Au cours des dix dernières années, le Tchad a connu quatre crises alimentaires. Les familles les plus vulnérables sont contraintes de compenser le manque de récoltes en dépensant leurs économies et en vendant leur bétail pour acheter de la nourriture. À l’est du pays, CARE soutient les femmes, cheffes de famille, à diversifier leurs activités économiques pour faire face aux impacts de la sécheresse. Découvrez leurs témoignages.
CARE soutient l'élevage de petits ruminants
En novembre 2015, CARE a organisé une foire permettant à 500 femmes, du canton de Mimi Hadjer, de choisir deux petites chèvres chacune. Cela doit permettre de renforcer leurs conditions de vie, par la consommation du lait de chèvre, et leurs revenus grâce à l’élevage.
Une fois que ces chèvres auront mis bas, les chevreaux sevrés seront remis à d’autres femmes, multipliant ainsi les effets de ce projet.
« Il n’y a pas de travail là où j’habite à Nissiguir. Mon mari qui vient de revenir d’un long exode n’a pas retrouvé d’activité. Moi, j’ai un petit commerce. J’aimerais y vendre le lait de nos chèvres, ce qui augmenterait considérablement nos revenus », explique Amine Adam Malik, mère de deux jeunes enfants.
« J’amène souvent mes chèvres pâturer mais, pour cela, nous devons parcourir trois kilomètres. CARE m’a appris comment cultiver un champ fourrager pour nourrir mes chèvres, ce qui sera plus facile. »
La sécheresse a détruit les champs fourragers
Mais cette année, la sécheresse et les attaques d’insectes ont affecté ces champs fourragers.
« La sécheresse qui nous affecte m’inquiète beaucoup », raconte Maridjoba qui vit également à Nissiguir.
« Je dois aller chercher des herbes sauvages pour nourrir ma chèvre. Elle nous donne du lait et je ne veux pas la perdre. J’ai peur de la laisser seule au pâturage. Avant cette chèvre, je ne possédais rien. J’ai trois jeunes enfants de 6, 4 et 2 ans que je dois nourrir et mon mari vient de revenir après deux ans d’absence pour chercher du travail. »
Pour permettre à ces femmes de nourrir leurs chèvres en cette période difficile de soudure pastorale, CARE va distribuer des compléments alimentaires pour le bétail.
La formation d’auxiliaires vétérinaires
Afin d’assurer le développement de l’élevage de petits ruminants, CARE a formé un groupe de 10 femmes au métier d’auxiliaire vétérinaire. Auparavant, le centre vétérinaire le plus proche était situé à une journée de marche.
« Je viens tout juste de finir ma formation. C’est un nouveau défi pour moi mais cela ne m’effraie pas. Au contraire, je suis enthousiaste. J’ai déjà soigné 15 chèvres et un âne », confie Dourouba qui vit à Djourouf.
Grâce à cette formation, Dourouba sait aujourd’hui diagnostiquer les maladies et quels médicaments utiliser afin de soigner le bétail. Une petite boîte à pharmacie avec tous les médicaments nécessaires lui a été confiée.
« Grâce à ce projet, je vais pouvoir augmenter mes revenus. J’ai déjà gagné 7 000 FCFA (10€ soit de quoi acheter 15kg de mil et 20kg de sorgho, les céréales de base pour l’alimentation des familles dans la bande sahélienne). Je n’aurais jamais pensé avoir ce genre de perspectives, mais j’envisage aujourd’hui de louer mon propre local afin de stocker mes médicaments. Je pourrais peut-être m’associer à l’une des autres femmes qui a été formée », poursuit Dourouba.
Un témoignage recueilli par Sophie de Saint-Pern, membre de l’équipe « urgences » de CARE France.
Pour mieux comprendre
Depuis plus d’une dizaine d’années, la région du Wadi Fira est affectée par une crise alimentaire chronique. 18% de la population souffrent de malnutrition, dépassant le seuil d'urgence des 15% défini par l'OMS.
Depuis 2012, CARE a aidé des dizaines de milliers de personnes dans la région Est du Tchad. Nous apportons une aide de première urgence via des distributions financières. Notre objectif est également de renforcer les capacités de résilience des populations pour qu'elles puissent mieux résister et absorber les effets des chocs alimentaires, économiques ou climatiques.
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