Comment les femmes sont affectées par la guerre en Ukraine ?
Chaque crise humanitaire est une crise pour les droits des femmes. La guerre en Ukraine en est un exemple frappant. Il y a un an, l’escalade du conflit a poussé des millions de personnes à quitter le pays, dont environ 86% sont des femmes et des filles (1). La guerre a donc bouleversé les vies de femmes, qu’elles soient restées en Ukraine ou qu’elles aient fui. Parmi les risques auxquels elles sont exposées, la hausse des violences dont les risques de trafic humain, le manque de soins de santé dont la disruption des services de planning familial qui résulte en des grossesses indésirées et des services pré- et post-nataux pour les femmes enceintes, la responsabilité des enfants et des seniors tout en se retrouvant seules pourvoyeuses pour leur famille…
Les femmes, en première ligne de la réponse humanitaire en Ukraine et dans les pays voisins
Pourtant, ce sont aussi des associations de femmes, en Ukraine et dans les pays voisins, qui se sont retroussé les manches pour venir en aide aux populations affectées par le conflit. Elles sont pour la plupart en première ligne de la réponse humanitaire. C’est pourquoi CARE soutient plusieurs organisations de femmes en Ukraine mais aussi en Pologne, en Hongrie, en Roumanie et en Moldavie. Elles ont mis en place des distributions alimentaires, des foyers, des accueils de jour pour enfants, du soutien psycho-social, des programmes de prise en charge des victimes de violences, ou du soutien administratif pour s’intégrer dans les pays d’accueil. Dans les pays d’accueil, de nombreuses associations ont dû étendre leur mandat pour non seulement prendre en charge les populations vulnérables dans leur pays mais aussi le flux de réfugiées et réfugiés.
Les associations de femmes manquent de financements
Un an après l’escalade de la guerre en Ukraine, nous avons interrogé nos partenaires sur le terrain pour connaître leurs besoins. Parmi les obstacles majeurs : les financements pour mettre en œuvre des projets humanitaires. Les financements sont trop de court terme, les procédures sont longues et bureaucratiques – ce qui freine l’efficacité de leur travail et parfois le fonctionnement de leur association.
Malgré les difficultés de financements pérennes, l’expertise de ces associations locales et leur capacité à toucher les publics les plus marginalisés est une force pour venir en aide aux réfugiés et réfugiées d’Ukraine. Déjà présentes sur place, elles parlent la langue nationale, ont une connaissance fine du contexte et une expertise avérée dans la prise en charge de publics vulnérables dans leur pays.
Nous appelons le secteur humanitaire – États, agences de l’ONU, ONG internationales comme CARE – à prioriser les associations locales de femmes dans la réponse humanitaire. Alors que la guerre entame sa deuxième année, il est temps de reconnaître leur expertise et leur impact, de leur fournir plus de financements, flexibles et de long terme, afin de poursuivre leur travail essentiel.
Découvrez les témoignages de nos partenaires
"En mars 2022, lorsque nous avons ouvert des foyers pour femmes à Lviv et à Tchernivtsi, nous ne pouvions compter sur des subventions de quelques mois sans savoir s’il serait possible de les prolonger. Pendant environ un mois, nous avons désespérément cherché un financement pour la suite, parce que le besoin de logement parmi nos bénéficiaires ne faisait qu'augmenter."
Association de défense des droits des femmes Insight, partenaire de CARE en Ukraine
"Le financement de nouvelles recrues est souvent limité à la durée d’un projet. Nous avons besoin de les former pendant une longue période avec le risque de manquer d’argent pour leur offrir des contrats de travail de long terme. Ces défis ont un impact sur les capacités et la qualité de notre engagement en temps réel avec les femmes, les filles et les publics vulnérables auxquels nous adressons nos services."
Association de défense des droits des femmes FEDERA (Fondation pour les femmes et le planning familial), partenaire de CARE en Pologne
"Certaines procédures ont pris beaucoup de temps, ce qui signifie qu’on a reçu des financements que plusieurs mois après le lancement de notre projet. […] Au moment de l’escalade de la guerre, les associations hongroises de droits des femmes se sont retrouvées dans une situation de sous-financement extrême, avec des capacités minimales, luttant pour poursuivre leur travail grâce à des bénévoles et quelques employées épuisées."
Association de défense des droits des femmes Emma, partenaire de CARE en Hongrie
"Beaucoup d’entre nous sont des petites organisations, avec des femmes qui se battent pour les réfugiées ukrainiennes et d’autres publics vulnérables. Ces associations sont les mieux placées pour orienter les activités de la réponse, car elles savent directement ce dont les réfugiés et réfugiées ont besoin."
Coalition de défense des droits des femmes FONPC, partenaire de CARE en Roumanie
Source :
(1) HCR, mars 2023
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