Comment les discriminations de genre impactent l’indépendance des femmes ?
Près de 40% des femmes ne travaillent pas au Vietnam (1). En cause : les femmes y ont moins accès que les hommes à l’éducation et aux opportunités professionnelles, simplement basé sur leur genre (2). Et lorsqu’elles accèdent à un emploi, il s’agit souvent d’un travail peu rémunéré, ce qui place les femmes dans un statut précaire. Dans ces conditions, parvenir à l’indépendance en tant que femme est un véritable challenge.
Binh et Mon ne font pas exception. Elles vivent dans la communauté thaïlandaise de la ville de Son La au Vietnam. Et, selon la tradition, elles étaient censées se marier, emménager dans la maison de leur belle-famille pour s’y occuper du ménage, des repas et, à terme, des enfants. Mais elles avaient d’autres ambitions.
À 17 ans, Binh va tous les jours à l’université. Parallèlement à ses études, elle cultive du café sur le terrain familial pour aider ses parents financièrement. Mon a elle aussi besoin d’argent, pour parvenir à développer une activité qui lui permette de devenir indépendante. Mais elle est restreinte par la loi au Vietnam sur les prêts bancaires, qui exige d’une femme que son père ou mari se porte garant d’elle.
« Mes deux sœurs se sont mariées et ont déménagé, mais moi, j’ai continué à étudier. » – Binh
Les femmes se soutiennent dans la lutte pour leur indépendance
Avec le soutien de l’ONG CARE, Mon trouve la solution à son problème. Elle crée une association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC)* et se lance dans un projet avec les femmes qui la rejoignent : créer une coopérative de café.
« Nous n’avons pas tout de suite pensé au café » , explique Mon, « car à l’époque, seuls les hommes étaient responsables de sa production. Lorsque CARE nous a aidées à créer une coopérative, nous avons été formées sur la collecte, la transformation préliminaire des grains de café, jusqu’à la production des produits finaux » .
Avec l’aide de l’ONG CARE, Mon a fondé la coopérative de café Ara Tay.
Une compétence manque à la coopérative : celle de choisir les meilleures variétés. C’est ici que Binh entre en scène. Tout juste diplômée, la jeune femme a suivi une formation impulsée par CARE sur le café. Avec tous ces savoir-faire réunis, la coopérative de café Ara Tay se développe rapidement et permet aux femmes qui en font partie de vivre de leur activité entrepreneuriale.
* Créé par CARE il y a plus de 30 ans, le modèle des associations villageoises d’épargne et de crédit permet aux femmes se regrouper. Elles mettent leur argent en commun et se font ensuite des petits prêts entre elles pour créer des petites entreprises et sortir de la pauvreté. Cette méthode est une alternative au micro-crédit qui se base sur la solidarité féminine.
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L’entrepreneuriat féminin pour renverser les traditions sexistes
La coopérative Ara Tay est désormais reconnue au Vietnam et a reçu de nombreux prix pour la qualité de son café. Binh est la principale dégustatrice de café et évaluatrice de sa qualité et est désormais « le nez et la bouche » de cette coopérative.
Aujourd’hui, Mon et Binh subviennent elles-mêmes à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leurs familles respectives. Et contrairement aux traditions, chez cette dernière, c’est Binh qui part tous les jours travailler, tandis que son mari reste à la maison pour s’occuper de leur enfant ! Grâce à l’entrepreneuriat et à l’ONG CARE, Binh et Mon ont suivi leur propre voie et sont une inspiration pour toutes les femmes de leur communauté.
Sources : (1) Statista, 2023 ; (2) International Labour Organization
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