Les pays riches refusent de payer pour les conséquences du changement climatique

Combien de victimes fait le changement climatique ?

Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui, 189 millions de personnes par an en moyenne ont été touchées par des événements climatiques extrêmes dans les pays en développement depuis 1991. 1991, c’est l’année où un mécanisme a été proposé pour la première fois pour faire face aux coûts des impacts climatiques dans les pays à faible revenu.

Depuis 30 ans, les pays riches refusent d'agir

Ce rapport, intitulé « Le coût du retard », est rédigé par la Loss and Damage Collaboration, un groupe de plus de 100 chercheurs, activistes et décideurs politiques du monde entier. Il met en lumière la manière dont les pays riches ont à maintes reprises entravé les initiatives visant à fournir un financement aux pays en développement pour lutter contre les conséquences du changement climatique. C’est pourtant ces pays vulnérables qui paient le prix fort d’une crise climatique qu’ils n’ont guère contribué à provoquer.

Comme le documente le rapport via une frise historique, durant 30 ans, les pays riches ont multiplié les refus d’assumer cette responsabilité, invoquant tantôt des manques de données scientifiques, des dispositifs préexistants ou encore l’ouverture d’espaces de dialogue.

Les pays en développement, eux, paient le prix fort de cette inaction climatique

Le rapport estime que depuis 1991, 79 % des décès enregistrés et 97 % du nombre total de personnes touchées par les conséquences des événements climatiques extrêmes l’ont été dans les pays en développement. Le nombre d’événements climatiques extrêmes dans les pays en développement a plus que doublé en 30 ans, faisant plus de 676 000 morts.

Il révèle également que 55 des pays les plus vulnérables au changement climatique ont subi des pertes économiques liées au climat d’environ 500 milliards de dollars entre 2000 et 2019. Sur la même période, l’industrie des énergies fossiles a réalisé suffisamment de profits pour couvrir près de soixante fois ce coût.

L’industrie des énergies fossiles a réalisé suffisamment de profits pour couvrir près de soixante fois les coûts des pertes économiques liées au climat dans 55 pays.

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L'enjeu : adopter un mécanisme de financement des pertes et dommages à la COP27

Le financement des « pertes et dommages » terme utilisé pour désigner les effets destructeurs du changement climatique non évités par des mesures d’atténuation ou d’adaptation – sera le thème central de la COP27. La conférence des Nations unies sur le climat se tiendra à Charm el-Cheikh en novembre. Les pays en développement réclament des solutions après des décennies de retard et d’inaction de la part des pays riches.

L’Afrique qui accueille cette COP27 est en première ligne des pires impacts climatiques

“Les pays en développement paient le prix fort d’émissions de gaz à effet de serre dont ils sont à peine responsables tandis que les entreprises des énergies fossiles continuent de polluer à tout-va et d’engranger des profits faramineux. L’Afrique qui accueille cette COP27 est en première ligne des pires impacts climatiques : inondations historiques et meurtrières au Nigéria, sécheresse ininterrompues en Somalie poussant le pays au bord de la famine.  À la COP27, les pays développés doivent cesser de faire la sourde oreille à la demande légitime – de 135 pays vulnérables et émergents – de création d’un instrument financier et de déblocage de fonds dédiés aux pertes et dommages. Ce n’est pas une question de solidarité mais de justice climatique”, explique Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de CARE France.

Le déni de solidarité des pays riches sur le climat sape la coopération internationale

“Après avoir repoussé encore une fois l’échéance l’an passé à Glasgow, les pays riches doivent enfin accepter à la COP27 la création d’un mécanisme de financement des pertes et dommages. Tandis que les impacts du changement climatique sont de plus en plus désastreux dans les pays vulnérables, le déni de solidarité devient non seulement intolérable mais il contribue également à saper la coopération internationale, à un moment où celle-ci est plus nécessaire que jamais”, explique Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat de Oxfam France.

Contact presse pour les médias : 

  • Camille Nozières, CARE France, nozieres@carefrance.org, 07 86 00 42 75
  • Guillaume Compain, Oxfam France, gcompain@oxfamfrance.org, 06 85 26 01 08

Notes aux rédactions

·    Le rapport complet « The Cost of Delay : Why Finance to Address Loss and Damage Must Be Agreed at COP27″ est disponible ici (en anglais). La Loss and Damage Collaboration (L&DC) est un groupe de praticiens, de chercheurs, d’activistes et de décideurs qui travaillent ensemble pour s’assurer que les pays en développement vulnérables, ainsi que les personnes et communautés en leur sein, bénéficient du soutien dont ils ont besoin pour faire face aux pertes et dommages liés au changement climatique. L&DC représente un ensemble d’organisations, dont la Climate Leadership Initiative : Empowering the New Generation, le Centre international pour le changement climatique et le développement (ICCCAD) et le Réseau d’action climatique des îles du Pacifique (PICAN). Une note méthodologique est disponible pour le rapport ici.

·    Les « pertes et dommages » désignent au sens large les conséquences des impacts climatiques qui ne peuvent être ou n’ont pas été évités par l’atténuation ou l’adaptation. Les données relatives au nombre d’événements climatiques extrêmes, de personnes touchées et de décès ont été recueillies dans la base de données sur les catastrophes naturelles du CRED. Il s’agit d’une base de données mondiale sur les catastrophes naturelles et technologiques qui contient des données sur l’occurrence et les effets de plus de 21 000 catastrophes dans le monde, de 1900 à aujourd’hui. Les données concernant les pertes économiques dans 55 des pays les plus vulnérables au changement climatique entre 2000 et 2019 proviennent du rapport 2022 du V20.

·    Les données relatives aux bénéfices de six grandes sociétés des énergies fossiles au cours des six premiers mois de 2022 ont été recueillies à partir des bénéfices des premier et deuxième trimestres publiés par BP, Shell, Chevron, Exxon Mobil, Total et Eni. Les coûts des événements climatiques extrêmes dans les pays en développement au cours des six premiers mois de 2022 ont été calculés à l’aide du Global Catastrophe Recap : Rapport 1H d’Aon. Les super profits de l’industrie des énergies fossiles de 2000 à 2019 ont été estimés à l’aide de l’analyse des rentes pétrolières et gazières par Verbruggen pour 2022, disponible ici.

·    Selon Climate Action Tracker, les politiques actuellement en place dans le monde devraient entraîner un réchauffement d’environ 2,7°C par rapport aux niveaux préindustriels. Les estimations des coûts des pertes et des dommages dans les pays en développement d’ici 2030 proviennent de l’analyse de Markandya et González-Eguino de 2018. Les émissions de l’Afrique proviennent de Our World in Data.

 

 

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