Carmen, 23 ans, vit dans la région de Huancayo au Pérou. Comme de nombreux petits agriculteurs, sa famille souffre des effets du changement climatique : raréfaction des ressources en eau, augmentation des températures, fréquence accrue des épisodes de gel et de sécheresse... Carmen témoigne de l'impact positif d'un programme d'adaptation mis en place par CARE.
L'impact du changement climatique
Carmen est l'aînée d'une fratrie de six enfants. Dès son plus jeune âge, elle a assumé une grande partie des tâches domestiques au sein de sa famille.
Jeune adulte, Carmen est angoissée par leur situation économique : la production agricole de la ferme familiale diminue considérablement du fait des impacts du changement climatique, notamment à cause des périodes de gel plus fréquentes et de l'augmentation des températures. Elle s'inquiète aussi de la raréfaction des ressources en eau à venir, provoquée par la disparation progressive du glacier Huaytapallana.
Carmen décide alors de chercher du travail à Lima. Domestique, elle travaille plus de 12 heures par jour.
« J'étais épuisée par le travail. Mais le pire, c'était la façon dont mes employeurs me traitaient, comme si je ne valais rien », explique-t-elle.
Au Pérou, être une femme andine fait rapidement l'objet de vexations et de moqueries.
L'histoire de Carmen n'est pas unique. Beaucoup de femmes péruviennes émigrent en ville dans l'espoir d'aider leur famille.
Des solutions d'adaptation sont possibles
Carmen est retournée dans sa communauté. Elle a rejoint un projet mené par CARE pour l'adaptation des pratiques agricoles aux impacts du changement climatique. Carmen et sa famille ont ainsi remplacé leurs cultures de maïs et de blé par des variétés de céréales et de pommes de terre indigènes, qui avaient été oubliées par les populations locales. Ces cultures sont plus résistantes aux aléas du climat, 2 à 3 fois moins demandeuses en eau, et plus nutritives. Elles se vendent également plus cher sur les marchés.
« Le culture de quinoa, par exemple, est facile. On n'utilise pas d'engrais chimiques, simplement du guano, du purin ou de l'humus. On n'utilise pas non d'insecticide, tout est naturel. C'est meilleur pour notre santé », explique Carmen.
Grâce à la culture d'un demi-hectare de culture de quinoa, Carmen a pu tripler ses revenus et améliorer les conditions de vie de sa famille.
Carmen a également pu investir dans un élevage de 100 cochons d'Inde, nourriture traditionnelle au Pérou.
Désormais, Carmen combat l'idée, partagée par beaucoup de familles rurales pauvres, que les zones rurales n'ont pas d'avenir.
« Des solutions locales d'adaptation sont possibles et nous pouvons aider les petites exploitations familiales à survivre. Mais une action plus globale et mondiale reste cependant indispensable pour limiter cette catastrophe climatique », rappelle Aurélie Ceinos, chargée de mission Climat chez CARE France.