Une situation humanitaire critique en Syrie
« Mon fils de 15 ans travaille sur des chantiers de construction. D’autres enfants fouillent les ordures à la recherche de matériaux recyclables qu’ils peuvent ensuite vendre », explique Zeina dont la famille, déplacée par les combats dans le nord de la Syrie, vit désormais dans une école transformée en centre d’hébergement collectif.
Éprouvés par les combats, la crise économique, et les destructions provoquées par les séismes de février 2023, plus de 70 % de la population syrienne a besoin d’aide humanitaire d’urgence. « Treize ans après le début du conflit en Syrie, les populations sont de plus en plus désespérées », explique Jolien Veldwijk, directrice de CARE en Syrie.
Car la Syrie est victime d’un grave paradoxe : la crise humanitaire s’aggrave d’année en année, alors que les financements internationaux pour aider les populations s’amenuisent. Seuls 39% des besoins humanitaires ont été couverts par la communauté internationale en 2023.
"Même un œuf coûte trop cher"
Conséquence ? La Syrie fait partie des dix pays au monde où la faim sévit le plus. Au cours de l’année écoulée, la monnaie syrienne s’est dépréciée de 130 %, tandis que l’inflation a atteint des sommets. Les salaires restent nettement insuffisants pour couvrir les besoins les plus élémentaires.
« Même un œuf se vend trop cher pour nous. C’est injuste », témoigne Malika, 55 ans. Avant de fuir les combats, Malika et son mari vivaient dans leur ferme. Ils avaient de quoi nourrir leurs enfants et petit-enfants. Mais depuis cinq ans, ils partagent une tente avec 12 membres de sa famille dans un camp de déplacés.
Comme Malika, la population syrienne est à bout de souffle. Et pourtant, le nombre de bénéficiaires d’aide alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) va baisser de 80 % des personnes en Syrie cette année, du fait d’un manque de fonds record. Il en est de même pour les actions de CARE. « Les besoins humanitaires sont si importants en Syrie que nous sommes souvent obligés de donner la priorité au strict minimum, en réduisant les rations et en ciblant les besoins les plus critiques des plus vulnérables », déclare Jolien Veldwijk.
La guerre et les violences en Syrie perdurent
Et la situation humanitaire en Syrie risque encore de s’aggraver en 2024. Récemment, le conflit s’est intensifié dans différentes parties du pays, entraînant de nouvelles pertes en vies humaines, la destruction d’infrastructures civiles vitales comme l’eau potable et l’électricité, et des déplacements massifs.
Le nombre de personnes déplacées par le conflit syrien reste l’un des plus élevés au monde, avec environ 7,2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et environ 6,5 millions de réfugiés dont la plupart résident dans les pays voisins comme la Turquie, le Liban et la Jordanie.
« Des gens rampaient sur le sol pour essayer d’échapper aux tirs. » Khawla Um Khaled, déplacée syrienne soutenue par CARE
« Des gens rampaient sur le sol pour essayer d’échapper aux tirs. Nous ne sommes partis qu’avec nos vêtements sur le dos. Nous n’avons pas eu le temps d’emporter quoi que ce soit », raconte Khawla Um Khaled. Son mari était autrefois directeur des finances d’un syndicat agricole. Le couple vit désormais dans une tente après avoir fui cinq fois les combats, se déplaçant de ville en ville. « Nous n’avons plus de revenus, nous survivons avec l’aide que nous recevons », explique-t-elle.
Les tremblements de terre de février 2023 ont porté un coup supplémentaire aux communautés syriennes qui luttaient déjà pour survivre. Dans le nord-ouest, l’une des régions les plus sinistrées par la catastrophe, 855 000 personnes ont vu leur maison endommagée ou détruite. Pour les Syriens et Syriennes déjà déplacés à de multiples reprises par le conflit, cette catastrophe les a d’autant plus plongés dans l’épuisement et le désespoir.
« Les tremblements de terre de février 2023 ont mis en évidence la gravité de la situation humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie », explique Julien Dondenne, responsable des urgences chez CARE France. « Nous avons besoin de financements sur la durée pour aider les communautés à se remettre des multiples chocs qu’elles subissent depuis plus d’une décennie. »
Au cours de l’année précédente, CARE et ses partenaires locaux ont aidé 3,8 millions de personnes en Syrie. Nous continuerons à nous mobiliser pour apporter une réponse humanitaire en Syrie. Nous n’oublions pas les familles syriennes.
L’aide apportée par l’ONG CARE en Syrie
L’association CARE accompagne les populations syriennes à renforcer leur résilience afin qu’elles ne dépendent moins de l’aide externe pour leur survie.
- Nous apportons une réponse aux besoins primaires de populations : reconstruction des infrastructures endommagées par les combats, distribution d’abris pour les familles déplacées, services de protection et de soins de santé.
- D’un point de vue économique, nous soutenons le développement de l’agriculture face aux défis climatiques et aidons les femmes à trouver des activités génératrices de revenus durables.
© CARE
En savoir plus