Pour survivre à la violence des gangs armés, les habitants fuient
La capitale, Port-au-Prince, est désormais dominée à environ 85 % par des gangs armés, ce qui entrave gravement l’accès aux services essentiels et restreint la libre circulation des biens et des personnes. « Tout le monde est inquiet, vit dans la peur avec des niveaux accrus de détresse et de traumatisme » , explique Muhamed Bizimana, directeur de CARE en Haïti.
Plus de 362 000 Haïtiens et Haïtiennes ont été déplacés à l’intérieur de leur propre pays, illustrant ainsi l’ampleur de la crise (1). C’est le cas d’un membre de CARE Haïti, qui décrit avoir vu des dizaines d’individus armés faire irruption chez lui, menaçant sa famille, pillant et kidnappant certains de ses voisins. Depuis, sa famille et lui ont abandonné leur maison pour tenter de survivre. « Ces quatre derniers jours, je n’ai dormi qu’entre 20 minutes et une heure par nuit » , décrit-il, alarmé par la situation.
La faim tenaille les populations déplacées à Haïti
Dans ce contexte chaotique et alors que la population ignore ce que lui réserve le lendemain, la faim devient une préoccupation majeure. 1,64 million de personnes sont confrontées à une phase d’urgence de la faim et pourraient plonger dans la famine si rien n’est fait (2).
Les points d’entrée de la nourriture tels que le terminal portuaire de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que les frontières avec la République Dominicaine, sont désormais fermés. « Bien que le pire de la violence ait lieu à Port-au-Prince, toute la population haïtienne souffre de cette situation d’urgence. Cela inclut les habitants des provinces où les chaînes d’approvisionnement et le transport des biens et des personnes sont soit interrompus, soit gravement perturbés par l’accès limité de leurs déplacements et la violence » , explique Muhamed Bizimana. De plus, il est très dangereux pour la population de se déplacer pour trouver à manger : chaque déplacement est synonyme de danger de mort.
CARE continue ses actions d’aide humanitaire sur terrain et appelle à davantage de financements
En 2023, seul un tiers des besoins humanitaires de la population haïtienne ont été couverts financièrement par la communauté internationale. En ce début 2024, seuls 7 % du plan de financement du premier trimestre de l’année a été atteint, alors que les besoins continuent d’augmenter. Et la crise ne se limite pas à la violence et à la faim. Les agressions et les abus sexuels ont également atteint des niveaux alarmants, avec des gangs très impliqués dans ces violences, exacerbant la vulnérabilité des femmes et des filles.
CARE Haïti, malgré les défis sécuritaires, continue de mener des programmes vitaux pour la population. Abner*, chef de projet chez CARE, témoigne de la dure réalité sur le terrain. Il supervise des programmes de sécurité alimentaire à Ouanaminthe, offrant des aides financières et de la formation en nutrition aux familles dans le besoin. Cependant, l’accès limité et les défis logistiques entravent gravement ces efforts. La violence des gangs a rendu ces régions presque inaccessibles, aggravant l’isolement et la précarité des communautés. Nous préparons une réponse spécifique à l’augmentation de ces violences.
N’oublions pas la population d’Haïti.
*Nom modifié pour la protection de la personne
Sources : (1) Nations Unies, 2024 ; (2) World Food Program, 2024
L'action de CARE face à la multiplication des crises
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