Le Népal est un des huit pays au monde où les mariages précoces affectent aussi les garçons : plus de 10% d’entre eux sont mariés avant 18 ans, selon l’UNICEF. Mathura, marié à 12 ans, témoigne.
L’impact des mariages précoces sur les conditions de vie des familles
Mathura avait 12 ans lorsqu’il a été marié. Sa femme en avait 10.
Aujourd’hui Mathura, âgé de 20 ans, est père de deux enfants. Il est laboureur dans la rizière du village. Il gagne tout juste assez d’argent pour subvenir aux besoins de sa famille.
Il habite avec sa femme, ses deux enfants, ses parents, ses trois frères et leurs deux bœufs. La famille vit à l’étroit : la salle à manger fait également office de chambre à coucher pour trois personnes.
Aujourd’hui, il regrette ce mariage précoce :
« Si je m’étais marié à 20 ou 25 ans, j’aurais pu étudier et gagner un meilleur salaire », regrette-t-il. « Nous ne sommes pas heureux, nous avons des conditions de vie très difficiles. »
Une lourde épreuve pour la mariée
Ce mariage a également été une lourde épreuve pour Shivnandani, la femme de Mathura. A 13 ans, elle a emménagé chez sa belle-famille qui lui a confié une grande partie des tâches ménagères.
« Ma belle-famille me sermonnait à la moindre erreur », confie-t-elle.
Shivnandani a eu son premier enfant à 14 ans. Victime de graves complications, elle a subi une opération d’urgence à l’hôpital.
Une tradition parmi les communautés marginalisées
A l’ouest du Népal, le mariage précoce est une coutume répandue parmi les communautés marginalisées telles les Dalits. Dans le district de Kapilbastu par exemple, 86% des filles et 62% des garçons se marient avant leurs 19 ans.
La pression exercée par les membres de la communauté est une des premières causes du mariage précoce : une famille peut être déshonorée si les fils restent célibataires trop longtemps ou s’ils se marient en dehors de la communauté.
Les conséquences négatives des mariages précoces sont largement ignorées au sein de ces communautés.
CARE a développé un programme afin de briser ce tabou. Des groupes de discussion regroupent filles, garçons et parents.
CARE a développé un programme afin de briser ce tabou. Des groupes de discussion regroupent filles, garçons et parents. Ils échangent sur la santé reproductive, l’éducation, le harcèlement sexuel, les dots ou encore le planning familial.
Grâce aux actions de CARE, les mentalités évoluent :
« Je ne conseille pas à la jeune génération de se marier ou d’avoir des enfants tôt », explique Shiv, le père de Mathura. « Ils ne seront pas heureux et ne pourrons pas subvenir aux besoins de leur famille. J’ai vu ce qu’a subi Mathura, je ne veux pas de cette vie pour mes autres fils. »