Ne pas avoir le choix : une grossesse précoce à 17 ans
Gudiya est tombée enceinte à 17 ans. Ce n’était pas son choix. Mais sa propre mère l’avait prévenue : « Avoir des enfants est ton seul devoir et ton seul but dans la vie ».
Jusque-là sous l’autorité de ses parents, à 17 ans, Gudiya est passée sous celle de son mari et de sa belle-famille. Elle a été exclue de toutes les décisions concernant sa vie, y compris celles d’avoir ou non des enfants. Et elle n’est pas la seule, piégée dans ces mariages forcés, dépossédée de tout choix. En Inde, des millions de petites filles et adolescentes sont mariées par leurs parents avant d’avoir 18 ans, soit une fille sur quatre chaque année (1).
"Ma grossesse a été un soulagement pour ma belle-famille, mais une grosse source de stress pour moi. Je n’avais aucune connaissance en santé maternelle."
Gudiya
La jeune femme n’avait rien appris sur ça. Surtout que ses parents l’avaient retirée de l’école à 15 ans pour qu’elle apprenne à s’occuper d’une maison avant de la marier. Que devait-elle faire ? Quels étaient les dangers pour elle et son bébé ? Gudiya s’est retrouvée seule, dans une belle-famille qui était distante et sévère. Mais les paroles de sa mère étaient gravées dans son esprit : « Tu dois servir ta belle-famille et exécuter ses ordres sans poser de questions. » Conséquence ? La première fois qu’une travailleuse de santé est venue pour la conseiller, Gudiya est restée silencieuse de peur de parler, notamment en présence de sa belle-mère et ses deux belles-sœurs.
En Inde, le risque de mourir lors de l'accouchement
C’est sa voisine – enceinte de son cinquième enfant à seulement 26 ans – qui l’a aidée à se sentir moins seule dans cet environnement hostile. Mais cette jeune femme et son bébé sont décédés durant l’accouchement, faute de soins appropriés.
Un drame qui arrive encore trop souvent en Inde. Le taux de mortalité maternelle a certes baissé en Inde, mais 97 femmes meurent toujours pour 100 000 naissances d’enfants (2), soit 10 fois plus qu’en France (3). Aucune femme ne devrait mourir de complications liées à l’accouchement !
10 fois plus de femmes meurent en Inde lors de l’accouchement qu’en France.
"Suite à cette tragédie, je me suis tournée vers CARE et ses partenaires pour me renseigner sur les risques des grossesses."
Gudiya
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Donner accès à la santé maternelle en impliquant les femmes et leur mari
En Inde, plus d’un million de travailleuses de la santé, connues sous le nom de « ASHA » (« espoir » en hindi), travaillent sans relâche pour aider les populations les plus pauvres du pays. Elles agissent notamment dans les zones rurales où l’accès aux soins de santé est difficile, voire parfois quasi-inexistant. En 2022, l’action incroyable de ces travailleuses de terrain a été reconnu et récompensé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui leur a décerné le prix du Global Health Leader.
CARE soutient ces travailleuses de la santé en les formant à de nouvelles techniques de soins, ainsi qu’à la lutte contre les discriminations sexistes auxquels les femmes qu’elles accompagnent sont confrontées. Nos équipes mettent aussi l’accent sur la sensibilisation des hommes qui traditionnellement prennent les décisions pour la famille.
C’était justement la difficulté rencontrée par Gudiya qui, en se basant sur ses nouvelles connaissances sur la santé maternelle et infantile, souhaitait attendre quelques années avant une autre grossesse. Mais le dialogue avec son époux était difficile à ce sujet. Chacune des décisions concernant la vie de Gudiya était prise en concertation avec sa belle-famille plutôt qu’avec Gudiya elle-même. Au bout de plusieurs mois d’accompagnement par le personnel de santé, Sagar, le mari de Gudiya s’est rangé à l’avis de Gudiya. Il a compris les dangers auxquels sa femme était confrontée. « Nous allons maintenant attendre trois ans pour avoir un second enfant. Et, qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille, nous ne nous lancerons pas dans une troisième grossesse. La santé de Gudiya est importante » , dit Sagar. « J’ai maintenant un dispositif intra-utérin pour éviter une grossesse non-désirée, et je suis retournée à l’école pour finir mes études ! » conclut Gudiya.
L'action de CARE pour la santé en Inde
En Inde, des millions de femmes sont confrontées aux mêmes difficultés que Gudiya : manque de connaissances en santé, d’accès à du personnel qualifié, manque de liberté de faire ses propres choix. Nos projets humanitaires visent à améliorer l’accès des communautés pauvres et marginalisées à des services de santé de qualité. En quelques années, 51 millions de personnes, dont 84% de femmes et filles, ont profité de nos actions. Nous continuons ce combat chaque jour.
Sources : (1) Unicef, 2019 ; (2) Office of the Registrar General & Census Commissioner, India (ORGI), 2022 ; (3) Santé publique France, 2021
L’action de l’ONG CARE pour l’accès à la santé dans le monde
L’association CARE se bat contre les inégalités et soutient un accès à des services médicaux pour tous et toutes. Nous soutenons des centres de santé, formons du personnel médical et construisons des infrastructures d’eau et d’hygiène.
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