La situation humanitaire au Soudan du Sud s’est fortement dégradée depuis la reprise des violences en juillet dernier. Jean-Dominique Bodard, responsable de notre réponse d’urgence dans la province de l’Equatoria, alerte sur l’insécurité auquel font face les populations. Il lance un appel : sans augmentation des financements humanitaires, des centaines de milliers de Sud Soudanais n’auront plus de quoi manger ou accès à des soins médicaux.
La situation au Soudan du Sud est-elle toujours aussi volatile ?
La situation sécuritaire et humanitaire au Soudan du Sud s’est fortement dégradée au cours des trois derniers mois.
Les combats, qui ont débuté en juillet dernier, ont affecté des zones jusqu’alors épargnées. La situation en Equatoria, par exemple, est toujours imprévisible et très compliquée. Les violences se prolongent de manière sporadique.
Quels sont les impacts sur les populations ?
L’’insécurité est très forte. Les populations doivent faire face à des risques d’harcèlements, de viols et de recrutements forcés dans les mouvements armés.
De nombreuses familles ont vu leur maison se faire piller. Beaucoup ont perdu leur bétail et leurs outils agricoles ont été volés. Aujourd’hui, ces familles n’ont plus les moyens de racheter des ustensiles de base : matériel de cuisine ou bidons pour collecter de l’eau. Les femmes en sont les premières à en subir les conséquences car leur charge de travail a fortement augmenté.
Les déplacements de populations se poursuivent. Beaucoup de personnes sont accueillies par des proches. C’est un bel élan de solidarité mais cela exerce une forte pression sur le peu de ressources de ces familles d’accueil. Un million de Soudanais du Sud ont également fui dans les pays frontaliers, selon le Haut Commissariat pour les Réfugiés.
Quels sont les besoins humanitaires les plus préoccupants ?
La situation humanitaire est dramatique : 5,1 millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence.
La forte augmentation de l’insécurité alimentaire et l’effondrement de l’économie locale sont en train de mener ce pays au désastre. Aujourd’hui, des centaines de milliers de Soudanais du Sud quittent le pays à cause de la faim. Du fait d’une inflation de 729,7%, les prix des produits alimentaires ont été multipliés par 10 alors même que nous sommes en période de soudure. La soudure est la période très difficile entre l’épuisement des réserves alimentaires produites par la récolte de l'année précédente et la récolte suivante.
Nous craignons que cette situation d’insécurité alimentaire se prolonge car le fonctionnement des marchés est fortement perturbé par l’insécurité. Qui plus est, les travaux agricoles sont affectés par la fuite des populations rurales et le manque d’entretien des terres et cultures.
Quel message voudrais-tu faire passer ?
Il faudrait faire plus en termes d’aide humanitaire : les financements ralentissent alors que les besoins augmentent. L’appel des Nations unies pour 2016 n’est pour l’instant financé qu’à 41%.
Si les fonds n’arrivent pas, des centaines de milliers de Soudanais n’auront plus de quoi manger, de quoi s’abriter ou accès à des soins médicaux. L’accès aux services de santé est critique : peu de personnes osent se déplacer pour se faire soigner et nous manquons de matériel et de médicaments.
L'action de CARE
CARE intervient au Soudan du Sud depuis 1993. Actuellement, nous menons des actions dans les domaines suivants : santé, nutrition, sécurité alimentaire et moyens de subsistance, prévention contre les violences basées sur le genre.
CARE travaille régulièrement dans les États du Nil Supérieur, d’Unité, du Jonglei et de l’Équatoria-Oriental, affectés par les violences.
Depuis le début de la crise en 2013, CARE a porté assistance à plus de 300 000 personnes dans ces quatre États.
C'est grâce à vos dons que nous pouvons venir en aide aux Sud Soudanais. D'avance, un grand merci pour votre soutien !