Un nombre croissant de réfugiées syriennes sont désormais seuls soutiens de leur famille lors de leur exil dans les pays du Moyen-Orient ou de leur fuite vers l’Europe. 95% d’entre elles dénoncent un stress supplémentaire et 60% se sentent plus vulnérables aux violences, abus et harcèlements. En amont des Sommets internationaux sur les réfugiés (19 et 20 septembre), l’ONG CARE publie le rapport « On her own » décrivant les dangers auxquels sont confrontées les réfugiées syriennes et demande à la communauté internationale de les protéger.
De plus en plus de femmes seules ou avec leurs enfants fuient la guerre en Syrie, les hommes ayant déjà fui à l’étranger ou ayant été tués durant le conflit. En Jordanie, la proportion de familles syriennes dirigées par des femmes est passée de 25% à 40% en deux ans. Ces femmes sont alors seules responsables de la survie de leur famille alors même que les conditions de vie des réfugiés se précarisent un peu plus chaque année.
En Jordanie, quatre réfugiés sur cinq vivent désormais sous le seuil de pauvreté. Certaines mères sont contraintes d’avoir des relations sexuelles avec les propriétaires des logements qu’elles occupent.
« La situation actuelle est similaire à ce qui s’est passé durant la Première et la Seconde Guerre mondiale, quand les femmes ont dû assumer de nouvelles responsabilités avec les aspects positifs et négatifs qui en ont découlé », explique Howard Mollet, responsable de plaidoyer de CARE.
La plupart des femmes réfugiées qui arrivent en Europe et dans les Balkans sont très vulnérables et ont généralement moins d’argent et de ressources (telles que les téléphones portables) que les hommes.
Batoul, 18 ans, rencontrée par les équipes de CARE dans un camp de réfugiés en Serbie, témoigne de ce nouvel état de fait :
« En Syrie, je quittais peu ma maison. Mais ces cinq derniers mois, j’ai parcouru des centaines de kilomètres, seule avec mon bébé, pour rejoindre mon mari qui est en Allemagne. J’ai failli me noyer dans de la boue ; je suis restée trois mois dans un camp en Grèce ou je ne me nourrissais que de soupe ; en voulant rejoindre la Macédoine, je me suis perdue pendant six jours dans la forêt avec 200 autres réfugiés, à mi-chemin nous n’avions plus rien à manger… Une fois en Allemagne, je veux apprendre l’anglais et l’allemand. Je veux trouver du travail. Les femmes sont fortes et nous avons un nouveau rôle à jouer. »
En Grèce, la moitié des familles syriennes seraient dirigées par des femmes. Certaines d’entre elles, voyageant seule avec leurs enfants, initient des relations sexuelles afin de bénéficier de la protection d’un homme. Les sentiments d’insécurité sont très forts et les dangers d’agression réels.
« Certains camps en Europe n’assurent aucune protection pour les femmes et les enfants. Il n’y a pas de lumière le soir, aucun verrou dans les douches ou les toilettes, pas de dortoirs séparés pour les hommes et les femmes », témoigne Howard Mollett de retour d’une mission en Grèce.
Les sommets organisés par les Nations unies et Barack Obama, les 19 et 20 septembre, doivent être l’opportunité de renforcer le soutien aux réfugiés et notamment la protection des femmes et des enfants :
- augmentation des financements humanitaires,
- mise en place de routes sûres pour les réfugiés,
- tenue des engagements concernant l’accueil et la réinstallation des réfugiés.
Notes aux éditeurs
Pour lire le rapport « On her own ».
Pour plus d’informations ou demande d’interview, contactez Laury-Anne Bellessa, 07 86 00 42 75, bellessa@carefrance.org