Pauvreté et tabou autour des menstruations
75% des jeunes – garçons et filles – entre 15 et 24 ans ne vont pas à l’école dans la région d’Amoron’i Mania à Madagascar. En cause ? La pauvreté des familles qui obligent les jeunes à travailler mais aussi les discriminations faites aux filles, notamment quand elles ont leurs règles.
Quel est l’impact du tabou des règles sur les jeunes filles ? Voici les données d’une toute nouvelle étude menée par les équipes de CARE et notre partenaire JPAL :
- Près d’un quart des filles interrogées ont déjà étaient harcelées à cause de leurs menstruations, aussi bien par des filles que par des garçons.
- 20% n’ont accès à aucune protection hygiénique. Et près d’un tiers ne se sentent pas en sécurité dans les toilettes de l’école. Aussi beaucoup ne disposent pas des conseils dont elles auraient besoin pour garantir une bonne hygiène menstruelle.
En conséquence, les menstruations entrainent un absentéisme répété des filles entrainant à terme un fort risque de décrochage scolaire.
Lire aussi : Le tabou des règles tue et stigmatise dans le monde.
Aider 20 000 jeunes à rester à l’école
Depuis mai 2021, CARE soutient 105 écoles dans 30 villages. L’enjeu est de permettre aux filles de continuer leurs études, même quand elles ont leurs règles. Voici les actions menées par nos équipes locales :
- Sensibilisation et éducation des jeunes filles et garçons afin de déconstruire le tabou et les fausses croyances autour des règles. CARE leur apporte donc des connaissances et des conseils en hygiène et santé. L’école est aussi un lieu d’apprentissage puissant pour changer les mentalités des jeunes, et à travers eux, combattre les discriminations sexistes au sein de toute leur communauté. Car au-delà de ce projet – et même après notre départ – les jeunes formés pourront transmettre leurs savoirs dans d’autres villages.
- Accès à une bonne hygiène menstruelle : construction de latrines sécurisées et points d’eau dans les écoles, accès à des protections hygiéniques sûres pour la santé grâce à la formation de couturières qui fabriquent et vendent à des prix accessibles des serviettes hygiéniques réutilisables.
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Quelles sont les actions les plus efficaces contre le tabou des règles ?
Mais parmi ces actions, quelles sont les plus efficaces ? En tant qu’association, notre but est d’aider le plus de personnes possibles et de manière la plus efficace. Aussi, depuis 75 ans, nous tirons les leçons de chaque projet (au début, milieu et fin) afin d’améliorer nos actions.
C’est cette recherche d’excellence qui nous a mené à aller plus loin en nous associant au centre de recherche JPAL – Poverty Action Lab. Créé par deux prix Nobel d’économie, Esther Duflo et Abhijit Banerjee, ce centre va nous aider à identifier les méthodologies les plus efficaces pour lutter contre le tabou des règles et soutenir l’éducation des filles. Par exemple, qu’est-ce qui fonctionne le mieux pour diffuser les messages de sensibilisation à l’hygiène menstruelle ? Permettre des échanges informels entre élèves formés par CARE et le reste des jeunes ou organiser des sessions plus formelles en salles de classe pour dépasser le tabou et inclure ce sujet dans les cours ? Ce test se fera pendant deux ans. La dernière année du projet permettra de généraliser ce qui fonctionne le mieux à tous les groupes. Puis de dupliquer la formule à d’autres régions et pays.
En savoir plus
- 19 décembre 2024
Afrique. Ces couturières sortent de la pauvreté grâce à des serviettes menstruelles réutilisables