Les impacts du changement climatique sur les agricultrices
"Ces dernières années, j’ai vu mon rendement en aubergine et en poivron chuter. Les plants se desséchaient, pourrissaient ou étaient dévorés par les insectes."
Mama, agricultrice à Madagascar
Mère célibataire ayant la charge de ses enfants, Mama se sentait isolée face à cet échec. Pourtant, ses difficultés sont partagées par de nombreuses femmes agricultrices dans le monde. Les effets des dérèglements climatiques sont nombreux et n’épargnent aucun continent : asséchement des sols, manque de pluie ou inondations soudaines, multiplication des attaques d’insectes… Et les petites agricultrices en sont les premières à en subir les conséquences. Car ces femmes dépendent de leurs cultures agricoles comme source de revenu. Le changement climatique augmente donc leur précarité et leur charge de travail quotidienne. « Mes revenus ont beaucoup diminué. Je n’avais plus de quoi payer la scolarisation de mes enfants », explique Mama.
Ces astuces et bonnes pratiques d’agroécologie
Pour aider ces femmes, il y a une solution : l’agroécologie qui permet de produire plus en respectant l’environnement. C’est pourquoi, CARE a créé des écoles d’agroécologie à Madagascar, en Inde, au Vietnam et en Équateur. « Les ateliers sont à la fois théoriques et pratiques », raconte Rosa, agricultrice en Équateur. « Au début j’ai eu un peu de mal pendant la théorie parce que je ne sais pas lire ni écrire, mais Angelica qui travaille pour CARE m’a aidée. Et la pratique fait aussi partie de la connaissance. »
Ces écoles agricoles couvrent des sujets tels que la gestion écologique, la production d’engrais organiques, la lutte contre les insectes ravageurs et les maladies, les bonnes pratiques d’élevage. « Depuis mon adhésion au groupe d’agricultrices soutenu par CARE, j’utilise un mélange à base d’eau, de feuilles de neem et de bouse de zébu comme pesticide naturel et fertilisant », explique Mama à Madagascar. C’est une vraie révolution positive pour beaucoup d’agricultrices. Maria de la province de Cotopaxi en Équateur en témoigne : « Avant, nos grands-parents n’utilisaient pas de produits chimiques, mais aujourd’hui tout le monde plante avec des produits agrochimiques. Ça rend les gens malades, nous mangeons du poison. C’est pourquoi il y a tant de maladies dans nos communautés. Nous devons apprendre à produire de manière propre. Nous sommes heureuses que de plus en plus de femmes soient formées à l’agroécologie. »
Utiliser des plantes comme pesticides naturels est une vraie révolution positive pour beaucoup d’agricultrices.
Et comme il est essentiel de protéger les terres et les ressources qui nourrissent des familles et des communautés entières, les classes mises en place par CARE abordent d’autres sujets : la conservation des sols, l’agroforesterie et la gestion de l’eau. C’est d’ailleurs aussi la mission de María. Depuis 1984, elle dirige l’organisation de femmes indigènes et paysannes « Sembrando Esperanza » (Semer l’espoir) avec laquelle CARE travaille dans le cadre de ce projet. « Mon organisation travaille depuis plusieurs années sur la protection des páramos. » Les paramos sont cet écosystème de montagne spécifique aux Andes, sorte de prairie froide de haute altitude qui se forme entre la forêt tropicale et les neiges éternelles.
"Si nous prenons soin de nos páramos, nous garantissons nos sources d'eau pour boire, cultiver. Sans eau, il n'y a pas de souveraineté alimentaire."
María, directrice de l’association Sembrando Esperanza
Ayant conscience de ça, CARE et l’université technique de Cotopaxi ont mis en place un nouveau système de traitement de l’eau que chaque agricultrice peut dupliquer. Désormais, l’eau du bain, de la vaisselle et de la lessive est recyclée grâce à un système de filtration fait de laine d’alpaca et de pierres. Cette eau sert ensuite pour arroser les plantations et abreuver le bétail, tout en réduisant la charge de travail des femmes. Car partout dans le monde, les femmes marchent parfois des heures pour trouver de l’eau pour leur cultures.
Des impacts concrets : une agriculture responsable qui garantit la souveraineté alimentaire
5 500 agricultrices bénéficient de ce projet mené par CARE. Et les résultats sont là.
"Au départ, je me suis demandée comment ce petit nombre de graines donné par CARE pourrait répondre aux besoins de ma famille. Puis j’ai dédié tout mon temps libre à notre potager. Je n'aurais jamais pensé qu'un si petit effort puisse avoir un impact si énorme pour ma famille"
Tribeni, en Inde.
Tribeni et sa famille vivent dans le district de Kalahandi, une région frappée par l’extrême pauvreté. Son mari avait commencé à travailler ses terres, mais le petit lopin de terre ne produisait pas assez pour nourrir sa famille. Ce n’est désormais plus un problème. Grâce au soutien de CARE, Tribeni a planté du kosala, des épinards, de la coriandre, du radis, du chou, des carottes et des pois verts. Aujourd’hui, non seulement son potager nourrit sa famille avec des aliments varies et riches en nutriments, mais elle a fait augmenter les revenus de sa famille en en vendant le surplus. Sa réussite est telle qu’elle a incité ses voisins à suivre ses traces, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de son village.
Le bilan est le même en Équateur. María, avec l’appui de CARE, se mobilise pour la récupération et la conservation des semences indigènes, propres à la région donc plus adaptées aux conditions météorologiques et aussi plus nutritives.
Car c’est là tout l’enjeu de cette bataille par les femmes agricultrices et CARE. La souveraineté alimentaire. C’est aussi pour cette raison que Maria en Équateur fait tout pour sensibiliser les gens afin qu’ils n’abandonnent pas la campagne. C’est une question de survie de ces territoires mais aussi de ces familles. En cultivant leurs terres avec succès, elles assurent leur résilience et leur indépendance face aux crises économiques et climatiques.
Tout l’enjeu de cette bataille par les femmes agricultrices et CARE est la souveraineté alimentaire.
En savoir plus sur le projet She Grows the Future
Comment aider les femmes rurales marginalisées à s’adapter aux conséquences du changement climatique ? Ce projet soutient plus de 5 500 petites agricultrices à adapter leurs techniques agricoles aux impacts climatiques et à diversifier leurs sources de revenus. Outre l’apprentissage de techniques agricoles durables, ce projet défend les droits des femmes et promeut l’égalité de genre. Car trop souvent, les femmes agricultrices sont confrontées à de nombreux obstacles sexistes qui les empêchent de déployer pleinement leur potentiel : faible niveau d’éducation, exclusion des systèmes d’épargne et de crédit… Ce projet est soutenu financièrement par la Fondation L’Oréal. Cliquez ici pour en savoir plus.
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