Gaby, réfugié syrien de 26 ans, a fui son pays après avoir été kidnappé. Arrivé récemment en Serbie, il a raconté son histoire aux équipes de CARE.
« Je devais partir. C'était maintenant ou jamais »
Je m'appelle Gaby*, j'ai 26 ans et je viens de Damas où je travaillais comme comptable. J'ai quitté mon pays il y a un mois. Je viens d'arriver en Serbie.
J'ai longtemps attendu avant de partir ; je nourrissais toujours l'espoir de voir le conflit s'arrêter et de pouvoir bientôt reprendre une vie normale. Mais après quatre ans de conflit, la situation ne faisait qu'empirer.
Un jour, alors que je rentrais chez moi, j'ai été kidnappé par des hommes armés. On m'a jeté dans un van et emmené dans une ferme déserte loin de la ville. Nous étions vingt-cinq, dont quelques femmes, enfermés dans une petite pièce. La zone où nous nous trouvions était bombardée sans arrêt. J'ai vraiment cru que j'allais mourir, j'étais terrifié.
Après une semaine de détention, ils ont relâché certains d'entre nous en plein milieu d'une forêt. Je devais partir. C'était maintenant ou jamais, je courrais le risque de ne plus jamais pouvoir m'enfuir.
« La traversée a été un véritable enfer »
Après avoir quitté la Syrie, nous avons attendu cinq jours dans une forêt en Turquie avant de pouvoir prendre un bateau en direction de la Grèce. Les passeurs nous ont traité comme des esclaves, c'était écœurant.
La traversée a été un véritable enfer. Un bateau devant nous a chaviré, tous les passagers sont tombés à l'eau. Heureusement, la côte était proche et certains ont pu être secourus.
Nous étions quarante dans mon embarcation. Nous avons failli chavirer à plusieurs reprises. Certains chantaient pour calmer leur peur. Grâce à Dieu, nous sommes arrivés sain et sauf en Grèce.
« Cette guerre tue l'humanité des gens »
J'aime mon pays mais je ne peux pas y retourner. J'ai vu mon cousin se faire tuer par un sniper embusqué sur un toit. Il devient banal d'apprendre la mort d'un ami ou d'un membre de sa famille. Pouvez-vous ne serait-ce qu'imaginer ce qu'on ressent dans cette situation ?
Cette guerre a tué l'humanité des gens. Ils sont engourdis, ils ne ressentent plus rien. C'est pour cela que nous devions partir. Quand nous sommes arrivés en Europe, nous n'avons pas été traités comme des chrétiens, des musulmans ou des criminels, mais comme des humains. Nous voulons vivre dans une société d'hommes, pas de religions.
*Ce témoin, dont certains membres de la famille sont restés en Syrie, a souhaité rester anonyme.
L'action de CARE
Depuis le début du conflit syrien, CARE agit en Syrie et dans les pays du Moyen-Orient accueillant les réfugiés syriens. CARE a déjà fourni une aide humanitaire à plus d'1 million de personnes : population déplacées en Syrie, réfugiés syriens et communautés hôtes.
Face à l'afflux de réfugiés syriens dans la région des Balkans, CARE intervient désormais également dans cette région. Par le biais de ses partenaires en Serbie et en Croatie, CARE a déjà aidé plus de 7 000 personnes par la distribution de colis contenant nourriture, eau et produits d'hygiène.