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COMPRENDRE

La crise au Liban exacerbe les violences contre les femmes et les filles

Lors de crises humanitaires ou économiques, ce sont les femmes et les filles qui sont le plus touchées. « En 2022, nous avons constaté une augmentation des violences basées sur le genre, comme le harcèlement sexuel. Ces violences ont considérablement détérioré les conditions de vie des femmes et des filles », décrit Michel Daia de l’association LECORVAW. « Les violences sexistes et sexuelles ont aussi fortement augmenté en ligne », complète Ghewa Nasr, coordinatrice de programmes pour l’association FEMALE.

Pour faire face à la pauvreté qui se répand dans tout le pays, les familles vulnérables recourent à des mécanismes de survie néfastes tels que marier les jeunes filles, dans l’espoir qu’elles auront accès à une meilleure vie grâce à leur mari. Elles peuvent également recourir au travail forcé des enfants et donc à leur déscolarisation.

Le contexte pour mieux comprendre

  • Depuis 2019, le Liban connait la plus grave crise socio-économique de son histoire. L’inflation demeure très élevée, avec une hausse de 150% entre 2020 et 2021 (1).
  • À cette crise s’ajoutent les explosions à Beyrouth en août 2020, la pandémie de Covid-19, l’accueil de personnes syriennes réfugiées
  • Il y a une forte demande sur des ressources limitées et coûteuses, comme l’eau.

Les associations féministes font face à d’énormes difficultés

En plus des difficultés propres au Liban, les droits des femmes sont en recul dans le monde entier. Face à l’augmentation des réactions négatives à l’encontre des mouvements de défense des droits des femmes, les associations féministes libanaises sont contraintes de travailler en prenant des mesures de sécurité extrêmes. Elles peuvent par exemple réduire volontairement leur visibilité pour rester en mesure d’agir. Mais cela réduit leurs possibilités de financements. C’est dans ce contexte que le projet Féministes en Action et le soutien apporté aux associations féministes locales prend tout son sens.

AGIR

Favoriser et libérer la parole des femmes au Liban

Il est crucial que les femmes et les filles aient accès à des espaces sûrs, où elles peuvent s’exprimer sans craintes de représailles et recevoir un soutien psychologique. Ces espaces sont ouverts aux femmes et aux filles, à la communauté LGBTQIA+, aux femmes réfugiées et sont pour elles « un refuge, une alternative pour ce qu’elles n’avaient pas auparavant : de la sécurité », explique Ghewa Nasr.

Pour faciliter l’accès à ces espaces, l’association FEMALE a pris en compte deux aspects : d’abord la localisation de ces espaces, afin que même les personnes vivant dans des zones rurales isolées puissent y avoir accès. Et aussi donner aux femmes les moyens techniques de se rendre dans les lieux publics. Car du fait de la situation économique du Liban, il est très complexe pour les femmes et les filles d’accéder aux produits de première nécessité comme les produits d’hygiène menstruelle, ce qui limite leurs déplacements. FEMALE leur fournit donc des produits d’hygiène menstruelle. C’est l’une des approches complémentaires de l’association pour accroitre son impact.

Les associations locales apportent une assistance légale aux femmes

Connaitre ses droits est une chose ; réussir à les faire respecter en est une autre. L’association LECORVAW a pris le parti de fournir des conseils légaux aux femmes et aux filles. Elle les sensibilise sur les violences basées sur le genre et sur leurs droits, leur fournit des services juridiques ainsi que du soutien psychosocial. « Les femmes et les filles qui ont fait appel à nous ont vu leur situation s’améliorer », décrit Michel Daia.

L’association FEMALE a elle aussi mis en place une cellule juridique. Au-delà d’aider les femmes dans leur situation individuelle, ses membres ont un objectif : influencer les lois libanaises pour un changement à l’échelle du pays. Elles ciblent donc également les acteurs juridiques, les juristes, les avocats… qui pourraient être à l’origine de changements en faveur des droits des femmes.

Face à la multiplication des crises au Liban, l’action des organisations féministes est essentielle. C’est pourquoi CARE et ses partenaires les soutiennent à travers le projet Féministes en Action.

Source : (1) Banque Mondiale, 2021 

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Une coalition d’ONG, dont CARE, soutient les organisations féministes locales

Le projet Féministes en Action soutient des petites associations féministes locales dans 30 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du Proche Orient. L’objectif : leur donner les moyens d’agir et de construire un monde plus respectueux des droits des femmes et des filles. 

  • Féministes en action, c’est un projet financé par l’Agence Française de Développement et porté par 6 organisations : CARE, Equipop, le Fonds pour les Femmes Francophones, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée, l’Initiative Pananetugri pour le Bien-être de la Femme et Oxfam France. CARE France est cheffe de file de ce projet.
  • Les petites associations locales soutenues par Féministes en Action défendent les droits des femmes et des filles et particulièrement les droits et la santé sexuels et reproductifs, tout en luttant contre les violences basées sur le genre. Elles soutiennent aussi l’autonomie économique des femmes afin qu’elles puissent sortir de la pauvreté et devenir indépendantes.

Ce projet soutient notre démarche de localisation de l’aide : nous sommes là pour transmettre nos compétences et nos 75 ans d’expertise afin de renforcer le tissu associatif local pour que les communautés puissent ensuite se passer de nous.

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