Vendues, violées ou battues… Les dangers qui menacent les femmes et les filles au Soudan du Sud sont nombreux. Alors que de violents combats ont éclaté début juillet, la situation des femmes déplacées s’est encore dégradée. Fred McCray, directeur de notre bureau local, témoigne.
Quel a été l’impact des récents combats sur les femmes ?
Ces dernières semaines, nous avons entendu de nombreux témoignages de femmes victimes de viols, de viols collectifs, battues ou volées. Ces agressions sont souvent commises par des soldats, dans des zones où les civils ne sont pas protégés par l’ONU.
Ces femmes sont obligées de quitter ces zones sûres pour partir à la recherche de nourriture et de produits de base. C’est terrible : elles sont forcées de choisir entre leur sécurité et leur survie.
La situation des femmes était déjà très précaire avant cela…
Oui, effectivement. Les femmes sont dénigrées au Soudan du Sud. Dans beaucoup de familles, la valeur des filles se mesure au nombre de vaches que leur mariage peut apporter. Beaucoup sont « vendues » très jeunes, parfois à l’âge de 12 ans.
Depuis le début du conflit en 2013, le sort des femmes s’est encore dégradé. Le viol est utilisé comme une arme de guerre par l’ensemble des belligérants. Une récente analyse du Fonds de l’ONU pour la population indique qu’une femme déplacée sur cinq a été violée au cours de ce conflit.
Rien qu’à Juba, au moins 217 cas de violences sexuelles et de viols ont été reportés par les Nations unies depuis la reprise des violences début juillet. Et de nombreux cas n’ont pas été rapportés ni documentés. Car beaucoup de femmes ont peur des représailles ou ont honte. Seuls environ 7 % des femmes, victimes de violences basées sur le genre, le signalent à la police, selon une étude publiée par CARE en 2014.
Que doit-on faire pour aider ces femmes ?
Nous devons nous assurer que les femmes sont en sécurité et qu’elles ont accès à des soins médicaux, à un soutien psychosocial et à une aide juridique. Les actions de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (MINUSS) doivent être améliorées pour mieux protéger les civils et faciliter l’assistance humanitaire.
Nous lançons un appel urgent : les auteurs de ces agressions sexuelles et leurs supérieurs doivent répondre de leurs actes pour ces terribles crimes.
Quelle est l’action concrète de CARE ?
Depuis plusieurs années que CARE mène des programmes pour prévenir les violences basées sur le genre. CARE fournit aussi des informations aux victimes de violences pour qu’elles puissent obtenir une aide juridique et médicale. Nous formons du personnel médical pour un meilleur soutien psychosocial et physique.
Nous soutenons aussi le développement de systèmes juridiques pour sanctionner les crimes et soutenir les victimes. Nous les aidons à reconstruire leurs vies et à rebondir, notamment via des opportunités économiques.
Et aujourd’hui, nous renforçons notre réponse de première urgence pour soutenir les personnes, notamment les femmes et les filles, affectées par les récentes violences.