisse temporaire liée à la crise du Covid-19, les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne repartent à la hausse (4). 

(4) Source : Eurostat, 2022

2- On soutient les pays qui subissent des pertes et dommages

 

À 50 jours de la COP 27 – la réunion internationale sur le climat qui se tiendra en novembre – plusieurs États du Sud réclament une action rapide et concrète. Il y a quelques jours, le Pakistan, victime actuellement de terribles inondations meurtrières qui touchent un tiers de son territoire, a relancé le sujet lors de l’assemblée générale des Nations unies. L’année dernière, c’était le Vanuatu. L’un de ses ministres avait lancé un cri d’alerte l’année dernière en faisant son discours les pieds dans l’eau pour dénoncer la disparation annoncée de son pays du fait de la montée des mers.  

Et la société civile ? Les citoyennes et citoyens ? Une coalition de 1 800 associations climat des quatre coins de la planète fait actuellement monter la pression d’un cran avec une mobilisation digitale #PayUp4LossAndDamage et des rencontres avec les chefs d’États. Au cours des deux prochains mois, nos équipes ne lâcheront rien. La question des pertes et dommages doit absolument avancer lors de la COP27. 

Mobilisation contre les effets du changement climatique
Mobilisation de 1 800 associations dans le monde, dont CARE.

L'action de CARE contre le changement climatique

Les équipes de CARE agissent partout où le changement climatique bouleverse des millions de vies et aggravent les inégalités. Dans de nombreux pays – comme en Somalie, au Bangladesh, à Madagascar, au Guatemala :

  • nous apportons une aide d’urgence pour les populations touchées par les catastrophes naturelles
  • et renforçons leurs capacités à s’adapter aux impacts climatiques sur le long terme, grâce à des techniques agricoles résilientes par exemple. 
  • Nous portons la voix des populations que nous soutenons au sein des conférences internationales sur le climat afin que les gouvernements agissent contre le changement climatique.

Nous portons une attention particulière aux femmes et aux filles, qui en subissent les répercussions les plus importantes. Elles sont souvent privées d’école par manque de moyens, chargées de marcher toujours plus loin pour trouver de l’eau potable ou en première ligne lorsqu’il faut se priver de nourriture pour leurs familles.

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