Récoltes insuffisantes, impacts du changement climatique, augmentation des prix alimentaires sont des facteurs de la crise alimentaire au Sahel. Dans la zone rurale du Wadi Fira à l’est du Tchad, CARE soutient financièrement les familles qui souffrent d’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Notre collègue Achta, gestionnaire de coupons, explique le déroulement de ce projet.
« Nous aidons des populations affectées par une crise alimentaire chronique. »
Achta travaille dans le Wadi Fira, région de la bande sahélienne affectée par une crise alimentaire chronique. La très grande pauvreté des populations locales les rend vulnérables aux conséquences de mauvaises récoltes et aux variations des prix pendant la période de soudure, lorsque les stocks de céréales sont épuisés et que la prochaine production n’est pas encore prête à être récoltée.
« La pauvreté est un facteur aggravant des crises alimentaires.»
« Aujourd’hui, le moindre choc fait basculer les populations dans la malnutrition et aggrave leur niveau de pauvreté. Les familles sont obligées de vendre leur bétail, leurs biens ou leurs semences. Il leur faut deux ou trois ans pour s’en remettre. Or, les intervalles entre deux crises se sont considérablement réduits et cela érode d’autant plus leurs capacités de résilience », explique Achta.
Cette année, les récoltes ont souffert d’une période de sécheresse précoce couplée à des attaques d’insectes. 18% de la population du Wadi Fira souffrent désormais de malnutrition, dépassant le seuil d'urgence des 15% défini par l'OMS. C’est pourquoi, CARE intervient dans cette zone depuis 2012.
« Je suis très fière de mon travail. »
« J’ai travaillé pour d’autres ONG auparavant mais c’est la première fois que j’ai l’occasion d’être en contact avec les gens que nous soutenons. C’est une expérience particulièrement stimulante même si notre vie quotidienne dans cette région est difficile du fait de la rareté de l’eau. Mais ma passion pour mon travail rend ces difficultés totalement secondaires », explique Achta.
« J’ai fait des études de comptabilité et de finances, ce qui m’a permis d’intégrer le programme de soutien financier mis en place par CARE. Je suis très fière de mon travail. Ce projet est passionnant. La gestion des coupons est une responsabilité importante, mais cela ne m’effraye pas. »
« Le rôle de la gestionnaire de coupons est crucial. »
En effet, le rôle de la gestionnaire de coupons est crucial. Des équipes de CARE identifient avec la communauté les familles les plus vulnérables de la région et leur remet un coupon qu’elles pourront échanger contre de l’argent lors des distributions organisées dans les deux jours qui suivent.
« Il faut être particulièrement consciencieux lorsqu’on manipule ces coupons. Je supervise leur création et je m’assure qu’ils soient distribués aux bonnes personnes. Je me charge du bon déroulé de cette opération. Lors de l’échange des coupons contre le soutien financier que nous apportons, je rassemble les justificatifs que nous transmettrons aux bailleurs qui nous soutiennent, comme ECHO (service de la Commission européenne à l'aide humanitaire et à la protection civile), », explique Achta.
« L'année dernière, nous avons aidé 9 980 familles. »
L’année dernière, 9 980 familles ont bénéficié de cette aide. Entre juin et septembre 2015, CARE a organisé trois distributions financières qui ont permis de soutenir ces familles durant la période de soudure. Chacune a reçu 20 000 FCFA (30€ qui permettent d’acheter l’équivalent de 35kg de mil et 40kg de sorgho, les céréales constituant l’alimentation de base dans la bande sahélienne du Tchad).
Ce type de programme permet aux populations de définir elles-mêmes leurs besoins prioritaires. Les bénéficiaires peuvent répondre à leurs besoins immédiats (achat de nourriture, paiement de soins médicaux) et préserver leurs moyens de subsistance.
Certaines familles ont bénéficié de ce soutien d’urgence de CARE dès 2012. Elles participent aujourd’hui à des initiatives de développement local mises en œuvre par CARE dans la région : élevage de petits ruminants et formation de vétérinaires.
Un témoignage recueilli par Sophie de Saint-Pern, membre de l’équipe « urgences » de CARE France.