Plus de 80% des réfugiés syriens sont des femmes et des enfants. Ils constituent une population particulièrement vulnérable. Les femmes sont menacées d’exploitation, d'isolement et manquent de moyens d'existence. Découvrez leurs témoignages et l’action de CARE pour les soutenir.
Badriya, 37 ans, vit avec ses sept enfants à Zarka, une ville dans le centre de la Jordanie.
« Mon mari est parti pour l’Allemagne le 27 août dernier… J’oublie souvent la date car je suis très stressée. Il est parti parce qu’il n’y a pas de travail ici et les conditions de vie sont trop dures. Je ne lui ai pas parlé depuis deux semaines mais je sais qu’il est très stressé et malheureux là-bas. Il espérait pouvoir travailler et nous envoyer de l’argent, mais il est dans un camp, inactif avec beaucoup de temps libre pour s’inquiéter et penser.
Yazan, mon fils de 15 ans, a dû quitter l’école pour travailler dans une boulangerie. Moi, je cuisine pour un voisin. Nous faisons tout pour gagner de quoi payer le loyer, mais ce n’est pas suffisant. Nous n’avons pas pu payer notre loyer depuis trois mois. Et le mois dernier, on nous a coupé l’électricité. Imaginez, dans toute cette maison nous n’avons même pas 5 euros. »
Badriya reçoit une aide financière d’urgence de 170 euros par mois par l’ONG CARE. En parallèle, elle participe à un programme de formation professionnelle. Badriya et sa famille ont également participé aux activités de soutien psychosocial de CARE.
Amira*, 49 ans, originaire de Homs en Syrie.
« Nous avons vécu sous les bombes pendant deux ans. Puis, 500 personnes ont été assassinées dans mon quartier. On leur a tranché la gorge et les corps ont été rassemblés pour être brûlés. Une voisine de mon âge a été kidnappée et violée par quatre hommes. Elle leur disait : "j’ai l’âge de votre mère" mais ils n’ont pas écouté.
J’ai décidé de partir. A cause des chaussures que je portais et parce que nous avons tellement marché pour atteindre la Jordanie, l’un de mes pieds était très enflé. Quand nous sommes arrivés, un docteur m’a dit qu’il faudrait l’amputer. Heureusement, un autre a pu me soigner mais j’ai dû rester allongée pendant trois mois sans pouvoir bouger mon pied. Parfois j’en arrivais à vouloir être morte. Mais aujourd’hui, je suis très reconnaissante envers le docteur qui a sauvé mon pied. »
* Le prénom de cette personne a été changé pour protéger son identité.
Sanaa, 36 ans, vit dans une chambre avec ses 8 enfants à Mafraq, nord-est de la Jordanie.
« Je travaille de 5 heures du matin à 4 heures de l’après-midi, cinq jours par semaine, dans une ferme. Ma fille ainée, Fedaa, a dû quitter l’école pour m’aider à la maison et surveiller les plus jeunes quand je travaille toute la journée. Je cueille des olives l’hiver et récolte des légumes l’été, pour gagner de l’argent pour ma famille. Le travail est très dur. Je travaille comme une esclave. La ferme est en haut des montagnes, il faut une heure pour y arriver. Ils nous récupèrent chaque matin dans un minivan avec des fenêtres opaques parce que c’est illégal d’employer des réfugiés.
L’argent que je gagne n’est pas suffisant et nous ne mangeons que deux repas par jour. Nous mangeons à de rares occasions du poulet, mais jamais d’autre type de viande. Qusai, mon fils de 13 ans, avait quitté l’école pour travailler. Mais maintenant, je reçois une aide financière de CARE et Qusai a pu retourner à l’école cette année. Les équipes de CARE nous donnent aussi une aide pour l’hiver d’environ 515 euros.
Maintenant, j’apprends l’arabe deux jours par semaine pour savoir lire et écrire. Je veux être capable de faire des choses simples et aider mes enfants avec leurs devoirs. »
Shiffa’, 46 ans, vit à Zarka en Jordanie depuis mai 2013.
« Nous avons fui parce que nous n’avions plus rien en Syrie. 25 000 personnes vivaient dans notre village quand nous avons été assiégés et affamés. Nous n’avions même pas de pain pour manger. Parfois, nous trouvions juste du pain sec ou pourri. Ceux qui essayaient de s’enfuir étaient abattus par des snipers. On a quand même tenté notre chance. Nous sommes partis en pleine nuit. Après un mois dans un autre village, nous avons quitté la Syrie.
En Jordanie, nous vivons avec les familles de mes deux fils ainés dans un seul appartement. Notre appartement est plein de moisissures et la peinture se décolle des murs. Le toit fuit. Les fenêtres et la porte ne se ferment pas correctement. A chaque fois qu’il pleut, la maison est inondée mais nous n’avons pas les moyens de payer un loyer plus important (celui de leur appartement est de 155€ par mois).
Nous avons une bouteille de gaz et un réchaud. Nous les utilisons pour cuisiner, nous chauffer et chauffer de l’eau pour nous laver. L’hiver, nous dormons tous dans la même pièce pour nous tenir chaud. Nous n’avons pas de source de revenus car un permis de travail coûte très cher et donne accès à très peu d’emplois. Nous ne mangeons que de la soupe et des tomates séchées.
Ghassan, mon plus jeune fils, a 15 ans. Il ne va plus à l’école depuis que nous avons quitté la Syrie. Il est psychologiquement épuisé. Il veut partir en Allemagne pour avoir un meilleur avenir. Nous ? Nous ne savons pas où nous pourrions aller. Ici, nous avons la même langue, partageons la même culture. Comment communiquer ou même survivre dans un autre pays ? Quand la guerre sera terminée en Syrie, nous voulons juste rentrer chez nous. »
Shiffa’ reçoit une aide financière d’urgence des équipes de CARE.
L'action de CARE
CARE a déjà fourni une aide humanitaire à plus d'1,2 million de personnes : populations déplacées en Syrie, réfugiés syriens ou communautés hôtes des pays voisins comme la Jordanie ou le Liban.
Pour soutenir les femmes réfugiées syriennes et leur famille, nos équipes :
- distribuent de la nourriture et des biens de première nécessité (vêtements, ustensiles de cuisine, matelas),
- améliorent l'accès à l'eau et à l'assainissement,
- apportent un soutien financier (pour l'achat de nourriture, le paiement des loyers ou l'accès à des soins de santé),
- apportent un soutien psychosocial,
- informent les réfugiés sur leurs droits.