Une coalition mondiale a appelé aujourd’hui les dirigeants des pays membres du G20 à mettre en place un Plan de Rétablissement pour le Moyen-Orient afin de prévenir l’embrasement des voisins de la Syrie affectés par le conflit qui y fait rage depuis plus de quatre ans.
La coalition, composée d’ONG internationales, de hauts responsables politiques et d’Avaaz, a appelé les dirigeants qui se réuniront ce weekend en face des côtes syriennes à s’engager sur un plan ambitieux pour soutenir les voisins de la Syrie qui ont accueilli la vaste majorité des réfugiés depuis le début du conflit en 2011.
L’ancienne Secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright a déclaré : « Après près de cinq ans de conflit, plus de quatre millions de personnes ont dû fuir l’horreur en Syrie, et malgré l’afflux de réfugiés vers l’Europe cet été, 86% d’entre eux sont toujours dans seulement cinq pays de la région. Les dirigeants réunis ce weekend au sommet du G20 en Turquie doivent concentrer leurs efforts à la reconstruction d’un Levant ébranlé, afin d’améliorer les conditions économiques et sécuritaires de la région. Le Plan de Rétablissement du Moyen-Orient comporte d’importantes propositions pour aider la communauté internationale à bâtir l’avenir. »
La campagne de la coalition s’appuie sur un nouveau rapport du Middle-East Investment Initiative (MEII), sous le titre « Le Plan de Rétablissement du Moyen-Orient : Agir maintenant ou en payer le prix plus tard » ('The Middle East Recovery Plan : Act Now or Pay Later'). Ce rapport plaide pour un effort d’investissement à la hauteur du plan Marshall en faveur des pays qui accueillent l’essentiel des réfugiés syriens (le Liban, la Jordanie et la Turquie). Le Plan permettra de stabiliser leurs économies, d'enrayer le potentiel de recrutement des groupes extrémistes, et de préparer des bases solides pour des négociations politiques qui permettent d’apporter ce que les Syriens demandent : une solution politique au conflit fondée sur les droits humains.
« Nous devons construire des partenariats et des alliances avec les communautés locales où les Syriens ont trouvé refuge, ainsi qu’avec les dirigeants des pays impliqués dans la région, le secteur privé, et les organisations de la société civile, afin de développer un plan complet donnant aux réfugiés qui ont dû fuir leur pays les moyens de travailler et de trouver une vie meilleure » a déclaré Jim Pickup, Président du MEII.
Le Plan de Rétablissement du Moyen-Orient est une proposition de programme d’aide fondé sur la coopération mutuellement bénéfique, l’investissement dans les infrastructures et le soutien aux entreprises locales. Bien qu’inspiré du plan Marshall qui avait aidé l’Europe à renaître de ses cendres et devenir la première puissance économique régionale après la seconde guerre mondiale, le Plan de Rétablissement du Moyen-Orient doit être le fruit d’une ambition commune de tous les dirigeants du G20, pas seulement des Etats-Unis.
Emma Ruby-Sachs, directrice exécutive par intérim d’Avaaz a déclaré : « Les dirigeants présents au G20 vont se retrouver pour enfin répondre aux souffrances des Syriens à travers le monde, et nous leur présentons un plan soutenu par des millions de personnes qui comptent sur eux pour agir. Ce weekend, nos gouvernements ont toutes les cartes en main pour s’unir et s’engager à réinstaller des réfugiés, fournir une aide humanitaire complète, protéger les civils, et engager de réelles discussions pour une transition politique en Syrie. S’ils décident d’ignorer l’appel de leurs citoyens, il risque de n’y avoir plus de Syrie à sauver. »
L’appel de la coalition pour une vision ambitieuse pour le Moyen-Orient trouve écho dans un mouvement croissant présent au G20 provenant du monde des affaires, des organisations de la société civile et des droits des femmes, tandis qu’une coalition internationale d’organisations humanitaires a publié cette semaine un rapport appelant à un « new deal » décisif pour les réfugiés de Syrie comme réponse à la plus grave crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale.
Tout comme l’Europe il y a soixante-dix ans, les voisins de la Syrie font aujourd’hui face à des économies épuisées et ravagées par la guerre voisine, avec des taux de chômage massifs, des services publics dysfonctionnels et un des millions de réfugiés. Ce rapport montre comment un plan de rétablissement pour les voisins de la Syrie permettrait d’aider une région en chute libre, de combler le déficit de financement de la réponse humanitaire, et de préparer les conditions d’une solution politique durable en favorisant des investissements de long-terme qui bénéficieraient à l’économie mondiale.
« Les Syriens continueront de risquer leur vie en Méditerranée tant que leurs conditions de vie resteront aussi difficiles en Syrie et dans les pays d’accueil de la région, » a déclaré le Dr. Ahmad Tarakji, Président de la Syrian American Medical Society (SAMS). « Les dirigeants des pays membres du G20, qui représentent à eux seul 85% de la richesse mondiale, doivent saisir cette opportunité pour mobiliser et augmenter sans plus tarder les financement et ressources nécessaires pour soutenir les voisins de la Syrie, et poser les bases d’un plan de rétablissement pour la région. »
Les recommandations du rapport incluent :
- Une meilleure coordination entre les organisations internationales, notamment les Nations Unies, la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, et les Etats membres du G20, pour mettre en place une stratégie coordonnée pour le développement économique et la croissance dans la région
- Augmenter l’accès aux financements pour les petites et moyennes entreprises
- Légaliser l’accès à l’emploi des réfugiés dans les communautés d’accueil
Sharran Burrow, Secrétaire Générale de la Confédération Syndicale Internationale et organisatrice du sommet des travailleurs du L20, en parallèle du G20, déclare : « Le droit de travailler est une garantie pour les réfugiés et les communautés d’accueil de récolter les bénéfices économiques des migrations. Les dirigeants doivent accorder aux réfugiés le droit de travailler et d’intégrer l’économie formelle et garantir le respect de leurs droits sociaux et économiques. »
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