30 ans après la fin du régime de Ceausescu, l’empreinte laissée par la politique pro-nataliste du dictateur reste forte en Roumanie. De nombreux enfants abandonnés vivent aujourd’hui encore dans des centres de placement inadaptés. Une nouvelle loi, soutenue par CARE et son partenaire local SERA, pourrait changer la donne.
Vers la fermeture progressive des centres de placement
En 2018, plus de 54 000 enfants étaient toujours sous la protection de l’État. La grande majorité grandit auprès de mères d’accueil professionnelles et de familles de placement, et un tiers vivent dans des centres résidentiels. Malgré les efforts du gouvernement pour privilégier les solutions de type familial, 9 000 enfants grandissent toujours dans des centres inadaptés à leurs besoins.
« Le manque de personnel qualifié est fréquent dans ces centres. Les enfants peuvent s’y sentir isolés et en situation de vulnérabilité. Cela a des effets psychologiques sur leur développement », explique Bogdan Simion, directeur de l’association SERA en Roumanie.
Mais les choses évoluent. Une loi adoptée au 1er janvier 2019 marque un nouveau pas vers la fermeture de ces centres. Elle interdit le placement en institution des enfants avant l’âge de 7 ans (contre 3 ans auparavant), en faveur d’une prise en charge par des familles d’accueil professionnelles.
« Il faut aller plus loin. Car après 7 ans, un enfant a toujours besoin d’un environnement sain et sûr pour s’épanouir. C’est pourquoi, nous soutenons un second projet de loi en faveur de la disparition totale de ces centres à partir de 2021. À la place, les enfants seraient accueillis dans des maisons de type familial », raconte Bogdan.
Ces maisons de type familial, gérées par du personnel social et de santé, sont limitées à 12 enfants pour permettre à chacun d’entre eux de grandir dans un cadre de vie favorable à leur épanouissement et à leur bien-être.
SERA, un partenaire clé dans la mise en œuvre de cette loi
CARE France lutte pour le respect du droit de chaque enfant à une famille et vient en aide aux enfants abandonnés de Roumanie depuis 2003, date de sa fusion avec SERA France. Son partenaire SERA en Roumanie a permis la fermeture de plus de 87 centres de placement insalubres, soit près d’un quart de ces institutions dans le pays.
En remplacement de ces centres, SERA construit des maisons de type familial. Avant tout, des équipes locales mises en place par SERA soutiennent également la réintégration des enfants dans leurs familles biologiques et participent au développement d’un réseau de mères d’accueil professionnelles.
SERA mène également des actions de plaidoyer auprès du gouvernement roumain en faveur d’une politique de l’enfance respectueuse des droits des enfants.
« Nous avons été impliqués dans la construction de la loi récemment adoptée. Nous sommes fiers de contribuer à ce travail et heureux de nous rapprocher de notre objectif : permettre à chaque enfant en Roumanie de grandir dans un environnement familial stable », se réjouit Bogdan.