CARE portera la voix des femmes soudanaises à la conférence humanitaire à Paris le 15 avril
Ce lundi 15 avril marquera un an depuis le début du conflit au Soudan. En ce jour, la France organise une conférence humanitaire qui rassemblera les décideurs politiques et les bailleurs de fonds autour d’objectifs communs pour répondre aux besoins humanitaires des populations locales, largement sous-financés.
"Sans un soutien urgent de la communauté internationale, la situation risque d'échapper à tout contrôle."
Amadou Bocoum, directeur de CARE au Tchad, l’un des pays d’accueil des Soudanais déplacés
CARE participera à cet événement et mettra en avant la réalité des femmes soudanaises, ainsi que le travail acharné des organisations féministes qui œuvrent sans relâche pour aider les femmes et les filles, premières victimes du conflit.
CARE lance un appel à la communauté international et demande :
- un accroissement de l’’aide humanitaire à destination des populations oubliées du Soudan.
- la priorisation des besoins spécifiques des femmes et des filles, premières victimes des crises. Toute réponse humanitaire doit lutter contre les violences sexistes et sexuelles, aussi appelées violences basées sur le genre.
Comment faire pour garantir cela ? En s’engageant à financer de manière durable les organisations féministes locales, qui possèdent une expertise inégalée pour aider les femmes et les filles confrontées à des crises de protection, de sécurité alimentaire et de déplacements.
Un an de conflit armé au Soudan : le bilan humanitaire est catastrophique
Les hostilités entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR) créent un désastre humanitaire dont l’ampleur ne cesse de s’aggraver. La population en subit directement les conséquences. « Cette guerre a déclenché l’une des plus importantes crises de déplacements forcés au monde, avec plus de 6 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, et près de 1,8 million (1) de réfugiés soudanais dans les pays voisins comme le Tchad ou la République centrafricaine. Ces derniers sont déjà fragilisés par d’autres crises complexes, l’afflux de ces personnes réfugiées est une tension supplémentaire sur les ressources » , explique Louis Ridon, chargé de plaidoyer humanitaire chez CARE France.
À ces déplacements s’ajoute une situation critique en matière de sécurité alimentaire (2), avec près de 18 millions de Soudanais confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, dont près de 5 millions en situation d’urgence alimentaire. Où qu’elles se réfugient, les personnes déplacées souffrent de cette urgence, y compris dans leurs pays d’accueil où la faim sévit déjà : « le Tchad est aujourd’hui confronté à la double crise d’un afflux massif de réfugiés en provenance du Soudan et de sa propre situation d’urgence alimentaire » , complète Amadou Bocoum, directeur de CARE au Tchad.
Près de 18 millions de Soudanais sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, dont près de 5 millions en situation d’urgence alimentaire.
En outre, le risque d’épidémies est élevé, avec une résurgence des cas de choléra dans le pays et plus de 70 % des installations de santé hors service, privant ainsi les populations d’un accès aux soins médicaux essentiels, en particulier les femmes enceintes et les victimes de violences sexuelles.
Une guerre contre les femmes et les filles
CARE s’engage aux côtés des populations pour les soutenir, en mettant un accent particulier sur les femmes et les filles. Dans ce conflit, ce sont elles qui paient le prix le plus élevé.
Après un an de conflit, la crise alimentaire s’intensifie et se transforme en une véritable guerre contre les femmes. Les programmes de CARE au Soudan remarquent que lors de crises alimentaires majeures, les femmes sont confrontées à la violence et au harcèlement lorsqu’elles tentent d’accéder aux champs, aux marchés et aux opportunités économiques en général. De plus, une analyse menée par CARE révèle que les femmes réduisent leur apport alimentaire de manière disproportionnée par rapport aux hommes. Pire encore, certaines femmes sont contraintes de recourir à des mécanismes d’adaptation néfastes, comme céder à des chantages sexuels pour subvenir à leurs besoins fondamentaux.
Les besoins colossaux en termes de santé sexuelle et reproductives sont trop fortement ignorés de tous. Déjà en avril 2023, les besoins étaient énormes : 3,1 millions de personne étaient en besoin d’une prise en charge pour prévenir et soutenir les victimes de violences basées sur le genre. Aujourd’hui ce nombre s’élève à 6,7 millions. Malgré ce chiffre alarmant, seuls 6,7% de la part de financements nécessaire à une réponse adaptée aux besoins de protection ont été livrés. « Ces statistiques alarmantes révèlent la réalité brutale de ce conflit et l’énorme fardeau qui pèse sur les femmes et les filles soudanaises, en particulier celles qui ont été forcées de fuir leur foyer. La situation ne fait qu’empirer de jour en jour » , décrit Abdirahman Ali, directeur de CARE au Soudan.
CARE continuera de se mobiliser aux côtés des populations et de ces organisations féministes pour les soutenir et fournir l’aide dont elles ont grandement besoin aujourd’hui. Nous exhortons la communauté internationale à se mobiliser dans le même sens !
Sources : (1) UNFPA, 2024 ; (2) IPC, 2024
L’action de l’ONG CARE au Soudan
- Depuis le début du conflit, CARE a fourni des services de nutrition à 66 112 personnes et des services de santé à 238 000 personnes dans plus de 83 centres de santé à travers le pays. Les opérations humanitaires de CARE se poursuivent dans les régions suivantes.
Darfour Est et Sud – approvisionnement en eau pour les réfugiés et les communautés d’accueil, services de santé, assistance en espèces.
Gedaref – approvisionnement en eau, assainissement et hygiène pour les réfugiés, les personnes déplacées et les communautés d’accueil et services de santé
Al Gezira – fourniture d’eau, d’assainissement et d’hygiène aux personnes déplacées et à la communauté d’accueil
Kassala, Khartoum et Kordofan Sud – Services de santé, aide financière
- Depuis le début du conflit, CARE a distribué 520 000 euros à 11 163 personnes sous forme d’aide financière.
- Dans le cadre de sa réponse multi-crises, l’ONG CARE soutient les populations dans le besoin : Soudan, Gaza, Maroc, Syrie, Afghanistan… Nous apportons une aide humanitaire d’urgence partout où nous sommes en capacité de le faire. Notre mandat est clair : soutenir les victimes qui en ont besoin.
Contact presse pour les médias :
- Chloé Sublet, 07 86 00 42 75, sublet@carefrance.org
Note aux rédactions
Pour plus d’informations, vous trouverez la note de plaidoyer de CARE en anglais ici : Because They Are Women: How the Sudan conflict has created a war on women and girls. Ce document a été approuvé par des organisations locales au Tchad et au Soudan. Il s’agit des organisations suivantes :
Soudan : Zenab pour les femmes dans le développement, Global Aid Hand , Organisation pour la paix unie (UPO), Organisation Raira pour la sensibilisation et le développement
Tchad : NIRVANA.
Soudan du Sud : Young Women Christian Association of South Sudan (YWCA-SS), Agency for Child Relief Aid (ACRA)
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