"Ma femme a pu sauver le souvenir de sa grand-mère. Nous devons fuir encore une fois"
« J’ai été réveillé par les fortes secousses et pendant un moment je ne savais pas quoi faire. Puis j’ai porté mes deux filles dehors. Elles pleuraient sans arrêt. Le lendemain, je suis retourné dans notre maison, les murs s’étaient effondrés en partie.
Alors j’ai emporté quelques vêtements et ces objets, dont ce mortier pour ma femme. Je savais combien elle l’aimait. C’est un cadeau de sa grand-mère et il représente beaucoup pour elle. »
Ammar a d’abord fui sa ville natale, Homs, à cause du violent conflit qui touche la Syrie depuis 12 ans. Mais la ville où il avait trouvé refuge avec sa famille a été touchée par les récents tremblements de terre de février. Plus de 10 500 bâtiments ont été partiellement ou complètement détruits dans le nord-ouest de la Syrie, suite à cette nouvelle catastrophe. Ammar et sa famille ont parcouru une centaine de kilomètres pour fuir à nouveau.
"Je devais sauver mes enfants à tout prix. Mais nos voisins, jeunes mariés, n’ont pas survécu"
« À cause du tremblement de terre, notre immeuble se balançait violemment. J’ai vécu des moments de terreur pour ma famille. Je ne pensais qu’à faire sortir mes deux enfants de la maison. Ils sont ma responsabilité. Je devais les sauver quoi qu’il arrive. Je me suis précipité pour les porter sur mes épaules et nous avons réussi à sortir dans la rue. Mais nous nous sommes retrouvés sous une pluie battante et dans un froid que je n’avais jamais connu auparavant. Nos voisins s’étaient mariés il y a moins d’un mois, ils n’ont pas survécu au séisme. Cela m’attriste. Dans ce qu’il restait de notre maison, j’ai pu récupérer cette boîte, un cadeau de mon père et de mon grand-père, ainsi que cette bague offerte par un ami décédé. Je l’ai depuis plus de 15 ans. »
Les districts du nord-ouest de la Syrie, touchées par le séisme, abritent plus de 1,5 million de personnes déjà déplacées à l’intérieur du pays en raison du conflit. C’est le cas de Qasem et sa famille qui ont fui la guerre une première fois. Aujourd’hui, ils doivent encore se déplacer et trouver un nouvel endroit pour s’installer.
"Nos parents nous ont réveillé dans la nuit. Notre père a retrouvé nos dessins"
Amira et Shams ont 7 et 9 ans.
« Nous nous sommes réveillés parce que nos parents nous criaient de sortir de la maison. Tout tremblait beaucoup. Ça faisait très peur, surtout quand on a commencé à entendre les cris de nos voisins et à voir les fissures dans les murs. J’ai pris la main de ma sœur et j’ai couru vers notre mère.
Tous les gens étaient dans la rue et nous avions très peur, nous avions l’impression que notre vie allait s’arrêter. Nous sommes restés sous la pluie pendant des heures et il faisait froid. Le lendemain, nous avons demandé à notre père de retrouver notre carnet de dessin et ma mère lui a demandé d’aller chercher ses ustensiles de maison. »
"On venait de commencer une nouvelle vie après avoir fui la guerre. Voilà tout ce qu’il me reste de ma fille"
« On venait de commencer une nouvelle vie avec ma femme, après avoir fui le conflit en 2018. Notre fille venait de naître. Elle avait tout juste neuf jours lorsque le tremblement de terre a frappé. Elle n’a pas survécu. Ma femme souffrait de douleurs post-partum et pouvait à peine marcher. Nous avons réussi à sortir tous les trois alors que les murs de notre petit appartement s’écroulaient derrière nous. Mais la respiration de ma fille est devenue plus faible, à cause de la poussière, de la pluie battante et des rafales de vent. J’ai couru jusqu’à l’hôpital. Il était trop tard. »
Mohammed a récupéré des décombres quelques vêtements de sa fille et un petit ours en peluche qu’il lui avait acheté. La paire de tasses à café et leurs soucoupes, avec lesquelles lui et sa femme buvaient leur café chaque matin, sont intactes.
"Notre chambre s’est effondrée sous nos yeux"
« Ma famille n’avait pas assez d’argent pour chauffer notre maison alors nous dormions tous dans une même pièce avec nos parents. C’est ce qui nous a sauvé du tremblement de terre. Cette nuit-là, la pluie et la neige tombaient et il y avait beaucoup de vent. Le bruit nous a réveillé et nous avons vu la chambre que je partageais habituellement avec ma sœur s’effondrer. Ce n’était plus qu’un tas de décombres. Nous avons creusé pendant plusieurs jours pour en sortir ces quelques affaires », témoigne Shahd, du village de Bafillur.
Près de 150 villes du nord-ouest de la Syrie ont été touchées par les tremblements de terre.
"Nous vivons maintenant dans une tente"
« Dès les premiers instants des tremblements de terre, j’ai couru dans les champs avec mon mari et ma fille. Il faisait froid et la peur remplissait nos cœurs. Je ne pensais qu’à mon autre fille installée dans une autre ville. Je pleurais et j’essayais de l’appeler au téléphone.
Heureusement, elle et son mari ont survécu, mais ils ont perdu leur maison, tout comme nous. Nous vivons maintenant tous ensemble dans une tente installée près de notre maison endommagée. Ce tapis est mon bien le plus précieux, il représente beaucoup pour notre famille. »
Comment CARE apporte une aide en Syrie ?
Depuis le début de la guerre, l’association CARE apporte une aide humanitaire aux populations en Syrie et réfugiées dans les pays voisins. Cette aide est essentielle à la survie de millions de familles : nourriture, eau, kits d’hygiène, abris et reconstruction de maisons… Nos actions d’urgence se sont encore accrues suite aux violents séismes du mois dernier. Et nos équipes, originaires de Syrie, et les associations locales que nous soutenons participeront à la reconstruction des régions dévastées.
En parallèle, pour aider les populations à se relever et à retrouver leur autonomie, nous menons des actions de développement : accès à la santé, développement de l’agriculture et autonomisation économique des femmes.
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