Pourquoi Virginia et les femmes sont en première ligne du changement climatique ?
« Il y a quelques années, le climat n’était pas le même qu’aujourd’hui. La saison des semailles se faisait à des dates et des mois précis. Aujourd’hui, il pleut quand il ne devrait pas. C’est la même chose pour le gel. Le changement climatique nous a beaucoup affectés ». À 57 ans, Virginia est en première ligne face au réchauffement climatique. Au cours des dix dernières années, son activité agricole a été confrontée à des sécheresses et à des gelées répétées. Pour elle, cela signifie travailler encore plus pour produire moins.
En Équateur, la plupart des exploitations agricoles familiales sont dirigées par des femmes (1). « Le changement climatique affecte les femmes. » Conséquence ? Plus d’une femme autochtone sur deux vit dans une situation de pauvreté, contre 26,8 % des hommes (2). Face à ce constat, les femmes sont aussi les premières à agir. « Ce sont aussi les femmes qui agissent dans les groupes traditionnels de nos communautés, car les hommes n’y vont pas, ou très rarement. Nous sommes le pilier de nos familles et des communautés » , explique Virginia.
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Virginia protège les ressources naturelles
Il existe donc des solutions portées par les femmes pour faire face aux conséquences du changement climatique. Virginia en est la preuve. Présidente de plusieurs groupes de développement local, elle a initié des actions de protection des ressources naturelles, comme les cours d’eau. Et alors que les ressources en eau douce se raréfient partout dans le monde, l’importance de certains écosystèmes naturels qui jouent un rôle de régulation hydrique est mise en évidence. En Équateur, c’est le cas des landes d’altitudes appelés » páramos andins », qui captent l’eau des pluies et de la fonte des glaciers, alimentent les rivières, et ce faisant approvisionnent en eau les communautés qui vivent en aval.
Virginia aide aussi à la restauration des écosystèmes, notamment avec l’agroforesterie, qui consiste en l’association d’arbres et de culture ou d’animaux d’élevage. Cette pratique a de nombreux avantages. En plus de lutter contre la déforestation, ça préserve la qualité des sols, lutte contre l’érosion et crée des conditions favorisant les rendements des cultures agricoles. Pourquoi c’est important ? Parce que de nombreuses communautés dépendent de la conservation de ces écosystèmes.
Pour aller plus loin, Virginia s’est également impliquée dans l’un des projets de CARE : la toute première école d’agroécologie pour les femmes de sa province dans les Andes. Car si les femmes sont à l’origine d’une grande partie de la production agricole, elles ont moins accès que les hommes aux connaissances, aux biens de production, aux ressources et financements à cause de normes sociales sexistes. Dans nos écoles, les femmes apprennent des méthodes de production agricole respectueuses de l’environnement et aussi plus résistantes aux dérèglements climatiques. « CARE nous aide à cultiver des plantes indigènes plus résistantes au changement climatique. Ils ont réintroduit des connaissances traditionnelles que nous étions en train de perdre, mais que nous récupérons courageusement. » Ces méthodes permettent de contrer les baisses de productions agricoles et donc de lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté. « Je pense qu’avec l’école agroécologique, nous, les femmes, avons été formées pour renforcer nos familles, nos communautés et toutes les personnes qui nous écoutent face au changement climatique. »
Les femmes doivent être entendues par les autorités locales pour renforcer les politiques climat
Virginia travaille désormais avec les autorités locales pour impliquer les femmes dans les politiques de lutte contre le changement climatique. Les initiatives mises en place par Virginia et les autres femmes de sa région démontrent leur rôle essentiel pour faire face à la crise climatique. Et ce n’est pas une exception : la participation à parité – d’au moins 50 % de femmes – dans les groupes décisionnaires rend les politiques de préservation de l’environnement plus efficaces (3). Pourtant les femmes ont du mal à se faire entendre par les autorités locales et internationales.
Les femmes représentaient seulement 35 % des équipes lors de la dernière COP, la conférence internationale sur le climat de 2022 (4) Avec un pouvoir de décision limité, les femmes peuvent difficilement adopter des stratégies efficaces pour se préparer, s’adapter et réagir aux effets du réchauffement climatique. C’est pourquoi CARE forme les femmes à participer aux politiques publiques et crée des échanges avec les autorités locales. « En tant que leaders, nous, les femmes, continuons à aller de l’avant et à diffuser des connaissances pour nous, pour nos enfants. Il est nécessaire que les femmes soient à l’avant-garde. »
Sources : (1) Gobierno del Ecuador ; (2) ONU Femmes, 2023 ; (3) Nature Climate Change, 2019 ; (4) We do, 2023
L’action de CARE contre le changement climatique
CARE est l’un des réseaux humanitaires les plus importants au monde. L’association CARE lutte contre la pauvreté et les effets du changement climatique, en défendant notamment les droits des femmes. En 2022, nous avons aidé 174 millions de personnes dans plus de 100 pays dans le monde. Voici comment :
- Nous accompagnons les populations les plus vulnérables à réduire les impacts des catastrophes naturelles et apportons une aide d’urgence lors d’urgences climatiques
- Nous renforçons leurs capacités à s’adapter aux impacts climatiques sur le long terme, grâce à des techniques agricoles résilientes par exemple.
- Nous participons aux conférences internationales sur le climat afin que les gouvernements mettent en place des politiques ambitieuses contre le changement climatique.
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